Polémiques avec Bernard Girard, professeur d’Histoire en collège, à propos de Robespierre, la Révolution, l’occupation allemande entre 40 et 44, la Résistance, la Collaboration

Pour celles et ceux qui sont professeurs d'Histoire, plusieurs obligations s'ajoutent les unes aux autres : il faut trouver les mots pour raconter, les faits, les évènements, les tragédies, les hommes, les femmes; il faut à la fois exprimer des valeurs, des jugements, collectifs, et si nécessaire, les interroger, les problématiser; il faut compléter ses connaissances régulièrement, dans la mesure où l'épaisseur de la Mémoire que nous avons/sommes évolue, se reconstruit, s'épaissit et doit se reconstruire au fur et à mesure qu'elle augmente; et il faut aussi débattre de ce qui, dans cette Histoire humaine, est en soi, problématique, parce que, difficile, dangereux, grave. Autant dans un cours de Français, la lecture et le travail sur un texte peuvent, à cause du texte même, susciter une atmosphère ludique, autant dans un cours d'Histoire la gravité des faits oblige à la narration la plus exacte, l'honnêteté intellectuelle, jusqu'à affronter les critiques qui voudraient relativiser ou imposer des valeurs inverses, comme entre la Résistance et la Collaboration. La massification et la généralisation sont des dangers fondamentaux pour cet exercice de compréhension/narration. Et lorsqu'il faut parler de la Résistance et de la Collaboration, phénomènes historiques dont la condition de possibilité aura été l'émergence et l'influence du Nazisme en Europe, ces dangers fondaient même ce mouvement, qui a massifié et généralisé, dans ses discours, ses comportements, ses projets. Un professeur d'Histoire d'une France Républicaine en 2013, au sein d'une Europe "pacifiée" lutte donc, à sa manière, contre le Nazisme, ses rejetons et ses cousins monstrueux. Ce n'est donc pas l'Allemagne qui a voulu et imposé la guerre au monde, mais DES Allemands, les Nazis. Les Allemands n'étaient pas des Nazis, puisqu'un nombre considérable d'entre eux s'y opposèrent, avant et pendant l'influence de ce pouvoir criminel. Et ainsi de suite pour les autres peuples, dont les Français. Les Français ne furent ni majoritairement collaborateurs ni majoritairement résistants. M. Girard, lui, fait des sacs : il met tout le monde dans le sac de la "collaboration", ou de la "Terreur" lors de la Révolution. Mais dès lors, ce n'est pas de l'Histoire qu'il parle, transmet : c'est une fiction qu'il met en oeuvre. Mais lorsque le public est composé d'adultes, qui écoutent si et ce qu'ils veulent, une telle "fiction" relève de la liberté du narrateur. Lorsque ce public est composé de jeunes citoyens, qui écoutent, parce qu'ils le doivent, et qui se forment tout autant qu'ils s'informent ainsi, une telle fiction est très problématique. C'est pourquoi, ci-dessous, vous retrouvez les commentaires que nous avons échangé, suite à la parution d'un texte, colporté par Rue89. Le texte est à lire ici. Seuls les commentaires sont reproduits, notamment au cas où il les supprimerait plus tard, avec son texte. A chacun de se faire son avis sur ses "arguments" et ceux que je lui ai adressé, auxquels, la plupart du temps, il n'a jamais répondu.

