Le plateau des Glières, Guy Mocquet, la Résistance, la Collaboration

Avant le second tour de l’élection présidentielle, M. Sarkozy s’est rendu sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, pour "rendre hommage à la Résistance". Des résistants, survivants du groupe concerné, n’ont pas apprécié ce qu’ils ont considéré être une "manoeuvre de récupération", surtout que le candidat de l’UMP est venu sans les prévenir et les convier. Pour Walter Bassan, "il" (Sarkozy) "a un programme qui tourne le dos à celui du Conseil National de la Résistance". Et, concernant cette période, la collaboration, pendant laquelle des Français ont trahi la France, pour servir, et l’étranger, du point de vue national, et "l’étranger", du point de vue moral, intellectuel, spirituel, le nazisme, il ne faut pas oublier que les admirateurs du Maréchal Pétain sont très sensibles au discours selon lequel il faut en finir avec "la repentance perpétuelle". Le jour de son intronisation, il a décidé de rendre hommage à Guy Mocquet, jeune résistant, communiste, de la première heure, désigné pour mourir par Pierre Pucheu. Il faut bien prêter attention aux mots. Il s’agit de rendre hommage "à l’esprit de sacrifice". ""c’est parce que je crois qu’il est essentiel d’expliquer à nos enfants ce qu’est un jeune Français, à travers le sacrifice de quelques-uns, l’anonyme grandeur d’un homme qui se donne à cause plus grande que lui".

Quelle stratégie est à l’oeuvre ? Pour étouffer la gauche, les "idées", les projets et le programme de l’UMP ont inclu des références, des valeurs et des principes de gauche. Pour étouffer la mémoire collective, civique, et particulièrement de gauche, il s’agit de faire croire à un "rassemblement national", d’inspiration gaulliste, alors même que les leaders politiques de droite et d’extrême-droite ont, à cette époque, choisie de préférence la voie de la collaboration. Sur le principe de manipulation, la réécriture de l’Histoire serait possible, si les citoyens et les historiens devaient laisser faire.

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JC.Moreau
18 années il y a

« Quelle stratégie est à l’œuvre ? »
La question, en effet, mérite d’être posée, dans toute sa dimension… A plus forte raison lorsque l’on entreprend, comme vous le faites insidieusement dans cette note, d’attribuer à la « gauche » la paternité exclusive de la Résistance.
Pour qui ne se satisfait pas d’une lecture manichéenne de l’Histoire, il suffit de se référer, pour prendre toute la mesure de la réalité politique durant l’Occupation, à des ouvrages tels que ceux de:
– A. Griotterey, « La droite était au rendez-vous  »
– R. Handourtzel et Cyril Buffet, « La collaboration… à gauche aussi »
Enfin, pour confirmer l’inanité d’une Résistance qui serait consubstantielle à la « gauche », et ce de façon plus impartiale :
-Olivier WIEVORKA, « Les Orphelins de la République ».
La plus noble et honnête attitude dont De Gaulle ait fait preuve après la Libération fut d’ailleurs, sans nul doute, de ne pas se lancer dans cette entreprise insensée qui aurait consisté à réduire la Résistance à une filiation politique exclusive.
Un point sur lequel nous sommes en accord toutefois: « Sur le principe de manipulation, la réécriture de l’Histoire serait possible, si les citoyens et les historiens devaient laisser faire »…

