L’origine, appelle, il
était une fois, once upon a time. Mais lorsqu’un grand homme ou un grand
mouvement naît sans grand témoin, il faut bien avouer
que conter une naissance peut consister à mentir. Alors, si
l’acte de la naissance réel (un jeune Web Ellis qui s’empare d’un ballon de football à la main) est aussi mythique que le vol du
précieux par Gollum, le rugby, jeu de combats avec des règles,
est lui un fait, anglo-saxon, puisque, en 1871, un premier match
international a lieu, sous l’égide de l’International Rugby
Football Board, entre l’Ecosse et l’Angleterre. Et, sur ces terres
anglo-saxonnes, le jeu est adopté par les enfants et les
éducateurs de la noblesse britannique. C’est que le rugby
convient à merveille aux lointains descendants de ces premiers
nobles, nobles parce que guerriers. Et il en ira de même, sans
blasons ni récits épiques familiaux, pour tant d’hommes
du Sud-Ouest de la France, car c’est là, sur des terres qui
ont connu et souffert de la présence anglaise jusqu’à
la fin de la guerre de cent ans, que la greffe française du
jeu va prendre, sans difficultés puisqu’il y a tant de
guerriers «naturels» dans le peuple, puisque, aussi, dans
cette région, la Soule fut, à sa manière, la
première forme de ce qui allait devenir le rugby codifié
par des «seigneurs». Pour la première fois dans l’Histoire, des guerriers sont autorisés à se faire la guerre sous la forme d’un jeu, ne doivent pas blesser leurs ennemis qui sont seulement des adversaires, et ont l’obligation, pour former une équipe, de trouver des gabarits adaptés, de faire jouer, ensemble, des "sujets sociaux" différents, nobles (en France, rarement), grands bourgeois (en France, encore plus rarement), ouvriers, salariés, fonctionnaires. A chaque clocher, son équipe, et les derbys étaient, chaque année, attendus par des centaines d’amateurs. C’est cette ferveur-là qui a le plus disparu ces dernières années. A des milliers de kilomètres, des habitants d’une île, colonisés par ces messieurs les anglais, allaient s’emparer, eux aussi, populairement et librement, du rugby, et choisir une danse-de-guerriers et un poème pour rappeler que le rugby est tout à la fois une… danse, comme un jeu, ainsi qu’une "guerre" dans laquelle vit encore la mémoire de la volonté de mettre à mort son adversaire. Le rugby est tout à la fois hyper-masculin et très féminin…
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