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JC : C'est assez comique que vous mettiez en cause la "leçon" du Ministre,
alors que vous lui faites la leçon. Et ce que vous dites sur la
Révolution Française, Robespierre, est, pour un professeur d'Histoire,
dramatique, puisque vous colportez les mensonges, il est vrai fort
répandu, sur l'Incorruptible. Les "manuels" d'Histoire, officiels et
officielle, colportent eux-mêmes ces mensonges, mais un professeur
d'Histoire, républicain, doit-il les répéter ? Robespierre n'a ni voulu
ni dirigé la "Terreur". Elle a été une arme élaborée contre lui, qu'il a
subi, dont il a suivi et dénoncé les dérives. Chez les spécialistes de
la Révolution, de Robespierre, il y a eu des évolutions sensibles, et
désormais ceux-là ne lui adressent plus ces reproches colportés par les
"Thermidoriens", les assassins de Robespierre qui se sont chargés depuis
deux siècles de mentir sur lui, tant ce type d'homme politique leur a
fait peur. Un des principaux dirigeants de la "Terreur" est Barère, mais
qui connait Barère ? Robespierre a contribué à faire voter la fin de
l'esclavage – ce que les propriétaires dans les îles ne lui ont pas
pardonné; il a proposé que les Révolutionnaires abolissent la peine de
mort, mais il n'a pas été écouté, et l'aurait-il été, la "Terreur"
n'était plus possible. Et la "Terreur blanche", pourquoi n'en
parlez-vous pas ? Et les crimes des Anglais contre les Irlandais à la
fin de ce même siècle où ils ont assassiné et fait mourir 100 fois plus
de personnes que sous "la Terreur" ? Et qui a été le plus guillotiné
sous "la Terreur" ? Instinctivement, sans connaissance, chacun
répondrait, répond, "Les nobles". Erreur : ce furent les paysans et les
ouvriers. C'est le "Comité de Sûreté Générale" qui a piloté la Terreur.
Et Robespierre n'en était pas membre, et il était même en conflit avec
ses membres ! http://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_de_s%C3%BBret%C3%A9_g%C3%A9n%C3%A9rale

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BG : Mais bien sûr : au 21e siècle, si l’on n’est pas fervent admirateur de Robespierre, c’est que l’on est soi-même chouan. Cqfd…

Pourquoi est-ce que je n’évoque pas la Terreur blanche, ou les
massacres anglais en Irlande ou encore les massacres de Sétif ou je ne
sais quoi d’autre ? Tout bêtement parce que Peillon n’en a pas parlé
dans sa leçon d’histoire et, plus simplement encore parce que ce n’est
pas le sujet qui était, je me répète : par son histoire, la république
française peut-elle se vanter d’être un modèle ? Pour moi, la réponse
est non. Et le triste spectacle que ce pays vient encore de donner ces
jours-ci dans ses relations aux Roms ou aux Arabes (pardon aux
Musulmans…), aura du mal à me faire changer d’avis.

Mes modestes compétences d’historien en comparaison des vôtres – je
ne suis qu’un modeste prof d’histoire – ne m’autorisent pas à m’attarder
sur le cas de Robespierre : rentré au Comité de salut public en juillet
1793, il n’a donc aucune responsabilité dans la politique menée jusqu’à
sa mort un an plus tard. Une dénégation qu’on retrouve de façon
systématique lorsque la république, précisément, cherche à se dédouaner
de ses crimes et des tares : la torture en Algérie, les essais
nucléaires dans le Pacifique et j’en passe.

Sur le fond, je vous avouerai que les hommes providentiels ne m’ont
jamais beaucoup intéressé, parce que je ne crois pas qu’ils soient les
moteurs de l’histoire, encore moins des modèles pour les enfants des
écoles et aussi parce que j’ai tendance à penser, pour reprendre la
formule de Victor Hugo que « les héros ne sont qu’une variété de
l’assassin : si tuer est un crime, tuer beaucoup ne peut pas être une
circonstance atténuante. »

