Le mercredi 29 juin, il était environ 12 h 30 quand les gaz lacrymogènes des forces spéciales ont envahi la place de la Constitution, à Athènes, provoquant ainsi des spasmes de suffocation dans une foule qui était majoritairement pacifique. Quelques minutes plus tard, le sinistre nuage couvrait tout le centre de la capitale. A ce moment précis, les déclarations faites deux jours plus tôt par le ministre d’Etat, Theodoros Pangalos, ont pris un sens plus concret et plus noir. En effet, le chef adjoint du gouvernement avait déclaré que si le nouveau plan d’austérité n’était pas adopté par le Parlement grec et que, par voie de conséquence, le pays était alors considéré en défaut de paiement, il faudrait faire intervenir les blindés pour protéger les banques.
Comme le mot «blindés» réveille toujours dans la mémoire collective grecque le cauchemar de la torture et des bagnes du temps des colonels, la dictature militaire de 1967, plusieurs de ses camarades députés du Pasok [les socialistes grecs, ndlr] ont protesté – plutôt timidement, il est vrai – contre la faute de goût que constituerait cette formule choc.
Or, les événements qu’Athènes a connus ce mercredi ne peuvent être envisagés en termes de goût ou de style. En marge de la manifestation, il y a eu, incontestablement, quelques individus excités et violents, mais aussi de nombreux provocateurs qui, d’après le directeur du très sérieux magazine Epikaira, ont été filmés en train de descendre de cars de la police. Les forces de répression placées sous l’autorité d’un ministère cyniquement chargé de la «Protection du Citoyen» ont envahi des cafés et des halls d’immeubles et ont copieusement tabassé tous ceux qui s’y trouvaient. Les substances répandues par la police ont transformé la station de métro en chambre à gaz, malgré la présence, dans le hall, d’un centre de secours improvisé accueillant des centaines de manifestants blessés.
Qui plus est, les gaz lacrymogènes se sont propagés dans les tunnels du métro sur plusieurs kilomètres, jusqu’à des endroits qui ne méritaient nullement d’être gazés au nom de la protection du bâtiment de l’Assemblée nationale, sis place de la Constitution. Après la dissolution de la manifestation, le lieu ressemblait à un décor de film catastrophe hollywoodien.
Pourquoi tout cela arriva-t-il ?
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