La fin du XXe siècle a emporté avec elle tout ce qui restait du Paris populaire, c’est-à-dire pas grand-chose. Les insurrections ne sont plus que des échos lointains, les bals se sont tus, la ville s’est embourgeoisée, végétalisée, arrondie. Le peuple a été bouté au-delà du périphérique. «La rive gauche actuelle ressemble à une ville bourgeoise de province, avec ses monuments vénérables, ses boutiques de luxe et ses plaques rappelant les grands hommes qui ont vécu et travaillé là», grinçait récemment Eric Hazan dans Paris sous tension (La Fabrique) qui ne voit plus, pour faire battre encore intra-muros le cœur d’un Paris populaire, que les Chinois à Belleville, les Arabes à la Goutte-d’or, les Turcs au marché de la porte Saint-Denis et les Africains au marché Dejean.
C’est dire si la nouvelle exposition du musée Carnavalet vient réveiller une ville profondément enfouie sous des pavés recouverts désormais de bitume «bio». Au XIXe, Paris était rude et bouillonnant, comme peut l’être Le Caire aujourd’hui. Pas sûr qu’il fût doux d’y vivre, mais c’était assurément un chaudron politique. C’est notre matrice.
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