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On comprend mieux vos difficultés avec Robespierre et plus largement la
Révolution Française si vous êtes comme là systématiquement manichéen :
"Mais bien sûr : au 21e siècle, si l’on n’est pas fervent admirateur de
Robespierre, c’est que l’on est soi-même chouan. Cqfd… " Nul besoin
d'être "chouan". Bien des citoyens qui se disaient ou se disent "de
gauche" colportent ce genre de mensonges et d'âneries sur Robespierre.
Vous, vous êtes prof d'Histoire. Cela devrait faire une différence. En
deux siècles, la "République" est un régime qui a seulement commencé à
partir de 1871. Beaucoup oublient la longue "réaction"
anti-révolutionnaire : du régime de Bonaparte, membre du triumvirat,
jusqu'à la fin de celui du "petit" comme l'appelait Hugo. Plus de 70 ans
pendant laquelle la République a été niée. Et lorsqu'elle est revenue à
la vie, elle a été dirigée par des grands bourgeois, des hommes
d'affaires, les héritiers des Thermidoriens qui ont assassiné
Robespierre. Alors, oui, "en effet," notre République n'est pas un
régime parfait, ni dans ses principes fondamentaux, ni dans son
Histoire, et elle aura été d'autant moins un régime parfait que les
intentions et les actions d'un Robespierre et de ses amis ont été niées
par les "Thermidoriens". Dans la III République qui fut en fait la vraie
première, puisqu'il n'y pas de véritable régime politique sans durée,
les vrais républicains n'ont pas pu empêcher ni la colonisation ni la
guerre. Et après 1945, la dite Tragédie a continué. Robespierre a fait
des choix CONTRE TOUT CELA. Un prof d'Histoire peut-il se permettre de
donner dans l'hypocrite modestie "je ne suis qu'un…" ? Pour devenir
professeur d'Histoire, il faut faire des études universitaires, passer
un concours. Tout professeur d'Histoire se cultive – la différence se
fait dans les degrés, un peu, beaucoup, … Vous êtes donc vous aussi un
professionnel de la Mémoire collective, et c'EST EN TANT QUE TEL que
vous travaillez, vous exprimez, que vos élèves vous écoutent. Il me
semble donc que dans ce métier, il y a une obligation de formation
permanente. Il y a tant à apprendre, à la fois sur les mondes et les
périodes que nous ne connaissons pas bien, et même sur les périodes que
l'on connaît mieux. Sur la Révolution Française et Robespierre, il y a
des ouvrages remarquables qui existent, écrits par des historiens
professionnels : http://www.amazon.fr/1789-silence-pauvres-Henri-Guillemin/dp/2868197698/ref=pd_sim_b_1 http://www.amazon.fr/Robespierre-politique-mystique-Henri-Guillemin/dp/2868197671/ref=sr_1_4?s=books&ie=UTF8&qid=1375434221&sr=1-4&keywords=henri+guillemin http://www.amazon.fr/Robespierre-probit%C3%A9-r%C3%A9voltante-C%C3%A9cile-Obligi/dp/270115331X/ref=sr_1_4?s=books&ie=UTF8&qid=1375434352&sr=1-4&keywords=robespierre http://www.amazon.fr/histoire-R%C3%A9volution-fran%C3%A7aise-Eric-Hazan/dp/2358720380/ref=sr_1_5?s=books&ie=UTF8&qid=1375434400&sr=1-5&keywords=la+r%C3%A9volution+fran%C3%A7aise http://www.amazon.fr/R%C3%A9action-thermidorienne-Albert-Mathiez/dp/2358720127/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1375434460&sr=1-2&keywords=mathiez http://www.humanite.fr/tribunes/portraits-de-robespierre-sans-haine-ni-caricature-515682 http://www.amis-robespierre.org/fr/biographie-thermidor.htm
Vous
écrivez "rentré au Comité de salut public en juillet 1793, il n’a donc
aucune responsabilité dans la politique menée jusqu’à sa mort un an plus
tard" Et vous prenez en compte le fait que c'est le comité de sûreté
générale qui dirigeait réellement "la Terreur" ou ? Le fait qu'au sein
du Comité de Salut Public, Robespierre a défendu des limites au droit
exceptionnel ?

A lire ce texte utile, dont je donne un extrait :
"Peter McPhee
est également attentif au nombre de signatures apposées par Robespierre
et au nombre de discours qu’il a prononcés. Régulièrement, il les cite
soit comme preuves de l’innocence de son personnage — absent notamment
lors des exécutions en masse du printemps 1794 — soit comme signes de
fatigue et de repli sur soi. Il étudie également l’œuvre accomplie par
Robespierre au Bureau de Police générale entre mai et juin 1794, et
découvre seuls trente décrets de sa main, mais rarement un ordre
d’arrestation. L’Incorruptible exige plus de preuves, réfute l’anonymat,
et renvoie les dénonciations à qui de droit (p. 192). Seule exception
notoire : la Cabarrus, dont « il faut réunir toutes les pièces à
conviction » [12]. L’auteur n’oublie pas non plus de noter les
références privilégiées de Robespierre : 119 références à la vertu
contre 28 seulement à la terreur (dans les discours de novembre 1793 à
février 1794). Encore pourrait-on ajouter que son usage de la notion de
terreur est rarement pris dans un sens « actif ». Par terreur il peut
tout aussi bien indiquer la terreur infligée aux amis de la liberté par
les contre-révolutionnaires ou celle que suscitent ses ennemis
personnels aux députés de la Convention — notamment après messidor an II
quand circule la liste de ses prétendues victimes à venir, stratégie
que Robespierre qualifie lui-même de « système de terreur ». La Terreur
mise en œuvre par la Révolution, à l’inverse, est pour lui synonyme de
justice (comme dans le fameux discours du 5 février 1794 : une « justice
prompte, sévère, inflexible »). Pour comprendre le sens précis du
terme, force est d’examiner le contexte dans lequel il est employé.
Rares sont les historiens qui s’y sont attachés. De là une confusion
certaine."

