Les agents doubles de la pensée unique – Page 2 | Mediapart

Sauf que… avant d’en être définitivement certain, peut-être vaut-il mieux connaître une péripétie de la campagne de 2007, qui n’avait jamais été racontée, sauf de manière succincte dans un livre de la journaliste Edwige Chevrillon Sarkozy Connection (Hachette Littératures, 2007).

Pour préparer sa prise du pouvoir, Nicolas Sarkozy décide d’organiser les choses de manière très méthodique. Pour anéantir le dernier carré des chiraquiens et préparer sa victoire face à la gauche, le champion de l’UMP installe ainsi dès la mi-2005, un groupe secret chargé de réfléchir à son programme économique. Il y a bien une cellule qui travaille sur le même sujet mais, pilotée par Emmanuelle Mignon, elle ne produit rien que de très classique aux yeux de Nicolas Sarkozy. Rien d’assez énergique pour faire entendre la petite musique de « rupture » que le candidat a choisie comme signe distinctif.

Sous l’appellation du « Collège des dix », un petit groupe d’experts est constitué en catimini sous la houlette de l’ancien ministre du Budget, Alain Lambert, devenu sénateur et avec, notamment, Henri de Castries, le très libéral patron d’Axa (…). À partir du 3 novembre 2005, date de la première réunion, ces experts, qui sont en fait plus que dix, se mettent au travail. Ils se réunissent le jeudi à partir de 18 heures, au Sénat, à raison d’une réunion par mois. Tout est méticuleusement organisé. C’est une jeune inspectrice des Finances, Marguerite Bérard, qui est devenue ensuite la directrice de cabinet de Xavier Bertrand au ministère du Travail, qui tient le secrétariat général des séances.

À droite toute ! Dans une logique libérale, les experts se mettent à peaufiner les réformes que leur a demandées Nicolas Sarkozy. Dans un document daté du 2 novembre 2005, adressé à tous les membres du Collège des Dix, l’ordre du jour est fixé. Il s’agit d’établir un « projet économique pour la prochaine législative».

Voici ce projet confidentiel (qui comprend trois parties, d'abord une note qui détaille le fonctionnement de la commission, puis une deuxième partie qui présente les thèmes qui y seront débattus et enfin une intruction qui est anonyme mais qui est en fait de la main du patron d'Axa, Henri de Casties):

Un premier chantier est proposé : « Ouvrir l’accès à l’emploi ». Le document précise qu’il s’agira de réfléchir à diverses questions : « Comment moderniser le droit du travail pour lever les obstacles à l’embauche ? Par quels moyens permettre de travailler plus pour gagner plus ? »

Ensuite sont énumérés les autres chantiers. L’un d’eux visera à « libérer le potentiel de création de richesses » ; le suivant à « insérer la France dans la nouvelle économie de la connaissance » ; le quatrième à « moderniser nos dépenses et moderniser la gestion publique ».

Et ainsi de suite, le document propose pêle-mêle une cascade de pistes de réflexion, toutes très marquées à droite : « Comment contenir l’évolution des dépenses sociales ? » ; « Comment faire de la réforme de l’État un objectif prioritaire de la prochaine législature ? » ; « Le statut de la fonction publique doi

via www.mediapart.fr

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