Punir et laisser pourrir, le choix risqué de Charest – Libération

«Libérez-nous des libéraux.» Dans une chanson comique et engagée de 2004, les Loco Locass, un trio hip-hop québécois, francophone et souverainiste, réclamait déjà le départ de l’équipe gouvernementale. Sans effet. Au pouvoir depuis seulement un an, les libéraux de Jean Charest se moquaient alors des critiques de «la gogoche». En ce début de millénaire, le mouvement indépendantiste rassemblé dans le Parti québécois (PQ) n’était plus que l’ombre de lui-même. Le Québec semblait avoir renoncé à sa spécificité pour embrasser les valeurs des Etats-Unis.

Magouilles. Une décennie plus tard, le Parti libéral est usé et englué dans les scandales. Les travaux d’une commission d’enquête, qui commence le 3 juin ses auditions publiques sur les magouilles dans le secteur de la construction, devraient éclabousser l’establishment du parti de Jean Charest. Avec ses amis, il a mené une politique à la Sarkozy, coupant dans tous les budgets, et diminuant les impôts des riches. «Prêt, pas prêt / la charrue Charest, acharnée / charcute en charpie la charpente de la maison qu’on a mis quarante ans à bâtir»,chantaient les Loco Locass. Qui appelaient à l’aide. «Faut se ruer dans la rue, au printemps comme une crue / Faire éclater notre ras-le-bol, une débâcle de casseroles / trêve de paroles, faites du bruit ! / Un charivari pour chavirer ce parti.»

Huit ans plus tard, les étudiants sont dans la rue. Et derrière leur rejet des hausses des frais universitaires point celui d’une société libérale à l’anglo-saxonne. Et leur désir de défendre les derniers acquis de la Révolution tranquille des années 60, celle qui a fait du Québec, enfermé sous le double carcan d’un catholicisme francophone conservateur et d’une élite anglophone quasi coloniale, une société moderne. C’est de cette période que date la création d’une série d’universités francophones, accessibles à tous financièrement, qui a permis le développement d’une classe moyenne éduquée dans la Belle Province.

«Ce qui est en question maintenant sont les inégalités, pas seulement les frais de scolarité. Jean Charest a creusé un grand trou dont il sortira difficilement», soulignait vendredi, pour Reuters, Vincent Mosco, professeur de sociologie dans l’Ontario. Jean Charest fait profil bas. Plus question

via www.liberation.fr

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