http://www.laviedesidees.fr/L-epuisement-de-Robespierre.html

 

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Merci pour toutes ces informations qui, mises bout à bout, auraient
tendance à nous faire croire que Robespierre n’a finalement joué aucun
rôle dans l’histoire.

Votre chronologie de la république est quand même curieuse : vouloir
à toute force la faire partir de 1871, en oubliant celles de 1792 et de
1848. J’observe d’ailleurs que la Seconde république est singulièrement
mise à l’écart dans la mythologie républicaine, peut-être parce qu’elle
n’a pas été spécialement doctrinaire, crime impardonnable sans doute,
aux yeux de certains. S’il n’y a pas de « véritable régime politique
sans la durée », c’est oublier la période 1940-1944, qui ne fut pas
spécialement « républicaine » et qui n’est pas une parenthèse dans
l’histoire de la France.

Sur le fond, mais je me répète, je ne crois pas que les droits de
l’homme – dans leur sens actuel – remontent à un moment précis dans un
pays précis qui les aurait vu naître. C’est une notion qui remonte à
loin dans le temps et dont la construction a été en permanence freinée
par des états parmi lesquels, très souvent l’état républicain en France.
La référence qui y est faite par les politiciens relève davantage, à
mes yeux, de l’orgueil national. Vu sous cet angle, l’intervention de
Peillon auprès de jeunes enfants tient du bourrage de crâne.

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Vous
rendez vous compte que vous confirmez à chaque fois votre manichéisme
généralisateur ? Il suffit que je vous apporte des éléments qui prouvent
que Robespierre n'a ni voulu ni dirigé personnellement la "Terreur"
pour que vous en concluiez que selon moi, "Robespierre n’a finalement
joué aucun rôle dans l’histoire". C'est dramatique, cette perception du
monde et de l'Histoire, du "Tout ou rien". Bien sur que Robespierre a
été un acteur majeur de la "Révolution", mais pas le dirigeant de la
"Terreur". Seul un tel dirigeant pourrait être dit "avoir joué un rôle" ?
Quelle conception pour les acteurs "subalternes", qui sont néanmoins si
importants ! Concernant la République, j'ai bien écrit que pour moi la
3ème est la vraie 1ère, parce qu'un régime a besoin de temps, ce qui
veut donc dire que je n'ignore pas l'existence des 2 1ères ! et en effet
la seconde a été importante, puisqu'elle a entre autres choses connu le
vote de l'abolition de l'esclavage – (soutenue par Robespierre, je le
répète, pendant la Révolution). Entre 40 et 44, nous avons un régime de
collaboration, anti républicain, et qui est une "parenthèse" dans
l'Histoire de la France, puisque les Français étaient occupés et ne se
dirigeaient pas eux-mêmes – les Pétainistes et leurs amis étant les
nazis français qui délestaient leurs amis nazis d'une partie du travail
de gestion du pays, ce dont ils les remerciaient vivement. La majorité
des Français n'est pas coupable de cette occupation criminelle. Ils
l'ont subi. Ils ont perdu des centaines de milliers d'hommes, de femmes,
d'enfants (les morts au combat en 1940, les prisonniers qui ne sont
jamais revenus, les résistants assassinés, les femmes violées et
assassinées, les enfants victimes des combats ou assassinés parce qu'ils
étaient juifs). Bien des Allemands (et là encore pas une majorité) ont
voulu et soutenu le Nazisme. Les Français, non. C'est une "parenthèse" :
on appelle cela un cauchemar. Un pays livré à des assassins – le
"régime" qui soutient cela, vous ne le considérez pas comme une
parenthèse dans l'Histoire du pays ? Pour revenir au discours de M.
Peillon, il est solennel et lyrique, comme le sont tous les discours de
ces représentants de l'Etat dans une telle situation. Il y a quelque
chose d'intéressant dans son propos : cette référence, inédite pour un
Ministre de l'Education Nationale, à Robespierre, se prolonge par son
propos sur "le droit à la subsistance", "vaincre l'indigence", et cela
renvoie précisément à la Constitution de 1793, constitution
robespierriste qui précisément, a affirmé le droit à la vie sociale et
économique, par les conditions nécessaires. Après, comme avec n'importe
quel élu, ou n'importe quel représentant d'un gouvernement, de tels mots
peuvent être énoncés parce qu'ils sont meilleurs que d'autres, ou que
leurs opposés, et après, ce ne sont que des mots… Les vrais
républicains ne permettent pas ce cynisme là. A nous de les prendre aux
mots !
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/les-constitutions-de-la-france/constitution-du-24-juin-1793.5084.html