grellety
grellety
18 années il y a

Monsieur Moreau, vous m’avez une fois de plus mal lu : désolé, ce n’est pas « insidieusement », mais très clairement, au contraire que j’expose et j’affirme, ici, comme je l’ai déjà fait dans de multiples notes précédentes qui ont concerné la Seconde Guerre Mondiale, la Résistance, la Collaboration, la Gauche et la Droite, que les fondements psychologiques, organisationnels, politiques et philosophiques de la Résistance appartiennent, relèvent, tous, d’une pensée de gauche, et que ce sont, essentiellement, des hommes de gauche qui ont été les acteurs de cette Résistance, même si, bien sur, il y eut des hommes de droite et d’extrême-droite qui n’ont pas choisi la voie du déshonneur. MAIS la majorité des hommes d’extrême-droite étaient dans le régime de Pétain, et une large majorité des hommes de droite, qu’ils soient politiques ou simples citoyens, ont soutenu également ce régime, et ce même avant qu’il ne s’installe au pouvoir, comme l’a remarquablement démontré, PREUVES A L’APPUI, Madame Annie Lacroix-Riz, dans son dernier ouvrage « Les élites françaises dans les années 30, le choix de la défaite », sans parler de son remarquable « Industriels et banquiers pendant l’occupation ». Enfin, concernant De Gaulle, je ne suis pas de ceux qui lui vouent la moindre admiration, j’en sais trop sur l’homme et ses petitesses, comme vous pouvez le comprendre, ici
http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=266
Vous devez compléter vos lectures.

grellety
grellety
18 années il y a

J’ajoute que, très probablement, il s’agit d’une stratégie, une pierre, plusieurs coups. Car, au mois de juin, M. Le Pen va être jugé pour des propos – et donc des sentiments et des idées, contraires à l’honneur et à la mémoire des souffrances des Français, de la Résistance, et que M. Sarkozy prend soin, ainsi, de prendre ces distances avec le leader d’un parti dont tant d’adhérents et de sympathisants ont voté pour lui.

JC.Moreau
18 années il y a

M. Grellety,
Ne vous chagrinez donc pas tant pour ma capacité de lecture. Lorsque j’emploie le terme « insidieusement », ce n’est que pour mieux vous inciter à exposer votre position sans détour, et ainsi lire sous votre plume que « que les fondements psychologiques, organisationnels, politiques et philosophiques de la Résistance appartiennent, relèvent, tous, d’une pensée de gauche »; ce qui est nettement plus explicite que vos allusions initiales aux « valeurs » et aux « principes » de gauche supposées avoir été détournées.
Pour ce qui est de compléter mes lectures, je vous promets de faire un effort, mais il faudra me laisser le temps de surmonter mes a priori quant à une historienne qui ne dissimule pas son militantisme communiste. Je tâcherai également de ne pas tenir compte des critiques formulées à son encontre par René Rémond et Stéphane Courtois (notamment auteur de « Le PCF dans la Guerre »), selon lesquelles, in fine, cette historienne semble partager nombres d’affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson.
En échange de bons procédés, promettez moi de lire l’ouvrage de Wieviorka… (ne serait-ce que le chapitre intitulé « La politique d’abord? »).

grellety
grellety
18 années il y a

Nous faisons des choix dans la vie. Si le militantisme communiste de Mme Lacroix-Riz vous dérange au point de ne pas lire ses travaux et de vous confronter aux faits qu’elle a permis de révéler, libre à vous, et de vous sentir mieux auprès de penseurs de droite et d’extrême-droite. Car René Rémond (paix à son âme !) et Stéphane Courtois ne sont pas, pour moi, des modèles, ni en terme de sens politique, ni en terme de rigueur scientifique et historique. Des affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson ? Vous vous ridiculisez avec de telles affirmations, mais vous pouvez continuer si cela vous chante à vous discréditer publiquement ainsi ! Surtout que, après l’élection de M. Sarkozy, vous êtes du bon côté de l’ornière…
Quand j’aurais le temps, je lirai ce chapitre dont vous m’avez parlé, mais j’ai d’autres priorités, le « Présumé Jean Moulin » de Jacques Baynac dont je vais parler prochainement, et « Le Juif Mendès France » de M. Gerard Boulanger, dont je parlerai aussi dans les prochaines semaines.
Enfin, vous pouvez ajouter à vos lectures l’ouvrage de M. Fabrizio Calvi, « Le Festin du Reich » dont j’ai parlé ici :
http://jeanchristophegrellety.typepad.com/lactionlitteraire/2007/03/le_festin_du_re.html

grellety
grellety
18 années il y a

Le lien pour le Festin du Reich est à suivre avec mon nom.

