Bizarre, non ? Mais, au fait c’est quoi le Mediator ? Un simple coupe-faim ? Elle recherche sur les sites médicaux. Première surprise : en 2007, le Mediator est interdit dans la plupart des pays au monde, sauf en France. Ensuite ? «J’ai mis un temps fou à savoir que le principe actif du Mediator était proche de celui de l’Isoméride. On ne nous le disait pas. On nous disait même le contraire.» Elle avance, s’interroge, tente des recoupements. «Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi intelligent, analyse Ariane Chemin, journaliste au Nouvel Obs et amie d’enfance. Elle était bonne en tout. Et surtout c’est un roc, inébranlable.» Elle a de qui tenir, fille d’un ingénieur, petite-fille d’un amiral qui a libéré Royan lors de la Seconde Guerre mondiale. Bref, elle ne lâche pas.
Un soir d’hiver 2009, elle reprend des dossiers de valvulopathies, cherchant des liens avec le Mediator. Et là, d’un coup, cela s’accumule. Un, puis deux, dix dossiers, etc. «C’était dingue. Comme un nez au milieu de la figure que l’on ne voyait pas.»
Irène Frachon fait part de sa découverte à l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), mais elle n’obtient guère de réactions. Elle monte avec une infirmière de son service une étude cas-témoins révélant un risque très élevé de valvulopathie chez les personnes ayant pris du Mediator. La bécassine Irène ne perd pas le nord, recherche des appuis, comme celui de la professeure Isabelle Caubarrere qui l’a formée ou de l’épidémiologiste Catherine Hill. Elle en a bien besoin car à l’Afssaps, on continue de prendre son temps, et il faudra attendre novembre 2009 pour que soit enfin décidée la suspension du Mediator. A ce moment-là, plus de 300 000 patients en prennent.
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