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Bon, pour faire court avec Robespierre : y a-t-il une seule mesure
positive à mettre à son actif et sur laquelle nous vivons aujourd’hui ?
Comme ce n’est sûrement pas le cas, à quoi bon en faire l’objet d’un
discours devant des enfants de 10 ans ?

Pour ce qui est de la Deuxième guerre mondiale, il est probable que
nous ne trouverons pas à nous accorder : la France de Vichy n’est pas
une parenthèse et les Français de l’époque ont massivement collaboré au
nazisme. En juillet 1940, comme vous le savez, seuls 80 parlementaires
sur 649 ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain : c’est bien la
Troisième république qui a fait le lit de Vichy. Le statut des juifs,
c’est bien Vichy, les rafles de Juifs, c’est bien la police française,
les camps de Pithiviers,Beaune-la-Rolande, Drancy étaient bien gardés
par la police française, sous le regard des braves gens qui n’y
trouvaient rien à redire.

Que ce soit un historien américain, Robert Paxton (« la France de
Vichy »), qui, dès 1973 ait commencé à travailler le sujet est
révélateur de la longue période de réticence pendant laquelle les France
a refusé de se voir en face.

De la même façon, c’est à un historien israélien, Zeev Sternhell que
l’on doit la réflexion la mieux étayée sur les origines françaises du
fascisme. Voir par exemple : « Ni droite ni gauhe. L’idéologie fasciste
en France », Gallimard, 2012. La France de 1940-1944 est bien sortie en
ligne directe de la Troisième république.

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Décidément, je vous confirme, ce sera l'un de rares points d'accord, que
nous ne serons pas d'accord : non, les Français n'ont pas "massivement"
collaboré. Massivement, cela signifierait que cela aurait été le fait
de la majorité. Tous les éléments dont nous disposons (documents,
témoignages, etc), prouvent que cette collaboration a été active, de la
part de cette importante population française, catholique, antisémite,
mais ces gens là ne formaient et ne forment pas une majorité. Concernant
le vote des pleins pouvoirs, vous colportez LA ENCORE les raccourcis ET
les omissions véhiculés par les "grandes" écoles (hé oui, c'est que les
professeurs de ces établissement "apprennent" aux jeunes, à
Sciences-Po, etc) : un, les communistes ne siégeaient pas, ils étaient
exclus de tout mandat depuis plusieurs mois, deux, des parlementaires
n'étaient pas présents, et TROIS, ce sont les sénateurs, majoritairement
de droite, qui ont soutenu le plus activement le vote des pleins
pouvoirs. Mais là encore, vous ne prenez pas en compte le maquis de ces
faits, vous globalisez en simplifiant. Cette phrase de jugement vous
juge tout autant : "les camps de Pithiviers,Beaune-la-Rolande, Drancy
étaient bien gardés par la police française, sous le regard des braves
gens qui n’y trouvaient rien à redire. " Les camps n'étaient pas "sous
le regard" des citoyens, et si des "braves gens n'y trouvaient rien à
redire", beaucoup y "trouvaient à redire", mais ceux-là, vous les faites
disparaître. Robert Paxton a été un historien qui a en effet travaillé
sur le régime pétainiste, et dont les travaux ont été médiatisés, plus
facilement parce qu'il était américain, mais des historiens français
avaient travaillé sur cette période avant lui, sans que leurs travaux
soient autant médiatisés. Il ne faut pas oublier que les Pétainistes ont
su se placer dans tous les gouvernements d'après 45, et plus encore
sous De Gaulle. La censure contre ces travaux d'historiens français,
d'autant plus s'ils étaient communistes, a été constante. "La" France
entre 40 et 44 ne se réduit pas au régime de collaboration. C'est votre
méthode constante : écarter, simplifier.

