Louise Michel, rouge fleur de germinal | L’Humanité

La publication de deux des ouvrages majeurs de la combattante de la Commune de Paris, militante républicaine, socialiste et anarchiste, est l’occasion d’une redécouverte de son œuvre à la fois littéraire et politique.

L’espérance révolutionnaire de Louise Michel fut celle d’un siècle. Née deux mois avant les journées de juillet 1830 qui virent se rallumer le brasier de la Révolution française, son existence s’acheva, à presque soixante-quinze ans, le 9 janvier 1905 à Marseille.

La publication, aux éditions La Découverte, du second tome de ses Mémoires (1), ainsi que la réédition de ses Souvenirs (2) sur la Commune de Paris, sont l’occasion de redécouvrir ce personnage que Victor Hugor déclara « viro major », « plus grande qu’un homme », institutrice, militante inflexible et incorruptible, journaliste, écrivain et poète.

 

« La Mégère, la Pétroleuse, 
le Monstre à face humaine »

Au lendemain de la Semaine sanglante, elle fait partie des milliers de communards condamnés par les conseils de guerre à la déportation. Après avoir passé deux ans en prison, elle demeure sept années en Nouvelle-Calédonie. Sur la presqu’île Ducos tout d’abord, à Nouméa ensuite, sa peine commuée en « déportation simple ». En Nouvelle-Calédonie, elle se lie avec les habitants par l’intermédiaire de Daoumi, Kanak travaillant pour l’administration française. Elle recueille les légendes et chants kanaks et prend fait et cause, en 1878, pour le soulèvement des Mélanésiens contre la spoliation de leurs terres par les colonisateurs.

« La Mégère, la Pétroleuse, le Monstre à face humaine, tels sont les noms que plusieurs générations de bourgeois ont mis à côté de son nom », écrivit Henri Barbusse. Les premiers qui caricaturèrent ainsi la combattante du Comité de vigilance de Montmartre et l’animatrice du Club de la Révolution à l’église Saint-Bernard qui fut des ultimes combats de la Commune ne furent pas les derniers à se presser pour admirer les têtes coupées des chefs kanaks rebelles envoyés par le gouverneur Jean-Baptiste Olry pour la troisième Exposition universelle de Paris. Les 500 survivants du massacre colonial seront vendus comme esclaves à des négriers. Autre « bienfait » local de la colonisation, oubliés sans doute par ses « héritiers », leurs femmes et leurs enfants seront abandonnés comme butin aux troupes. « Eux aussi luttaient pour leur indépendance, pour leur vie, pour la liberté. Moi, je suis avec eux, comme j’étais avec le peuple de Paris, révolté, écrasé et vaincu », écrit Louise Michel. Elle reprend son métier d’institutrice à Nouméa peu de temps avant l’amnistie complète des communards obtenue en 1880. Elle avait refusé la sienne l’année précédente.

Fille illégitime de Clément Demahis et de Marie-Anne Michel, domestique au château de Vroncourt-la-Côte, dans la Haute-Marne, Louise Michel reçoit une éducation mêlant Lumières républicaines et Arts romantiques entourée de son « grand-père » Étienne-Charles Demahis et de sa « grand-mère » Louise-Charlotte. Elle évoque les années passées auprès d’eux dans le « nid » de son enfance aux quatre tours carrées, en ruine presque, au début du premier tome de ses Mémoires (3). Comme souvent, sinon toujours, sa prose est parsemée de poésies et de chansons. À vingt et un ans, elle devient institutrice et enseigne une année à l’école libre d’Audeloncourt avant de se rendre à Paris. « École libre, comme on disait », sinon, « il eût fallu prêter serment à l’Empire », écrit-elle. Elle ne le fit jamais. Le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bonaparte avait

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