La gestion de Serge Orru est contestée
Un « turn over » de plus de 25% par an, voilà le symptôme, selon les salariés, d'un malaise réel. Dans un questionnaire interne réalisé en 2011, seule une minorité de salariés (12%) juge « bonnes » les relations entre les différents services (51% les jugent moyennes, 33% mauvaises).
Isabelle Autissier a une autre analyse :
« Le WWF a grandi très vite, sous la direction de Serge Orru [depuis 2006, ndlr]. Des salariés ont du mal à passer de la petite association à la grande structure. A eux de s'aligner ou de chercher d'autres méthodes pour s'exprimer.
Le turn over a toujours été important et il est normal. On a un comité d'entreprise, on a eu un contrôlé fiscal, une audition parlementaire… si quelque chose n'était pas conforme, ça se saurait. »
Quand on lit les annexes à la lettre, on comprend mieux que le caractère méditerranéen de Serge Orru puisse avoir des aspects pas toujours sympathique : des salariés auraient été insultés, parfois devant témoin.
Les cadres, « recrutés de manière non transparente, ne sont pas toujours au niveau, mais prennent fait et cause pour lui », dénoncent encore les signataires. Un copinage classique mais qui peut être mal digéré car il contrevient aux procédures internes.
Enfin, outre le salaire de Serge Orru, qui fait beaucoup parler (109 000 euros bruts hors frais), « l'absence récurrente de justificatifs sur ses frais de représentation et de transport » fait tiquer.
Les valeurs du WWF seraient bafouées
« Ce qui nous a motivés, c'est surtout de dire que les valeurs qu'on défend sont totalement bafouées », explique un salarié.
Il est logique que le développement des partenariats avec les entreprises, décrits comme des « liaisons dangereuses » dans une enquête de L'Express ne conviennent pas à tous. Une logique « décomplexée » qu'a observé leur collègue Sylvain Angerand, des Amis de la Terre :
« Leur manière de travailler a radicalement changé : c'est le marketing qui ficelle tout, pas les chargés de campagne. Le WWF n'a plus aucun moyen de pression pour peser ni sur les entreprises ni sur les politiques publiques ».
Le journaliste Fabrice Nicolino rappelait dans une interview sur son livre « Qui a tué l'écologie ? », que le WWF était la caution de nombreux « labels industriels soutenables, sur le soja, les biocarburants ou encore l'huile de palme ».
Des ambitions politiques qui dérangent
A plusieurs reprises, Serge Orru a été pris en difficulté, soit parce qu'il ne parle pas anglais, soit parce qu'il
n'a pas lu les fiches techniques qui lui ont été préparées. Mais surtout, il « utilise l'ONG comme marche-pied d'une carrière politique », accusent les salariés. L'un d'entre eux précise :« Il se voit en député Europe Ecologie- Les Verts en 2012, et a promis son poste au directeur de la communication, Jacques-Olivier Barthes. »
Ce dernie
via www.rue89.com