Mort d’Amadou Koumé : «Il émettait des cris d’agonie et d’étouffement» – Page 1 | Mediapart

L'IGPN a rendu son enquête au parquet qui indique cependant avoir «sollicité une expertise médicale dont nous attendons les résultats », indique le parquet de Paris, pour lequel il est « beaucoup trop tôt » pour dire si les policiers sont mis en cause dans cette mort. L'IGPN n'a pour l'instant ouvert aucune enquête administrative sur le comportement des policiers, préférant attendre les résultats du judiciaire. «C'est typiquement le genre d'affaire où dès lors qu'il y a eu usage de la force mais sans manquement patent des policiers, seule l'enquête judiciaire avec ses expertises médicales peut dire les causes de la mort», nous explique-t-on côté police.

Le parquet nous assure tenir la famille régulièrement au courant. Mais il a fallu que Le Parisien révèle cette affaire le 20 avril pour que le procureur de Paris se décide le 29 avril à communiquer le rapport d’autopsie à leur avocat, Me Eddy Arneton. Les deux pages, glaçantes et en date du 21 mars, se terminent sur cette phrase : « Le décès résulte d’un œdème pulmonaire [une accumulation de liquides dans les poumons – ndlr] survenu dans un contexte d’asphyxie et de traumatisme facial et cervical. »

Sur le corps du jeune homme, les médecins de l’institut médico-légal de Paris ont relevé plusieurs plaies autour de l’œil droit, qui est tuméfié, et sur la langue ; un traumatisme cervical touchant divers muscles et cartilages du cou ; ainsi que des ecchymoses aux poignets « évoquant des lésions d’entrave ». Selon une source judiciaire, ces blessures s'expliqueraient par «une chute» et par les «gestes techniques d'intervention, la force ayant été employée». L’expertise toxicologique relève elle « une prise significative et assez proche du décès de cocaïne ». « À trop forte dose », cette drogue peut entraîner des « confusions, des incohérences, voire des accès de démence et/ou des hallucinations », précise l'expert.

Dans le bar, où nous nous sommes rendus, toute l'équipe a changé. Selon le gérant qui finit par nous rappeler, le barman est parti quelques jours après l'interpellation, sans laisser de contact. « Son départ était prévu, affirme l'homme qui s'occupe de plusieurs établissements parisiens. Ça arrive souvent, des gens bourrés qui se font interpeller, c'est la routine. »

Mediapart a eu accès à une attestation réalisée par une personne présente ce soir-là dans le bar. Selon ce document rédigé le 20 juin, Amadou Koumé est entré dans le bar après le concert de funk qui s'y déroulait, « vers 23 h 30 ». D’abord « silencieux », il « s’est mis à parler fort » vers minuit, assis seul à une table. Le vigile lui aurait alors demandé en vain à plusieurs reprises de sortir, tandis que le barman appelait police secours. Le témoin décrit un homme « anxieux » qui « semblait penser de façon décousue et ne s’adressait pas directement au vigile, comme s’il était agressé par une personne imaginaire ». Du haut de ses 1,92 m pour 107 kilos, il « avait l’air davantage mal dans sa tête que dangereux pour les autres (…) même s’il pouvait paraître impressionnant ». À l’arrivée de trois policiers en uniforme, Amadou Koumé aurait paru d’abord « soulagé », puis aurait été « pris d’un accès de paranoïa » à la vue du « fusil automatique » porté par l’un d’eux.

« Là, il a vraiment pété un plomb, nous explique le jeune homme que nous avons joint par téléphone. Il disait "Non, ce ne sont pas des vrais policiers, les policiers n’ont pas ce type d’armes". Les

via www.mediapart.fr

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