Dorénavant, le regard de Mélenchon et de son
entourage est tout entier porté vers la présidentielle, en passant par
les cantonales de mars 2011, où le front de gauche entend présenter des
candidats «partout au premier tour». «On va les politiser à mort et faire une campagne de tous les diables,
s'enhardit Mélenchon. D'autant plus que les socialistes contraignent les
camarades communistes à aller à la châtaigne, en les concurrençant dans
leurs bastions.» Le Front de gauche paraît proche de s'élargir à la
Fédération pour une alternative sociale et écologiste (Fase), regroupant les
anciens communistes rénovateurs et les Alternatifs, et emmenée par
Clémentine Autain.Cette dernière, à la tribune du meeting de
clôture, a enflammé la salle tout en faisant quasiment une offre de
services pour faire la porte-parole: «Jean-Luc peut être candidat, il
en a la volonté et la capacité. Je n'aurai pas d'états d'âme, et même
de l'enthousiasme, à faire sa campagne!» Même si elle tient à rappeler «trois
débats sur lequels nous ne sommes pas forcément sur la même ligne: sa
conception de la République et de la laïcité, la forme-parti et la
révolution par les urnes».Selon elle, «on a trop longtemps joué au jeu du chat et de la souris. Il faut sortir de ça, le temps presse». Elle a enfin exprimé un souhait ne dépendant pas d'elle, qui a un temps frayé avec les anticapitalistes: «Il
faut que le NPA ait toute sa place dans le rassemblement actuellement
en cours. On ne peut pas se résigner à leur isolement. Si la seule
question qui les chiffonne est la participation à un gouvernement,
rassurons-les: la réponse est non.» Applaudissements fournis de la salle, mais pas sûr toutefois que le PCF soit du même avis, ni d'ailleurs le NPA (lire notre article).Pour
les mélenchonistes, l'arrivée de la Fase permettrait de sortir du
face-à-face parfois tendu avec le PCF, et aussi de pouvoir
compter sur de nombreux «cadres», souvent élus locaux. Après avoir
tergiversé et remis à plus tard le lancement de son «programme partagé»,
pour cause d'investissement maximal dans le mouvement contre la réforme
des retraites, le Front de gauche a enfin un calendrier de forums
thématiques, permettant d'avancer sur le fond. Le 2 décembre sur les
retraites et le 9 sur les institutions et les libertés (à Paris), puis
en janvier les services publics (à Lyon), l'écologie (à Bordeaux), la
relation au travail (à Marseille), la paix (à Rennes), l'Europe (à
Nîmes) et la financiarisation (au Mans). A chaque fois, des propositions
seront énoncées en début de réunions, puis débattues par des invités et
la salle.
via www.mediapart.fr