Si vous pensez que le label « commerce équitable » rémunère à son juste prix des petits producteurs, vous êtes dans une vision « simple et idyllique ». Celle qu’avait Donatien Lemaître avant de réaliser le film « Le Business du commerce équitable », diffusé ce mardi soir à 22h25, sur Arte.
Après avoir enquêté au Mexique, en République Dominicaine et au Kenya sur la face cachée de Max Havelaar et de Rainforest Alliance, le journaliste avoue sa « déception », lui qui trouvait profondément belle l’intention de départ. Quarante ans après sa naissance dans la mouvance tiers-mondiste, le commerce équitable est en partie devenu un « commerce de l’équitable ».
En République Dominicaine, île des Caraïbes qui fournit 33% des bananes équitables de la planète, des producteurs labellisés Max Havelaar emploient – pour ne pas dire exploitent – des clandestins haïtiens.
Certifiée commerce équitable depuis 2000, la coopérative Banelino [PDF], dirigée par une Néerlandaise, paie ses travailleurs sans-papiers 5 euros par jour (un peu moins que le salaire minimum recommandé en juillet 2013).
Face à une caméra qui a su se faire discrète, ceux-ci disent : « On ne ne peut pas parler devant le patron », et surtout :
« On ne sait pas ce que c’est le commerce équitable. »
Après la diffusion, Arte a mis en ligne le documentaire en entier :
L’organisme certificateur FLO, ainsi que Max Havelaar, ont refusé de s’exprimer devant la caméra, mais le réalisateur confirme :
« Selon comment vous définissez le commerce équitable, il ne se limite pas aux petits producteurs. Le label est accordé à de grands propriétaires terriens, même si ce n’est pas connu des consommateurs. »
Quant aux « forçats de la banane » ? « Ils se font payer leurs heures supplémentaires, ont une couverture santé et retraite, donc le patron a une politique sociale », résume Donatien Lemaître.
Des marges plus élevées pour les supermarchés
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via www.rue89.com