Fuites à répétition, rejets de gaz
radioactif, déclenchements de balises d'alertes, contaminations de
travailleurs : depuis plus d'un mois, l'une des plus grosses centrales
nucléaires françaises, le site de Paluel, en Haute-Normandie, connaît des dysfonctionnements
en série. La multiplication des incidents crée un vent de panique chez les
agents qui y travaillent, selon
des témoignages et des documents exclusifs recueillis par Mediapart. La
centrale de Paluel produit, à elle seule, environ 7% de l'électricité
nationale.L'inquiétude collective commence à
se manifester sur Internet : «Centrale de Paluel : EDF sur les
traces de Tepco ?» Cette formule
provocatrice, qui compare l'électricien français à l'exploitant de la centrale
de Fukushima, n'émane pas d'un groupe antinucléaire. Elle figure en tête d'un
communiqué de la CGT de la région dieppoise (à lire ici),
où se trouve la centrale de Paluel.Avec quatre réacteurs de 1300 mégawatts
(MW), ce site qui emploie 1250 salariés d'EDF est l'une des trois plus
importantes centrales nucléaires françaises (avec celles de Gravelines et de
Cattenom). Mis en service entre décembre 1985 et juin 1986, le site de Paluel
n'a pas posé de problème particulier pendant les deux premières décennies de
son fonctionnement.Mais depuis quelque temps, divers
problèmes techniques se sont accumulés sur le réacteur n°3, que l'un de nos
interlocuteurs qualifie de «tranche la plus poissarde du site» : une fuite d'huile sur l'alternateur, une
fuite d'eau du circuit primaire, une fuite de gaz radioactif dans le bâtiment
réacteur, ainsi qu'une fuite dans une ou plusieurs gaines de combustible.Jusqu'ici occultés, ces
dysfonctionnements ne sont pas contestés par la direction de la centrale. Mais
l'interprétation de leur gravité diverge radicalement d'une source à l'autre.
Tous s'accordent cependant à décrire une inquiétude grandissante chez les
agents et, pour certains, de l'angoisse et de la panique. L'un de nos
interlocuteurs parle même de «terreur étouffée»!Il raconte qu'un bâtiment proche du réacteur a dû
via www.mediapart.fr