«Prud’hommes»: «La souffrance au travail touche profondément les gens» – Libération

Agnès. Comment avez-vous fait pour vous immiscer au tribunal? Vous a-t-il fallu de nombreuses autorisations avant de pouvoir tourner? Comment ça s'est passé pour vous?
Stéphane Goël. J'ai eu l'idée de faire ce film en 2003, mais ça n'a pas été possible d'obtenir les autorisations de la part de la Justice. Après plusieurs années de tentatives insistantes, mais aussi à cause de la volonté de la Justice suisse de s'ouvrir, de proposer une transparence, de mettre à jour la réalité du travail de ces différentes cours de justice, la cour administrative, l'organe directeur du tribunal de Lausanne, a défini un certain nombre de règles du jeu. Elle nous a autorisé à filmer les audiences, à condition que toutes les personnes présentes à l'image donnent leur autorisation, et qu'aucun nom d'entreprise ne soit mentionné. Cette autorisation, par contre, ne nous donnait pas accès au dossier de justice. On ne pouvait pas connaître la nature du conflit qui opposait les parties. C'est la première fois, en Suisse, que l'on pouvait filmer des audiences dans un tribunal.

Catherine. Prud'hommes c'est combien d'heures de rushes? en une fois, en plusieurs fois?
Prud'hommes c'est environ 120 heures de rushes tournés sur une période de huit mois. Parce qu'évidemment, les affaires prud'hommales peuvent prendre beaucoup de temps entre une première et une seconde audience. Et aussi parce qu'il nous a fallu beaucoup de temps pour convaincre les différents protagonistes d'apparaître dans le film. On avait au départ imaginé rester plusieurs semaines d'affilée à l'intérieur du tribunal pour capter de manière quotidienne les affaires qui défilaient. Mais, très vite, on s'est rendu compte qu'il fallait procéder différemment, et d'essayer de capter des histoires en amont, avant même qu'elles n'arrivent au tribunal. D'où les séquences tournées à l'inspection du travail, ou dans les permanences syndicales.

Clémentine. Certaines personnes ont-elles refusé d'être filmé? Comment avez-vous géré ces situations?
Les personnes n'étaient pas filmées à leur insu. Notre présence était toujours clairement affirmée sur les lieux du tournage, et tout le monde devait signer une décharge. Pour nous, il était beaucoup plus difficile de convaincre les employeurs, puisqu'aux prud'hommes, dans 95% des cas, c'est l'employé qui ouvre action contre son patron. C'est pour cela que dans le film, certaines personnes n'apparaissent que de dos, elles ne veulent pas être reconnues. Avant la sortie du film, presque tous les protagonistes du film ont pu voir les séquences qui les concernent.

Nic00. Comment le film a-t-il été perçu par les participants? les juges? est-ce que vous avez reçu des retours positifs? négatifs?
On a reçu énormément de retours

via www.liberation.fr

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