Giusi Nicolini est une femme en colère, en rage même, comme hantée par les drames récurrents sur les rivages de l’île dont elle est maire depuis le printemps 2011. Cette écologiste, née à Lampedusa, bout de terre de 20 kilomètres carrés situé à quelques dizaines de kilomètres des côtes tunisiennes, a dû faire face à l’un des naufrages les plus tragiques de la décennie. Le 3 octobre 2013, au moins 300 personnes en provenance de la Corne de l’Afrique sont mortes noyées, en tentant de rejoindre l’Europe. Les corps ont été repêchés, puis alignés sur les quais du port. Certains des survivants sont encore retenus au centre de premier accueil de la ville le temps d’être entendus comme témoins dans le procès engagé contre les présumés passeurs.
Mediapart est allé à la rencontre de cette personnalité bouillonnante qui se retrouve à gérer une situation dépassant largement le cadre des fonctions d’un maire de 6 000 âmes. Giusi Nicolini estime que les politiques migratoires des pays de l'Union européenne doivent être profondément réformées car elles se révèlent « inhumaines » à l'égard de personnes fuyant la faim ou la guerre et « injustes » pour les personnes vivant « dans les lieux de frontière », tels les habitants de Lampedusa. Elle dénonce « un holocauste moderne en train de se dérouler en Méditerranée ». Au moment de notre visite, environ 600 migrants étaient retenus sur l'île, attendant d'être transférés dans un centre d'identification et d'expulsion sur le continent, où leur situation administrative serait examinée. Ce mardi 24 décembre, le gouvernement italien a annoncé son intention de « vider » le centre de ses occupants… En attendant de nouvelles arrivées.
Une récente vidéo filmée par un migrant à l’intérieur du centre de premier accueil de Lampedusa montre des conditions de vie dégradantes (la visionner sous l'onglet Prolonger). Ce centre n’est pas sous votre responsabilité, mais sous celle de la préfecture d’Agrigente. Quelle est votre réaction ?
via www.mediapart.fr