Automne 2010 : anatomie d’un grand mouvement social | Contretemps

Automne 2010 : anatomie d'un grand mouvement social

Chercheurs en sciences politiques, Sophie Beroud et Karel Yon analysent à chaud, dans cet entretien, le  grand mouvement social de l' automne 2010.  Ils décrivent les principales caractéristiques de ces mobilisations, la manière dont elles s'articulent à un processus de transformation du champ syndical et pointent les questions stratégiques mises à l'ordre du jour par ces semaines de luttes.

 

ContreTemps – Le mouvement contre la réforme des retraites lancé au printemps dernier s'inscrit une lignée de grands conflit sociaux…

La puissance du conflit, son contenu politique et la dramaturgie même de cette opposition massive de la rue au pouvoir contribuent à inscrire ce mouvement comme un moment aigu des luttes de classes en France.

 

Il s’inscrit d’abord, bien évidemment, dans la filiation directe des mouvements de 1995 et 2003, qui avaient vu des centaines de milliers de salariés descendre dans la rue et certains secteurs se mettre en grève sur le même thème : l’opposition à la réforme des retraites, celle des régimes spéciaux en 1995, celle du régime général en 2003. La question des retraites produit toujours de grands conflits sociaux. Il s’agit, en effet, d’un élément qui a joué un rôle central tant dans la stabilisation de la condition salariale que dans l’ancrage, via leur participation à la gestion des institutions du salariat, du pouvoir des organisations syndicales.

 

Par sa durée, par l’ampleur des manifestations, par le blocage quasi total de certains secteurs d’activité, le mouvement présente, en outre, des traits comparables à d’autres grandes séquences de conflictualité sociale. Il s’inscrit dans la lignée des conflits sociaux de l’automne 1995, mais aussi de l’hiver 1986 en raison de sa dynamique d’élargissement progressif et du soutien qu’il a reçu dans la population. La mobilisation s’est étendue des salariés vers une partie de la jeunesse, avec les lycéens et dans une bien moindre mesure les étudiants. En 1986 et 1995, la dynamique était cependant inverse : les mobilisations de la jeunesse scolarisée avaient préfiguré celles des salariés. Au printemps 2006 également, c’est la crainte d’une entrée massive des salariés dans un conflit centré sur le monde éducatif qui avait conduit le Président de la République à céder sur le CPE. Le rôle moteur joué par le front uni des organisations syndicales rappelle bien sûr cette mobilisation contre le CPE de 2006, mais aussi celle de 2009 contre la crise.

 

Enfin, et là le lien est direct avec la séquence antérieure du printemps 2009, le mouvement s’est certes construit sur la contestation de la

via www.contretemps.eu

http://www.mediapart.fr/journal/france/171110/et-si-le-mouvement-social-etait-en-train-de-rebondir

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