Monsieur le Président,
Je souhaite vous faire part de la situation lamentable dans laquelle je suis- et je ne suis sans doute pas la seule. Titulaire d’un bac +4 en sciences de l’éducation, j’ai cumulé les petits boulots pendant plusieurs années (ménages, gardes d’enfants…). Je ne suis jamais restée longtemps inactive, non seulement pour tenter de gagner un peu ma vie, mais en plus parce que je crois en la valeur du travail, que je voulais comme exemple pour ma fille de 6 ans, que j’élève seule.
J’ai occupé, à partir de 2009, un poste de médiatrice de réussite scolaire en contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE, statut que vous avez créé) au lycée professionnel de Lomme, dans le Nord. Depuis la même période, une société m’emploie pour accrocher des bâches publicitaires. C’est un travail bien rémunéré en raison de sa précarité : je dispose d’un contrat à l’année, et je suis appelée quand il y a du travail. Mon revenu sur ce poste varie donc d’un mois sur l’autre.
Mon CAE devait me permettre de travailler jusqu’en septembre 2011. Or, le 28 février, j’ai perdu mon poste au lycée. Tout ça parce que vous, M. le Président, vous avez décidé de supprimer les postes de médiateurs, jugés inutiles en raison des statistiques d’absentéisme scolaire qui n’ont pas baissé. Mon employeur m’a obtenu quelques heures comme intervenante extérieure pour boucler un projet que j’avais mis en place avec les jeunes. Sans son intervention, le projet serait tombé à l’eau, mais si cela avait été nécessaire, j’aurais continué bénévolement, parce que ces jeunes méritent qu’on croie en eux. A combien avons-nous permis de retrouver confiance en eux ? Les chiffres ne disent pas tout, M. le Président.
Au mois de mars, la société qui m’emploie ponctuellement n’a pas eu besoin de mes services. Je n’ai plus mon salaire au lycée. Je passe sur les dépenses des imprévus de la vie qui peuvent paraître futiles mais nous imposent de réagir ; la voiture qui fait des siennes, le chat de la petite qu’il faut faire opérer d’urgence… J’attends mon allocation chômage, mais au jeu des carences je perds huit jours. Et puis j’ai travaillé en CDD pendant quinze jours. Alors je ne serai indemnisée que pour une semaine et demie. Une indemnisation à 53%.
Etant sans emploi, je pensais que mon RSA allait augmenter, mais c’est le contraire. Pourquoi ? Parce que sur ma dernière déclaration trimestrielle, j’ai déclaré 200 euros de plus qu’au trimestre d’avant : mon second employeur m’avait sollicité deux fois de plus que d’habitude ! 200 euros sur trois mois, 66,6666667 euros par mois ! Auriez-vous l’amabilité de m’expliquer ce que changent 66,6666667 euros dans un budget ? «C’est la méthode de calcul», me disent les pauvres bougres qui se font incendier à votre place lorsqu’on appelle la CAF ! Mais on me rassure, dans trois mois, mon RSA sera recalculé. Dans trois mois donc, on augmentera mon RSA, même si je trouve un travail. Mais aujourd’hui, alors que je suis, excusez ma vulgarité, dans la merde jusqu’au cou, on diminue mon RSA. Et il va falloir tenir trois longs mois.
A ce jour, je ne pourrais même pas accepter un emploi si j’en trouve un, parce que je ne peux payer ni la garderie scolaire ni l’essence pour ma voiture. Quant à remplir mon frigo… la question m’a fait perdre le sommeil ! Auriez-vous l’obligeance d’expliquer à mon banquier le découvert inévitable de mon compte, dû à vos lois et à vos méthodes de calcul ? Reste la solution du travail non déclaré, ou pourquoi pas de la prostitution, parce que ma foi ça risque de devenir à la mode pour nourrir ses gosses.
Quand je pense qu’en 2007, j’ai rejoint l’UMP pour vous soutenir bec et ongles, créant l’incompréhension de beaucoup autour de moi. Vous savez quoi ? Moi non plus, je ne me comprends plus. Parce que, de toute évidence, la politique qu
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