Lynchage de Darius: les apatrides ploutocrates protégés, les plus pauvres en danger de lynchage – Page 1 | Mediapart

À propos du mobile de cet acte qu’elle a qualifié de « barbare », elle a parlé d’une « vengeance privée » fondée sur une « rumeur ». Le lynchage, selon les premiers éléments de l’enquête, serait consécutif à un cambriolage dans la cité. Darius aurait été désigné – à tort ou à raison – comme l’auteur de ce vol. « Nous ne connaissons pas l’identité du cambrioleur à ce stade », insiste-t-on dans l’entourage de la procureure. L’emploi du conditionnel s’impose, maintient le parquet. Le jeune Rom aurait alors été poursuivi, puis enlevé chez lui, séquestré et battu, avant d’être abandonné, presque mort. Des photos vraisemblablement prises au moment où il a été retrouvé ont été publiées par la presse étrangère. Elles témoignent de l’ignominie de cette « expédition punitive ». « Le droit français s’oppose à la diffusion de ce(s) photo(s) d’une victime mineure qui a droit à la protection absolue de son image sous peine de poursuites pénales », a rappelé jeudi Sylvie Moisson dans un communiqué.

Retour sur la chronologie des événements telle qu’elle transparaît des informations rassemblées auprès de sources judiciaires, du ministère de l’intérieur, de témoins vivant dans la cité et de l’avocate de la famille, Julie Launois-Flacelière, spécialisée dans la défense des populations roms vivant en Ile-de-France.

Vers 17 heures, vendredi, des habitants du quartier se regroupent à proximité de la maison désaffectée dans laquelle sont installés entre cent et deux cents Roms depuis quelques semaines pour certains, quelques mois pour d’autres. Ils semblent vouloir en découdre, sans que l’on en sache plus. Ce premier « contact » n’est connu qu’après-coup. Les résidents du squat n’auraient pas fait appel à la police à ce moment-là.

Vers 20 h-20 h 15, un cambriolage a lieu dans la cité, dans un appartement situé au premier étage d’un immeuble. L’auteur aurait été pris en flagrant délit par un enfant de 10 ans qui habite là avec sa famille. Le mineur dit avoir vu le cambrioleur s’emparer de sacs et chercher du matériel informatique. Une plainte pour disparition de bijoux a été déposée le lendemain. Surpris, le voleur se serait enfui par la fenêtre. Un groupe d’individus seraient partis à sa poursuite, mais, ne parvenant pas à l’attraper, ils auraient été rejoints par d’autres habitants. À plusieurs (une douzaine, une vingtaine, une soixantaine, les versions divergent), ces hommes, jeunes semble-t-il, convaincus que le voleur était rom, se seraient dirigés, armés, vers le campement nouvellement installé en face de la cité, de l’autre côté de la nationale 1. Certains sont arrivés le visage dissimulé (par des capuches ou cagoules, selon les témoignages). Ils ont fait irruption dans l’enceinte du squat, terrorisant les habitants. La grand-mère de Darius se serait interposée pour protéger son petit-fils. À cette occasion, elle aurait reçu un coup de crosse de fusil à pompe. « L’adolescent a été enlevé sous les yeux de sa famille », souligne l’avocate. Selon le parquet, les agresseurs auraient menacé de mettre le feu si les résidents appelaient la police.

via www.mediapart.fr

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