Pour parler et plus
encore penser sérieusement l’humour, il faut accepter et
comprendre que sa part, involontaire, première (dont
l’expression et la compréhension dépendent d’un
infra-langage, dont l’alphabet est universel), n’est pas essentielle,
précisément dans la mesure où il échappe
à l’intention et qu’il est précisément
remarquable que l’humour relève d’une catégorie
spécifique et déterminante, dans la relation et dans le
schéma de la communication inter-humaine, de l’intention de
compréhension et d’intelligence construites en commun.
Apprendre, s’apprendre, ce n’est pas une dimension réservée
et enfermée dans le cadre scolaire, comme si ce qui précède
et ce qui suit l’école était plongé dans les
abîmes de l’ignorance, même si, à notre époque,
par des caractéristiques principalement politiques, donc
techniques, médiatiques, ce double phénomène,
personnel, et relationnel, est largement absent de la relation
sociale, parce que l’ignorance déguisée sous les
attraits de «l’information», du divertissement, etc, sert
les intérêts d’un système qui ne plaisante pas…
avec le grisbi – sal… (il faut se méfier des Tontons…). L’humour est donc un phénomène
parfait pour penser la conjonction, la relation classiquement
métaphysique, de «l’âme et du corps»,
puisqu’il est physique, respiratoire, éthologique,
comportemental, avec ses codes compris, acceptés, tolérés,
ou non, mental, intellectuel, dans la mesure où il mobilise
des codes intra-communautaires, dans la mesure où il en joue,
soit pour les dérouler, soit pour les tester, les soumettre à
un crash-test par exemple. Au coeur de la galaxie comique, il y a les
comiques volontaires, les hommes audacieux du one-man-show, comme,
pour prendre un exemple parmi d’autres, Pierre Desproges. Avant de
décéder, la place, trop tôt, le sieur Desproges,
adepte des prodiges de je, de mots, pas seulement pour ses proches, a
exécuté sur des scènes multiples, l’histoire,
écrite à l’avance, selon laquelle «On me dit que
des Juifs se sont glissés dans la salle». Dans ce
sketch, Desproges règle son compte à la logique
communautaire, y compris celle qui peut déterminer la vie,
l’attitude, les choix, de quelques Juifs français, mais, pour
conclure en beauté, dans ce panthéon de la bêtise
élevée au rang de l’art de vivre, par le narcissisme et
l’inceste moral, principes internationaux, Desproges s’attaque à
un morceau de choix, le Français, régionaliste, le Français tout court, très court, ras-le-front, ras-les-idées. Car
c’est bien des Français qu’il s’agit, derrière
l’évocation des Juifs, des nazis, puisqu’il s’agit pour
Desproges de rendre risible, et, du coup, par étape, ridicule,
grotesque, avant d’être ignoble, les antijuifs, le
négationnisme, comme la logique et l’exploitation victimaires
– sans compter un petit message laissé à l’attention
de celles et ceux qui ne veulent pas que de tels crimes recommencent,
c’est que, cette répétition n’est et ne sera jamais
impossible… En nous faisant rire de ces pseudo-idées, de ces
pseudo-connaissances, le comique fait le travail que les pédagogues
prétendent faire le plus sérieusement du monde, et
échouent le plus souvent, alors qu’en quelques minutes, un
homme seul, a self-made-man, va travailler les consciences
disponibles pour les changer à jamais… – à condition d’être compris, et parfois, le comique a intérêt à ne pas être trop intelligent, sinon, sur Dailymotion, quelques-uns osent comparer son parcours au "martyr Dieudonné" (sic!) ! Il n’y a plus de jeunesse, et de notre temps, la connerie était moins répandue – il faut reconnaître, aussi, qu’on était moins nombreux !
Question : pourquoi Catherine, maîtresse du monde de la planète des argonautes, en rit, encore ?!
Avec en prime les tâches ménagères qui sont la meilleure entrée en matière pour des négociations plus sévères :))
Excellent billet.
Si tu veux bien, je vais le linker chez moi, en réponse au sérieux manque d’humour de tous les tarabins … quand tu penses que même les chevaux ont de l’humour, c’est dire ! 🙂