Rue Washington dans le 8ème arrondissement de Paris. Nous montons les marches d’un immeuble haussmannien. Moulures, murs blancs, parquet et cheminées dans les chambres, Catherine L. est fière de nous présenter le 4 pièces dans lequel elle vit depuis 5 ans avec son mari et ses deux enfants. Ils payent un loyer de 1.900 euros par mois. Selon l’agence immobilière du coin, le loyer devrait s’élever à 5.500 euros. En entrant dans cet immeuble cossu, la seule chose qui prouve qu’on est bien dans un HLM (habitation à loyer modéré) c’est une plaque cachée derrière un arbre qui indique la date de réhabilitation par Paris-Habitat, l’office HLM qui gère l’immeuble.
Des logements parfaitement intégrés au paysage
Paris-Habitat, l’un des principaux offices HLM de Paris, produit des logements HLM dans les quartiers les plus chers et les plus prisés de la capitale. Non loin de la tour Eiffel, avenue Mozart et avenue Pierre Ier de Serbie, près du café de Flore, rue Bonaparte, et comme ici rue Washington, à deux pas des Champs-Elysées.
Nous visitons un type rare d’appartement: seulement 2% des logements de l’arrondissement sont des HLM. Une fois dans les lieux, les locataires sont tranquilles. Des loyers défiant toute concurrence dans des quartiers très bien situés, ces HLM ont un taux de rotation extrêmement bas, de l’ordre de 4%. Des personnes qui n’ont donc a priori rien à faire dans le parc social y résident toujours.
Quelle que soit l’évolution des occupants, quelle que soit l’évolution de leur structure familiale, il est possible de rester dans l’appartement. C’est «le droit au maintien dans les lieux» expliquent les offices HLM. Même si une famille gagne trois milliards d’euros au loto, elle pourrait rester pendant encore un bon moment. Et le marché immobilier parisien tendu oblige ainsi des familles de classe moyenne supérieures comme celle de Catherine L., à rester dans un HLM.
Bachelard encore locataire d’un HLM ?
Gaston Bachelard, philosophe mort en 1962, était encore enregistré comme locataire il y a deux ans à l’OPAC (Offre Publique d’Aménagement et de Construction) de Paris. Qui vivait dans son appartement ? Un parent de bonne foi selon Paris-Habitat. Il doit continuer à payer le loyer en temps et en heures, il n’y a donc jamais eu de contrôle, rapporte le site Mediapart.fr .
Surtout qu’un locataire, à qui le bailleur demande de quitter son logement parce qu’il ne correspond plus à ses besoins, peut demander à être relogé et sera prioritaire. Un ancien haut fonctionnaire vivait ainsi confortablement depuis 1969 dans un cinq pièces situé dans le 17ème arrondissement de Paris, quand l’office a souhaité récupérer en août 2006 les deux chambres de bonnes attenantes pour en faire un logement.
Comme c’est son droit, il a envoyé à Paris Habitat une demande de compromis. Arguant de son grand âge, il indiquait alors qu’il était prêt à déménager si on lui offrait la possibilité d’occuper un appartement plus central, à condition de garder quatre ou cinq pièces. Il a obtenu un cinq pièces dans le cinquième arron
via owni.fr