Il faut courir pour cesser de courir. C’est Huis clos, mais ce n’est ni l’enfer ni le paradis. Les Autres sont des soutiens, car même l’adversaire est un support pour gagner, il faut apprendre à s’appuyer sur lui. Ce sont des hommes debout qui s’affrontent, se toisent, au plus proche. Et lorsque la balle sort d’un maul, les gazelles des trois-quart doivent prendre la poudre d’escampette, se faufiler entre les lignes ennemies. Il y a tant de mémoires vitales qui courrent dans le corps et l’âme d’un rugby : la bête de Lascaux qui file dans les vallées, sous le regard de l’Homme, l’Ombre qui approche et attrape et tue, la Résistance contre les ennemis (de la Révolution, de la France). Il faut porter ce ballon ovale, contre le ventre. Pour être son maître, le conflit est inévitable, loi. Mais les vainqueurs ne sont pas les rois de la Terre. Une fois la victoire obtenue, le Rocher de Sisyphe redescend de son sommet, et il faut recommencer, l’éternel recommencement du même différent…
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- Du rugby, des aristocraties, de la Coupe du Monde, le principe de l’essai, note 4
Ce qui me frappe dans cette séquence de jeu, l’essai de Blanco, c’est que les Français se font des passes, plein de passes. Etonnant? En effet, l’équipe deFrance actuelle a oublié cela, du moins en partie.
(et je l’écrivais ici en pointillés http://crisedanslesmedias.hautetfort.com/archive/2007/06/28/chabal-il-fait-mal.html)
depuis le début de l' »ère Laporte », on a fait fait le choix du muscle. Cela sulmine aujourd’hui avec le phénomène Chabal.
Alors que, depuis des années, l’équipe de France n’a pas de vrai buteur.
Et, d’autre part, plus de jeu de passe. Plus de french flair.
C’était la force de la France: pouvoir surprendre à tout moment. Si on croit qu’on va battre les Sud Africains ou les Blacks sur le physique, à mon avis on se gourre.
Bref, les français n’ont peut-être pas perdu la coupe du Monde, mais ils ont un peu bouffé leur philosophie de jeu…
Dans cet essai, il y a deux petits « miracles » pour que cela aille jusqu’au bout, alors que l’essai pouvait être stoppé : Lorieux qui déboule comme un fondu, et alors que Lynagh va se saisir du ballon, un jaillissement de Rodriguez. C’est un essai typique de ce « french flair », en fait de ce coeur donné par chacun et tous ensemble pour marquer; maintenant, ce genre d’essai est, de la part des Français, mais aussi, en général, devenu rarissime, pour plusieurs raisons : les joueurs occupent le terrain d’une manière militaire, parce que leur physique le leur permet, et comme la taille du terrain est toujours la même, il y a moins d’espaces; ensuite parce que nous n’avons plus de magiciens dans les trois quart, mais des bulldozers, hyper-formatés par l’encadrement. Et, effectivement, je pense qu’on est légèrement en dessous des Blacks sur le plan physique, et donc, il paraît difficile de leur contester la victoire finale, surtout que les règles ne sont pas forcément adaptées à l’esprit du jeu ET que l’arbitrage n’est pas toujours à la hauteur, alors que les arbitres devraient être irréprochables (ce que je viens encore de constater dans le match Afrique du Sud-Samoa, au détriment de ces joueurs du Pacifique).