J'ajoute que concernant les parlementaires qui ont voté les pleins
pouvoirs, face à ceux qui les ont refusés et ceux qui se sont abstenus,
la qualification de "chambre de Front Populaire" est scandaleuse en
fonction de ce que j'ai rappelé : communistes interdits de, sénateurs de
droite majoritaires. C'est le centre-droit (ah, Daladier…), la droite
et une minorité de la gauche SFIO qui ont voté en faveur de ces pleins
pouvoirs. "L'uchronie" permet d'envisager d'autres scénarios, qui
étaient possibles mais qui ne se sont pas produits : l'arrestation de
Pétain à Bordeaux, un gouvernement avec Mandel et d'autres, en France ou
en Afrique du Nord.

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Même en ajoutant les communistes, 80 sur 649, ça ne fait pas une majorité.

De même que les catholiques, plus les antisémites, ça faisait à l'époque, une très large majorité. Ceci expliquant cela.

Quant aux camps de concentration en France même, désolé mais on n'a
jamais vu nulle part la population locale s'y opposer. Pithiviers,
Drancy, Beaune-la-Rolande : des enfants expédiés vers Auschwitz, d'autre
mourant de faim, dans des camps situés en plein milieu de ces villes.
La réalité de l'époque c'est celle d'un pays lâche ou indifférent. Un
peu comme aujourd'hui d'ailleurs…

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72
communistes écartés, 212 sénateurs ayant voté pour. Non, cela ne
faisait pas une majorité : j'ai parlé des catholiques, mais évidemment,
il s'agissait des catholiques intégristes, les plus pratiquants; les
autres n'ont pas collaboré du tout, et certains ont même été engagés
dans la Résistance. Quant aux antisémites, vous voulez nous faire croire
que la majorité des Français étaient antisémites ? Vous êtes
ridicule… Vous faites partie des personnes qui usent et provoquent des
anachronismes. Donc, je ne m'étonne pas que vous compariez cette époque
à celle actuelle. Or entre les deux, il y a les moyens et la
circulation des informations. Les Français avaient compris que les
occupants, allemands et nazis, étaient dangereux, qu'ils traquaient
juifs et communistes, qu'ils en assassinaient. Mais qui en France
savaient pour les camps à partir de 41 ? Qui savaient sur "la Shoah par
balles" avant 41 ? Vous jugez beaucoup et mal les gens. Mais évidemment,
vous êtes sans doute un être exceptionnel, à l'écart de tant
d'imperfections…

Et les 27 du Massilia, bien entendu : http://www.memoire-net.org

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Donc, la Terreur, la Shoah, c'est la faute à personne…

Comme une bonne partie de votre commentaire consiste en digressions
déplacées à mon encontre, ça ne me donne pas envie de poursuivre.

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C'est reparti pour un tour : ou tout ou rien. La Terreur : cf la liste des membres du Comité de Sûreté Générale.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_de_s%C3%BBret%C3%A9_g%C3%A9n%C3%A9rale

La Shoah, sans responsables ni coupables ? Vous n'êtes pas sérieux ?
Je vous mets en cause sur le fait que vous insultez des hommes, des
femmes, des peuples qui, dans leur majorité, ne sont pour rien dans ce
qui s'est passé, ont même subi, et vous retombez dans votre travers ?Je
comprends que vous n'ayez pas envie de poursuivre : vous n'avancez pas
des arguments, mais des sentiments. Je vais me faire un plaisir de
parler de cet échange sur mon blog.

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