Du rugby, des aristocraties, de la Coupe du Monde, note 1

Du rugby pour l’écriture,
il n’est pas sur qu’il y ait un lien génétique qui
induise de faire de cet autre mot anglais un signe en circulation
dans notre langue, et donc dans notre pensée. Car l’écriture,
projection de formes fixes sur la paroi de notre conscience, tente
d’accrocher dans son énonciation même ce qui dure, sans
compter la durée des traces – et qui peut dire savoir ce
qu’il adviendra des mots des blogs dans les prochaines décennies,
dans les prochains siècles ? Et le rugby évoque un
espace éphémère de mouvements qui ressemblent à
des échanges, et une fois une partie terminée, une
autre commence, d’autres joueurs apparaissent puis disparaissent, …
Spectateur d’un match, chacun est face à sa conscience :
dois-je rester, continuer à regarder, ou aller voir ailleurs
si j’y suis, et, si je reste, que vois-je ? Les amateurs sont
professionnels dès qu’il s’agit d’expliquer les règles,
mais la compréhension des règles conduit-elle à
celle du sens, supputé qu’il existe ? ! Et si la balle cachait
les finalités ? Il faut peut-être alors regarder les
mouvements de ces mâles, et parfois, rarement, de ces femmes
(qui, comme les mémés de la célèbre
chanson de Nougaro, «aiment la castagne»), qui en
viennent à se «rentrer dedans», dans le mille, à
s’entrechoquer, sévèrement mais aussi doucement – car
l’esprit du rugby veut que les chocs, volontaires ou involontaires,
n’aient pas pour objet de faire mal, réellement. Ils ont beau
dire, protester, il faut bien le constater : il s’agit de se frotter,
si ce n’est de se caresser, d’une manière publique, originale,
autorisée, légale, devant les yeux même des
femmes ! Et, parce que la vie est la somme de tous les paradoxes
possibles, ce sont les «gros», réputés les
plus durs, qui s’y collent – au contact, alors que les gazelles des
trois-quart tentent tout de même le contournement. Mais les
«gros» de devant prennent beaucoup de plaisir à
leur mettre la main dessus – et là, le rugby devient
omnisexuel, ni homosexuel seulement, ni hétérosexuel
seulement, puisque, in fine, la métaphore suggère le
désir des mâles pour leurs femmes, aux corps transposés. Le rugby n’est pas un sport, mais une action spirituelle dont l’effet agit, par symboles, consciemment dans l’inconscient; et donc mérite d’être raconté…

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