Arrêt sur images – Crise grecque : ce qu’on oublie trop facilement

Dans son article de synthèse, intitulé "Du mensonge à l'insolvabilité", Jean Quatremer explique que la Grèce se retrouve au bord de la faillite parce qu'elle a falsifié ses comptes : "En 2000, Athènes est entré dans l’euro en falsifiant ses statistiques. Le gouvernement a reconnu en 2004 qu’il avait divisé par deux son déficit public depuis 2000. Aucune sanction, aucune enquête, aucune réaction des marchés… En octobre 2009, rebelote : le nouveau gouvernement socialiste reconnaît que le déficit ne sera pas de 6 % du PIB, mais 13 %. En réalité, ce sera 15,4 %. Mais, à la différence de 2004, les marchés financiers, ébranlés par la crise de 2007-2008, paniquent."

Les Grecs sont-ils les seuls responsables de la situation ? Lorsqu'on évoque leurs mensonges, il est très rare de voir signalé que les "méchants Grecs" n’étaient pas les seuls à bidouiller leurs chiffres. Pourtant, les faits sont là. Et ils étaient exposés dans notre émission de février 2010 consacrée à la crise de la dette. Sur le plateau (acte 2, 4ème minute), Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation à l'OFCE, expliquait que tous les Etats de la zone euro s'arrangent avec les chiffres pour atténuer leur dette. Exemple de maquillage de comptes ? "Ce qu'a fait le gouvernement italien : vendre à l'avance des recettes fiscales. L'Italie a vendu dix ans de recettes de taxes aéroportuaires ou automobiles", expliquait-il. Même la France tente de faire baisser sa dette artificiellement, détaillait Sterdyniak : "Le 25 décembre, on fait rentrer de l'argent au maximum car les comptes sont clôturés au 31 décembre. On téléphone à de grandes banques et à des entreprises" pour qu'elles fassent les chèques à Bercy "quinze jours à l'avance". Grâce à cette méthode, "on a gagné en 2006 3% de dette publique [en moins, ndlr] et le gouvernement a pu dire que pour la première fois, la dette publique a diminué".

Tous les pays maquillent leurs chiffres donc. Mais à ce petit jeu-là, la Grèce a effectivement fait plus fort que les autres : "La Grèce truande ses chiffres plus que tout le monde, puisque la Grèce n'a été admise dans la zone euro que par la tricherie : elle n'a jamais eu un déficit inférieur à 3% du PIB" (critère déterminant pour entrer dans la zone euro), expliquait Henri Sterdyniak. Mais l'UE l'ignorait-elle vraiment ?  

2- L'Union Européenne a-t-elle été laxiste avec la Grèce… et avec Goldman Sachs ?

Lorsque la Grèce a abaissé artificiellement sa dette en 2001, il n'y a eu "aucune sanction, aucune enquête, aucune réaction des marchés…", écrit Quatremer…sans citer explicitement l'Union Européenne comme la responsable de ce laxisme. Les pays de l'UE étaient-ils au courant ? "Oui, c'était connu", avait expliqué l'anthropologue Paul Jorion sur notre plateau (acte 2), mais seule la presse spécialisée en avait parlé. Selon celui qui avait été un des rares à prédire le déroulement de la crise des subprimes, "ça a été discuté apparemment au niveau des ministres européens, il y a eu un grand débat à l'époque", mais le sujet n'avait pas dépassé le cercle de spécialistes. Comment expliquer ce laxisme ? Sterdyniak expliquait que "jusqu'en 2007 [et la crise des subprimes], personne n'avait le moindre doute sur la solidité de la zone euro", qui, croyait-on à l'époque, pouvait se permettre de tirer vers le haut des économies un peu plus f

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