Les constitutions, meilleurs des remparts contre l’austérité? – Page 1 | Mediapart

La décision, tombée dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, n'a pas surpris grand-monde au Portugal. Le tribunal constitutionnel n'en est pas à son coup d'essai. À l'unanimité, les treize juges portugais ont estimé que la baisse de 10 % des retraites des fonctionnaires, prévue lorsque celles-ci sont supérieures à 600 euros par mois, était inconstitutionnelle.

Ce projet de loi, défendu par le gouvernement conservateur de Pedro Passos Coelho, devait permettre à l'État d'économiser 388 millions d'euros dès l'an prochain. Une mesure considérée comme indispensable par l'exécutif, alors que le Portugal est censé sortir dans six mois de la tutelle de la « Troïka » (commission européenne, BCE, FMI) mais qu'il peine à convaincre de sa capacité à se financer à nouveau seul sur les marchés. 

Pour la présidente d'une association très active de retraités portugais, Mario do Rosario Gama, citée par le quotidien Público, il s'agit là de « la seule décision acceptable » appuyée sur « une constitution qui défend les Portugais ». En tout, quelque 300 000 fonctionnaires à la retraite sont concernés, dans ce pays de 11 millions d'habitants. De son côté, le premier ministre a dû réagir dès vendredi, promettant que le gouvernement allait « travailler aussi vite que possible » à une alternative « viable et efficace »

L'affaire a inspiré au quotidien espagnol El País ce résumé, dans son édition de samedi : « Au parlement portugais, l'opposition au gouvernement du conservateur Pedro Passos Coelho, minoritaire, rame, incapable de contrer la vague de mesures d'austérité au fil des mois. Dans la rue, la protestation sociale, de plus en plus résignée, assiste avec une impuissance croissante à la diminution constante des salaires et à l'augmentation des impôts. Il n'y a qu'une institution à s'être convertie, ces dernières années, en barrière efficace pour contrer les ajustements mis en place par le gouvernement, sur les conseils de la Troïka : le Tribunal constitutionnel. »

Plus fort que l'opposition socialiste ou les mouvements sociaux, les treize juges du tribunal constitutionnel ? C'est en tout cas la quatrième fois, depuis le début du mandat, en juin 2011, du gouvernement Passos Coelho, qu'ils montent au créneau, pour annuler une mesure tout en rigueur prônée par l'exécutif. En août 2013, ils avaient déjà bloqué un projet censé faciliter les licenciements au sein de l'entreprise (tel que le réclamait pourtant le « mémorandum » rédigé par Lisbonne avec les experts de la Troïka). En juin, ils s'en étaient pris à une proposition réduisant les droits du travail des fonctionnaires.

via www.mediapart.fr

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