Nicolas Sarkozy a baillé
(c’était avant de s’endormir). Nicolas Sarkozy s’est gratté
le nez (cela le piquait). Nicolas Sarkozy a rêvé à
son joli bateau de vacances. Nicolas Sarkozy s’est endormi. Nicolas
Sarkozy a fait de nombreux rêves (secret d’Etat). Nicolas
Sarkozy s’est reveillé. Nicolas Sarkozy a baillé.
Nicolas Sarkozy s’est levé. Nicolas Sarkozy a allumé la
radio. Nicolas Sarkozy a entendu que "Nicolas Sarkozy se
rendrait aux obsèques du marin décédé
dans la collision (…)". Nicolas Sarkozy est allé dans
sa salle de bains (pour se raser). Nicolas Sarkozy a continué
d’écouter la radio : "Nicolas Sarkozy a convoqué
certains des ministres de son gouvernement pour faire le point sur la
situation économique". Nicolas Sarkozy change de radio : "Sinon, aujourd’hui, nous apprenons que Yasmina Reza publie "L’aube, le soir ou la nuit", un ouvrage dans lequel elle raconte sa rencontre avec Nicolas Sarkozy". Nicolas Sarkozy sourit. La journée de Nicolas
Sarkozy ne fait que commencer. Nicolas Sarkozy se pose cette question : "Quand Nicolas Sarkozy va t-il à nouveau entendre parler de Nicolas Sarkozy ?".
(Depêche de l’AFINP – Agence
française-selon-l’identité-nationale de presse).
Une incitation à la réflexion ? Chiche !
« Ce que je veux, c’est demain confier des responsabilités
Il voulait être Président, il le disait, il l’est.
non pas à ceux qui représentent un clan, ou une amicale, mais à celles et ceux d’entre vous qui en ont le plus envie.
Donc, le critère de sélection chez M. Sarkozy, c’est avoir « le plus envie » – plus, plus, gagner plus, plus envie… Donc, il faut considérer que celles et ceux qu’il a choisi, en tant que ministres, conseillers, préfets, ce sont ceux qui « ont le plus envie » ? ! Si c’est lui qui le dit…, c’est donc forcément vrai. Donc, s’il ne vous a pas choisi, c’est que vous n’aviez pas assez envie. M. Sarkozy connait tellement bien les Français qu’il sait celles et ceux qui ont le plus envie… Cela fait sourire.
[…] Ne craignons pas la différence, revendiquons cette différence! Je ne veux pas que vous vous ressembliez tous!
C’est à l’adresse des Umpistes ? Pas facile comme message. Alors qu’il allait être élu, la majorité de ces soutiens bruyants dans les rues arborait des tee-shirts identiques, bleus, tous aves Nicolas (même chose du côté de Ségolène Royal, mais elle n’a pas fait ce genre de discours démagogique); mais soyons plus sérieux, sur le plan sociologique, l’UMP n’est certainement pas « populaire », car ce ne sont pas les ouvriers et les salariés qui ont le plus soutenu activement Sarkozy dans son élection, mais la moyenne et la grande bourgeoisie à qui il a promis de gagner plus – il a tenu sa parole… pour eux !
« Je veux que vous soyiez sincères »
Oulala, là, ca fait mal. On peut parler de la Libye ?
« et par-dessus tout, que vous soyez libres! »
On peut être libre de lui ? Il peut donc cesser d’avoir autant de pouvoirs ?
« J’ai besoin de jeunes libres, pas de jeunes à qui l’on explique ce qu’ils doivent penser! »
Mais c’est un sujet de dissertation de philosophie ! Son présupposé, c’est que la liberté des jeunes dépendrait de leur capacité à penser par eux-mêmes et non pas ce qu’ils doivent penser. Là, cela devient comique, car il est le principal responsable et artisan d’une instrumentalisation d’une partie de la jeunesse qui a été ravie, heureuse, qu’on lui dise ce qu’elle doit penser, et qui est allée répéter partout ce qu’il faut penser sur « le travail, les retraites, l’immigration », etc. En somme, il dit une chose, et il fait et organise son contraire. Chapeau bas, l’artiste.
« Je ne veux pas que vous vous sentiez prisonniers, y compris de ce que je pense moi-même. »
Sémanticien, le Nicolas – et ses plumes du cabinet secret. Je ne veux pas que vous vous SENTIEZ prisonniers – que vous le soyez est une chose, mais que vous le sentiez serait dramatique, puisque vous seriez malheureux alors. Alors que des prisonniers qui se sentent libres… Tiens, cela me rappelle le mythe de la Caverne… Il a eu combien à la dissertation de philosophie au baccalauréat, Nicolas ?
« Il faut comprendre que pour réussir, il faut que chacun d’entre vous se dise ‘Je ne suis pas un spectateur dans l’aventure qui commence, je suis un acteur!' »
Une citation remaniée de Kennedy, une jolie phrase sympathique et creuse à la fois, mais qui touche tout le monde – même si Adolf aurait pu aussi la prononcer, étant donné qu’il a réussi, lui, que chaque Allemand mobilisé pense qu’il était un acteur de ce qui commençait, et même le représentant personnel d’Hitler – si vous n’avez pas lu Hannah Arendt et son compte-rendu du procès Eichmann, il est encore temps. Bref, la conclusion de votre citation veut tout dire et rien dire à la fois. Reste comme je l’ai déjà dit SES ACTES, et non ses discours, et SES ACTES sont contraires à cet esprit ouvert et non sectaire qu’il prétend souhaiter pour la France.