Luc Ferry n'a pas donné le moindre cours dans son université cette année mais le «philosophe» a trouvé le temps d'écrire pour Servier, le laboratoire du Mediator. En décembre dernier, le professeur mis à disposition de Matignon, comme président du Conseil d'analyse de la société, a en effet publié un édito dans un supplément du magazine La Recherche sponsorisé par le labo.
Comment a-t-il pu se retrouver dans ce «publi-rédactionnel», financé par l'entreprise et doté d'une interview complaisante du grand patron, estampillé du logo du labo? La réponse est instructive, pour ce qu'elle dit du Conseil d'analyse de la société (CAS), ce «machin» créé en 2004, composé de 32 personnalités de la société civile, toutes choisies de manière discrétionnaire, chargé «d'éclairer les choix politiques du Gouvernement». Pour ce qu'elle dit aussi de la propension de Luc Ferry à multiplier les prises de parole à droite à gauche, souvent rémunérées, au risque d'entacher son impartialité.
Dans le cas du «Cahier Servier» de 24 pages, c'est Lucy Vincent, chargée de communication du labo depuis des années, qui a fait l'intermédiaire avec Luc Ferry. «Je lui ai présenté le sujet du supplément, explique l'intéressée. Comme il l'a trouvé intéressant, il a accepté d'écrire un édito.» Comment a-t-elle pu «toucher» le président du CAS? Rien de plus simple: elle y siège, nommée en 2008 par François Fillon. Sur le site du Conseil, sa biographie ne mentionne toutefois pas son job dans le privé et se contente de signaler: «Docteur en neurosciences et pharmacologie». Champion du lobbying et de l'influence, Servier a réussi là un fameux coup.
via www.mediapart.fr