Avec la rentrée
des classes qui approche, l’Education Nationale revient à la
Une, pour bien des bonnes et mauvaises raisons. Depuis plusieurs
années, le primaire et le secondaire sont l’objet d’une
critique et d’un dénigrement systématiques au motif
que, au cours de ces phases d’évolution et d’apprentissage, ce
ne sont pas TOUS les élèves qui réussissent
(dans les résultats scolaires), ce ne sont pas TOUS les élèves
qui, une fois les études terminées, parviennent à
trouver un travail. Confusion inouïe, car les établissements
scolaires, les professeurs et les responsables administratifs, ne
sont pas responsables de la situation économique générale
et du niveau extrêmement élevé du chômage
en France ! Bien des élèves qui deviennent des
chercheurs d’emplois ont été parfaitement formés,
sont parfaitement compétents, mais les offres d’emplois sont
très faibles dans certains secteurs, ou alors les
entrepreneurs refusent d’embaucher des jeunes diplômés
sans expérience, ce qui est, pourtant, une situation pour
laquelle ces mêmes jeunes ne peuvent rien faire, puisqu’il faut
bien commencer un jour ! Ensuite, les résultats scolaires sont
évalués à partir d’un modèle supposé
idéal, les meilleurs résultats des meilleurs élèves,
mais les résultats de ces élèves dépendent
d’un certain nombre de facteurs dont la majorité des élèves
ne bénéficient pas. Dans la loi de reproduction sociale
si bien décrite il y a déjà des lunes par
Bourdieu, les parents qui ont la situation économique la plus
favorable et le cursus scolaire le plus long et le plus diplômé
sont aptes à aider directement leurs enfants, et ne se privent
pas de le faire. Pour autant, leurs enfants ne sont pas
nécessairement, HUMAINEMENT, les individus les plus
intéressants, les plus prometteurs, étouffés par
l’obligation de mimétisme familial, par une culture scolaire
classique éminemment répétitive de la culture
scolaire classique des générations précédentes,
bien qu’elle soit largement datée et «obsolète».
De nombreux enfants et adolescents ont des parents qui ne parlent pas
la langue française à la maison, ou dont la langue
parlée, orale, est très éloignée de la
langue écrite, savante. Or les enfants écrivent comme
ils parlent, sans se soucier outre mesure de la grammaire et des
conjuguaisons, comme Celestin Freinet lui-même ! Le
«bien-parler», académique, parisien, N’EST PAS la
langue française historique et vivante, mais parce que Paris
est le lieu de concentration des pouvoirs politiques, ceux qui en
sont les représentants tentent d’imposer partout leur langage
technocratique, c’est-à-dire aseptisé, logicisé,
plastifié. A l’aune de ce «bien-parler», il n’est
pas difficile de trouver une majorité d’élèves
qui commettent des fautes systématiques, «graves»,
dont le vocabulaire global est faible, MAIS cette situation est aussi
celle de leurs parents (qui ne lisent plus ou presque plus), parents
qui, eux, ne sont pas évalués, et enfin, parce que la
vie sociale est orale, que, désormais, l’audiovisuel domine
les consciences, les élèves parlent le langage qu’ils
entendent, et répètent les fautes qu’ils entendent dans
la bouche des journalistes, des people, … Et, last but not least,
les PROGRAMMES SCOLAIRES sont établis par des universitaires,
prévoient des séquences qui occupent la totalité
de l’année scolaire, et ne laissent pas de temps, n’incluent
pas de temps, pour la lecture et l’écriture. Les professeurs
ne font pas les programmes – ils viennent de la tête de
l’Institution, le Ministère; or, curieusement, ces programmes
ne sont pas cohérents eu égard aux objectifs
recherchés, aux moyens et aux difficultés des élèves,
sans compter qu’il n’y a aucune prise en compte des conditions
requises pour que les études représentent un moment
agréable dans la vie des élèves. AU CONTRAIRE,
les programmes scolaires semblent, volontairement ou
involontairement, il faut bien faire le naïf, être
organisés de manière à effectuer une sélection
entre les élèves qui peuvent supporter l’ennui, la
logique politique de l’obéissance à l’autorité
et à l’endoctrinement, les contre-vérités et les
mensonges officiels, et ceux qui ne le peuvent pas. Du coup, les
«mauvais» élèves ne sont pas nécessairement
mauvais, mais, pour certains, peuvent faire preuve de résistance
au bourrage de crâne quand les «bons élèves»
sont surtout des moutons. Enfin, depuis des décennies, des
méthodes novatrices ont fait leurs preuves : Freinet, par et
pour lequel l’épanouissement de l’enfant vivant était
plus important que sa connaissance d’une culture scolaire classique,
ou celle de Tomatis pour l’apprentissage des langues. Mais, comme par
hasard, le Ministère (avec, à sa tête des
anti-républicains farouches qui ont toujours oeuvré
pour qu’une réelle «égalité des
chances» ne permettent pas aux enfants du peuple d’accéder
aux plus hautes responsabilités, par leurs résultats
méritoires) connaît les résultats de ces méthodes
mais empêchent que leurs éléments d’action ne
soient utilisés d’une manière beaucoup plus vaste. Si
l’Education Nationale conduit à des échecsz, c’est parce que ces
dirigeants sont ou mal intentionnés ou incompétents,
oeuvrent à son affaiblissement, comme le nouveau Ministre
Darcos qui ose, avec le sourire, multiplier les sophismes (11000
suppressions de poste dans l’Education Nationale, c’est la même
chose que dans une entreprise de 100 personnes, le départ d’un
salarié…!), parce qu’il pense sans doute que dans la France
sarkozée et sous la coupe des TF1, plus personne ne pense, par
soi-même, ni sérieusement.
