La France pourrait-elle avoir son Anders Behring Breivik? | Slate

Quelques jours après l’attentat contre le siège du gouvernement et
de la fusillade sur l’île d’Utoya, Jacques Coutela, candidat du FN dans l’Yonne postait sur son blog baptisé La valise et le cercueil un texte faisant
l’apologie d’Anders Behring Breivik, le suspect présumé des attaques en
Norvège. Dans son billet, l’élu qualifiait le Norvégien de «résistant», d’«icône»,
de «premier défenseur de l’Occident»
et de «Charles Martel 2».

Quelques heures
après ce post, Marine Le Pen, par l'intermédiaire de son secrétaire général
Steeve Briois
, suspendait
le candidat
. Un recadrage rapide mais qui n’a pas empêché de poser la
question: la France pourrait-elle connaître un attentat semblable à ce qui s’est
produit en Norvège? Le climat politique français pourrait-il donner naissance à
un terrorisme d'extrême droite?

Pour Erwan Lecoeur, sociologue et politologue spécialiste de
l'extrême droite, «il y a clairement une
montée de ces mouvement extrémistes. On le voit avec l’accaparation par la
scène politique de thèmes chers au FN comme le triptyque frontiste qui consiste
en la liaison des concept de chômage, insécurité et immigration. Le président
Sarkozy a d’ailleurs, avec le discours de Grenoble, aidé à populariser et à
rendre visible ce triptyque lancé par le parti en 1978»
.

Depuis quelques années, les discours dans le débat public tendent
à se radicaliser. A droite, les thèmes sécuritaires foisonnent et les débats
portant sur l'immigration, le voile et l'identité nationale font l'actualité de
même que les dérapages racistes des membres de l'UMP. Parmi les derniers, celui
de la députée Chantal Brunel s'exclamant au sujet des migrations de population
de Méditerranée «après tout,
remettons-les dans les bateaux!»
.

«Qualitativement, on constate en
France et dans le monde une radicalisation dans le discours. Ceci s’explique
par une droitisation des arguments dans le débat public, et dans l’approche des
problèmes internationaux en général»
, analyse l'islamologue Mathieu
Guidère.

Le paradoxe du FN

Pour autant, si les idées du FN ont été introduites dans le débat
public, peut-on dire que le parti encourage les actions terroristes? Pour Erwan
Lecoeur, «le paradoxe, c’est que
l’encadrement quasi militaire des partisans du FN peut presque permettre de ne
pas mener à des issues aussi dramatiques. Un parti qui essaie de se construire
une respectabilité tente d’éviter ce genre de drames»
.

Preuve encore que cet encadrement sévère s'applique réellement: la
réponse ultra-rapide et sans appel de la suspension du candidat FN ayant
soutenu Anders Behring Breivik.

Mais il existe un autre corollaire au paradoxe du FN. «Si l’encadrement du parti permet d’éviter
les catastrophes, il fait également vivre des idées pouvant conduire à ce type
de drame
, poursuit Erwan Lecoeur. Des
individus, dans un premier temps séduits par leur idéologie, s’en détournent
pour aller chercher des actions plus radicales et plus efficaces.»

Un risque de radicalisation à prendre en compte, notamment avec
l’arrivée de Marine Le Pen, nouveau visage d’une extrême droite qui se veut
apaisée. «On peut penser que des
individus déçus de cette normalisation à la sauce Marine pourraie

via www.slate.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x