Merah : les familles ciblent l’aveuglement de la DCRI – Libération

Le président de la République, François Hollande, se rend à Toulouse dimanche pour participer à la marche en hommage aux victimes de Mohamed Merah, avec le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et le maire PS de Toulouse, Pierre Cohen. Car il s’agit bien d’une affaire d’Etat que ces massacres de soldats et d’enfants juifs, censés «mettre la France à genoux» au nom d’Allah, selon ce jihadiste de 23 ans, passé au travers des filets de sécurité de l’antiterrorisme. Les commémorations des tueries perpétrées voilà un an s’enchaînent : vendredi à Montauban, où le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a remis à titre posthume la Légion d’honneur à Abel Chennouf et Mohamed Legouad, les deux parachutistes abattus le 15 mars 2012 ; puis mardi prochain à Toulouse pour les écoliers et le professeur du collège Ozar Hatorah assassinés le 19 mars 2012. Mais les familles des victimes cherchent toujours à comprendre les «dysfonctionnements» des services de renseignements et à cerner les responsabilités de certains de leurs membres. La DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) a en effet relâché fin 2011 la surveillance de cet islamiste radical repéré cinq ans auparavant, au moment même des préparatifs des attentats.

 

«En tirer les conclusions». Pour l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, ce n’est la faute de personne : «L’appréciation a été faite qu’il ne représentait pas de signe de dangerosité. Personne n’a jamais décelé d’intention criminelle chez lui. C’est terrible de dire cela. Il nous a roulés.» Mais son successeur, Manuel Valls, a reconnu publiquement «qu’il y a eu des erreurs, des failles, des fautes» et sans vouloir «accuser», il a promis d’en «tirer toutes les conclusions, c’est la justice qui le fait, c’est évidemment de ma responsabilité également».

Me Patrick Klugman, l’un des avocats de la famille de Jonathan Sandler tué avec ses deux fils, a salué cette «attitude inédite et exemplaire de la part de l’Etat» qui«n’est pas dans l’évitement ou le déni»«cherche à faire la lumière sur les dysfonctionnements de ses services». Au nom de la mère d’Imad Ibn Ziaten, l’autre militaire tué, à Toulouse le 11 mars 2012, Me Samia Maktouf considère que «la reconnaissance de la responsabilité des services de l’Etat n’exonère toutefois pas Mohamed Merah ni sa fratrie des crimes commis». L es proches de victimes de l’école Ozar Hatorah et d’Imad Ibn Ziaten se concentrent sur l’enquête criminelle des juges antiterroristes pour trouver d’autres comparses éventuels de Mohamed et Abdelkader Merah, mis en examen pour «complicité d’assassinats». Les huit interpellations de suspects en Midi-Pyrénées n’ont toujours pas permis d’identifier «le troisième homme» présent aux côtés des frères lors du vol du scooter utilisé par le tueur.

Me Béatrice Dubreuil pour Albert Chennouf, père d’Abel, réclame «la déclassification de nouveaux documents de la DCRI, la DGSE [Direction générale de la sécurité extérieure, ndlr] et la DPSD [Direction de la protection et de la sécurité de la défense] promise par le ministre de l’Intérieur afin d’aider les juges à identifier d’autres complices, Manuel Valls affirmant lui-même que Mohamed Merah n’était pas un loup solitaire mais un jihadiste inscrit dans un réseau». L’avocate attend également les conclusions de l’enquête parlementaire sur «les dysfonctionnements des services», annoncées pour juin.

 

Errements des services

via www.liberation.fr

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