Quand l’un des chantres des responsables du « déclin économique » de la France, Eric le Boucher, fait l’éloge d’un banquier qui promet aux Français et surtout aux plus modestes la baisse du pouvoir d’achat | Slate

Comment se dessine l'avenir du pays? Une
longue décennie de croissance anémique, de chômage persistant, d'horizon bouché
pour les jeunes. Une «japonisation». Les élections verront, à Paris comme à
Tokyo, les gouvernements valser les uns après les autres, sans que cela ne
change jamais rien au lent délitement. Le déclin, dans un climat débilitant de
débats dérisoires sur la TVA du parc Astérix ou sur l'heure à laquelle DSK est
arrivé chez lui place des Vosges.

Aux yeux d'une majorité de Français et de
la classe politique, rien ne paraît encore si grave. La richesse acquise,
immense, permet de subsister encore une bonne décennie en ne changeant qu'à la
marge. La classe politique croit faire son devoir, elle s'estime même
courageuse de faire ce qu'elle peut «vu
l'état angoissé de l'opinion»
. Tout s'abîme, mais tout survit.

D'où l'idée entendue qu'il faut souhaiter
une franche récession. Le réveil salutaire viendrait d'un recul du PIB, d'une
flambée du chômage, d'une dégringolade du pouvoir d'achat. Enfin les yeux des
hommes et des femmes politiques s'ouvriraient sur la réalité. La France au fond
du trou, l'heure serait enfin venue de mettre en oeuvre les politiques de
redressement.

Le mensonge des délocalisations

Espérons que nous l'éviterons. Il n'y a
rien de pire que les politiques du pire. Le populisme qui rôde verrait ses
rangs se garnir. C'est aux partis de gouvernement, PS et UMP, de voir la
vérité.

Jean Peyrelevade, ancien conseiller du
gouvernement de Pierre Mauroy et ancien président du Crédit Lyonnais, la résume
dans son dernier livre:

«La France se berce
d'illusions […] son déclin économique n'est malheureusement pas une vue de
l'esprit. C'est la réalité brute, dure, incontestable, des faits et des
chiffres […] nous sommes en train de consommer les derniers restes d'une
prospérité passée.»

Le mal a trois racines: la dette, la perte
de compétitivité et l'Europe.

Des trois, c'est la compétitivité qu'il
place en tête, c'est inédit et c'est salutaire. Le principal motif d'inquiétude
est là, en effet: que produirons-nous dans vingt ans? La France s'est
désindustrialisée plus vite que les autres pays européens, son commerce
extérieur est sur une pente alarmante.

Dans une plaidoirie pour l'industrie, Jean
Peyrelevade tord le cou à pas mal d'idées fausses (venues de l'extrême gauche)
dont celle des «délocalisations». Des 500.000 emplois directs perdus par
l'industrie depuis dix ans, une part «infime»
a été déplacée en Chine ou ailleurs. L'essentiel a purement et simplement
disparu. Des secteurs entiers sont morts sous les coups de la concurrence
internationale et la France a été incapable d'en reconstruire dans les filières
nouvelles. Pourquoi?

Parce que la recherche-développement est
insuffisante et trop concentrée dans les grands groupes. Parce que l'entreprise
reste mal aimée, en particulier l'industrielle. A cause du coût du travail,
gonflé depuis les 35 heures. D'impôts et de charges trop lourds: 17% du
PIB en France, «soit 6 points de plus que
la moyenne européenne»
. Et, «last but not least», à cause de marges
trop faibles qui briment la capacité d'investissement et interdisent d'aller
investir à l'exportation.

Réinventer la protection sociale

via www.slate.fr

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