En France, les 1% les plus riches
possèdent 24% de la richesse du pays tandis que les 50% les moins bien lotis
n’en possèdent que 6%. Mais il ne suffit pas de rappeler ces chiffres pour
prendre la mesure de la crise historique de l’égalité dont Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France (voir sa biographie ici), fait la description
et la genèse dans son dernier ouvrage, La Société des égaux (Seuil).
Parce qu'«on n’a jamais autant parlé de ces inégalités et, en même temps, aussi
peu agi pour les réduire», constate l’historien. Et car cette crise
n’est pas seulement arithmétique et économique, mais aussi sociale et
démocratique, puisqu’elle sape les fondements d’une vie commune.En remontant à
l’origine révolutionnaire de l’idée d’égalité, Pierre Rosanvallon exige de la
gauche une autre révolution pour construire une société des égaux, qui passe
par le dépassement des cautères sociaux que sont l’égalité des chances,
l’équité, la justice distributive ou la méritocratie.
Ecoutez l'entretien avec Pierre Rosanvallon en intégralité
Votre livre remet l’égalité au cœur d’un projet politique. Vous en
faites la pierre de touche de la cohésion sociale mais aussi la vertu
cardinale de la démocratie. Ce concept d’égalité n’a-t-il pas, pourtant,
été supplanté par celui d’équité ?Ce débat égalité/équité est un débat interne à la question de la justice
distributive. Doit-on donner la même chose à tout le monde ou doit-on
tenir compte des différences de situations ? Les théories contemporaines
de la justice sont effectivement des théories de l’équité : pour elles,
la vraie justice n’est pas de donner la même chose à chacun mais de
donner à chacun en fonction de ses besoins. Il s’agit de différencier la
distribution selon les besoins des gens et leurs facteurs
d’investissement personnel. Ces théories de la justice mêlent donc
différenciation des besoins et différenciation des talents et des
mérites.Ce débat s’est donc polarisé sur
via www.mediapart.fr