« Le «bien-parler», académique, parisien, N’EST PAS la langue française historique et vivante, mais parce que Paris est le lieu de concentration des pouvoirs politiques, ceux qui en sont les représentants tentent d’imposer partout leur langage technocratique, c’est-à-dire aseptisé, logicisé, plastifié. »
Qu’attends-tu pour faire des fautes d’orthographe, alors, gros malin?
C’est déjà fait ailleurs, petit malin, mais petit…
Bonjour,
De blogs en blogs et intriguée par le titre j’atterris ici…
Il me semble que tu ne fais que survoler le sujet et que tu ne vas pas assez en profondeur. Le problème n’est pas tant celui de la reproduction sociale, car Bourdieu, bien que lucide et parfaitement petit-bourgeois dans son approche, omet (comme la plupart des sociologues) d’autres points qui ne servent en rien ces théories.
En revanche, le point que tu soulèves concernant l’élaboration des programmes par le ministère est pour le coup bien plus intéressant, il faudrait d’abord s’interroger sur le bien-fondé de la politique en matière d’éducation. Hors ce que l’on enseigne à l’école ce n’est pas (plus ?) les rudiments pour pouvoir apprendre à penser par soi-même, à découvrir le goût de la lecture ou encore de l’écriture, mais plutôt une façon de voir le monde, ce qui produit des élèves (pour ceux qui s’y conforment et s’y moulent parfaitement) lisses et « aseptisés » pour reprendre tes termes.
En revanche ce problème n’est pas tant lié à CE gouvernement précis et est bien plus ancien qu’on ne voudrait le penser, il s’aggrave peut-être…
Ce n’est certainement pas les fautes d’orthographe qui vont arranger cela. Pour arriver à dépasser un langage il faut (selon moi) parfaitement le maîtriser pour pouvoir l’imploser…
Je suis assez curieuse de tes propositions.
Pour ce qui est de ton site, j’avoue que j’ai un peu de mal à comprendre ta « fixation » sur l’Irak, Ben Laden and co. Je pense là aussi que tu noies le problème dans des apparences, de simples exemples qui ne représentent qu’une infime parcelle de ce qui se passe ailleurs…
Néanmoins, l’Action Littéraire a de belles envolées que j’encourage, avec un peu plus d’analyse critique peut-être ?
Au plaisir
Je ne fais que survoler le sujet ? c’est une note sur un blog, pas un livre. Evidemment, si je suis parfaitement d’accord sur le fait que « ce que l’on enseigne à l’école ce n’est pas (plus ?) les rudiments pour pouvoir apprendre à penser par soi-même, à découvrir le goût de la lecture ou encore de l’écriture » et que « ce problème n’est pas tant lié à CE gouvernement précis et est bien plus ancien qu’on ne voudrait le penser », il n’empêche que ce gouvernement, plus encore que les précédents, va se faire l’artisan d’un conservatisme bourgeois par lequel nous pouvons être certains qu’aucune réforme de valeur ne sera mise en mouvement, alors qu’il soutient les discours et les théories sur les échecs scolaires et éducatifs de l’Education Nationale. Si je peux souscrire à cette conviction selon laquelle « Pour arriver à dépasser un langage il faut (selon moi) parfaitement le maîtriser pour pouvoir l’imploser… », il n’empêche que la logique réactionnaire en faveur d’un académisme jamais satisfait par les usages et les capacités orales et écrites des jeunes gens dissimule le fait qu’aucune langue même bien parlée et écrite n’entraîne une conscience parfaite des choses, des réalités et des problèmes, et que, écrit en phonétique, une phrase et une idée peuvent être géniales. Dans quelles domaines en particulier me demandes-tu si j’ai des propositions à faire ?
Quant à l’Irak, Ben Laden, etc, je veux bien reconnaître que je fais une fixation – parce que je constate que dans nos pays « civilisés », « on » ne fait pas de fixation dessus. Or, outre le fait que je constate que cet individu et ses esclaves conditionnés commettent dans de nombreux pays du monde d’atroces crimes sur des civils, je constate également que ces crimes continus ne suscitent pas réellement de fixation de la part de mes compatriotes. Est-ce je fais une fixation-obsession maladive ? Je crois plutôt que mes compatriotes sont dangereusement insouciants, parce que leur niveau de vie est si élevé (par comparaison avec le reste de la planète), et parce que les médias travaillent à les endormir chaque jour, ils ne se rendent pas compte que des millions, des centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants « vivent » dans des conditions dramatiques, et que certains parmi eux développent une telle haine qu’ils sont capables de suivre n’importe quel malade mental, Ben Laden en tête (en plus des menteurs). Il se trouve que j’ai commis un essai, intitulé « Dieu sans religions » dont la deuxième partie s’intitule « suivie d’une Lettre à Oussama Ben Laden ». Car je crois que l’une des causes des tragédies mondiales que nous connaissons consiste dans l’absence de dialogues, même indirects; et qu’il est important de répondre à ce genre d’individus qui se prétend musulman, qui pretent agir au nom de Dieu, etc.
Je ne sais pas en quoi je « noie le problème dans des apparences, de simples exemples qui ne représentent qu’une infime parcelle de ce qui se passe ailleurs… », mais je serai ravi de le comprendre !