Thib
Thib
18 années il y a

Cher Grellety,
je te remercie pour la perle:
« Car René Rémond (paix à son âme !) et Stéphane Courtois ne sont pas, pour moi, des modèles, ni en terme de sens politique, ni en terme de rigueur scientifique et historique »
Non c’est vrai René rémond n’est pas une référence en histoire, c’est seulement un des plus grands historiens du XXème siècle, qui aura réellement marqué le monde de l’histoire et pas seulement, notamment grâce à son ouvrages sur les Droites en France.
Mais bon, de même que Zidane n’est pas une référence en foot ou Yehudi Menuhin en violon, René rémond n’en est pas une en histoire, ça me semble évident.
Merci donc Grellety pour ces remarques judicieuses, qui sont plus que surprenantes venant d’un professeur. Pensée unique, manichéisme, bref anti-histoire, voilà ce qui caractérise tes articles et tes commentaires. Surtout que j’ai le regret de te rappeler que les communistes ne sont pour la plupart d’entre eux entrés en Résistance qu’après l’attaque de l’URSS par Hitler. Ils enfurent les premiers surpris, puisqu’ils s’accomodaient jusque là parfaitement de la présence allemande en France. (On peut d’ailleurs te rappeler à cet effet le zèle dont certains militants communistes ont fait preuve pour saboter le matériel militaire français avant 1939; personnellement je trouve ça étrange, comme manière de lutter contre le fascisme).
Quant aux principes et valeurs de gauche qui ont guidé la Résistance, deux remarques:
– comme te l’a fait remarqué M. Moreau, ce n’est pas du tout ça que tu as écrit dans ton article (difficile de résister aux pulsions propagandistes)
– en + ça ne veut rien dire. La Résistance a été très diverse. comme tu l’as dit du bout de la langue, il y avait des gens d’extrême droite dans la Résistance (La Rocque par exemple). La raison en est qu’ils avaient une haine pour l’Allemagne, étant eux même anciens combattants. Il y avait aussi des catholiques (on en compte bcp parmi les Justes), comme L’abbé Pierre. Et il y avait aussi beaucoup de patriotes, plutot de tradition de droite: compare le taux de personnes d’origine noble dans la résistance avec le taux de nobles dans la société, tu seras surpris du résultat.
Et puis bon, toi qui aimes la rigueur historique, je ne saurais te rappeler que la France ne respectait pas la dichotomie simpliste résistants / collabo. Il y avait de nombreux attentistes, des maréchalistes sans autant être pétainistes. Il y en avait aussi qui espéraient pouvoir reprendre la guerre (Weygand)…
Enfin bref, tout ça pour te dire que ton article vaut rien. Et ce n’est même pas parce que tu es de gauche que je dis ça. J’ai moi-même JP Azéma en prof cette année, et je peux t’assurer que même s’il est engagé gauche, c’est un historien exceptionnel 😉 Prends de la graine.

grellety
grellety
18 années il y a

Thib, ton jugement n’a aucune valeur ni importance pour moi, venant, en sus, d’un anonyme de plus ! Non, René Rémond n’est certainement pas l’un des plus importants historiens du 20ème siècle, contrairement à tout ce que la propagande d’Etat et catholique peut tenter de nous faire croire à son sujet. Son jugement méprisable et méprisant sur le remarquable travail de Madame Lacroix-Riz dans « Industriels et banquiers » le juge lui-même ! Mais on peut comprendre qu’un homme aussi sinistre, froid et engagé dans le catholicisme ait été si gêné qu’une historienne lui rappelle ou lui fasse découvrir des faits qu’il aurait voulu ignorer ou taire !
Un professeur, ce n’est pas nécessairement un béni oui-oui, même si la mode est à l’observance de la pensée politiquement correcte et parisienne, qui dit amen aux « vérités révélées » de l’Eglise catholique ou de quelques « grandes » écoles dans lesquelles son influence est encore trop importante. Un professeur, professeur d’histoire et historien, a pour vocation et devoir de s’intéresser aux faits, et ce sont ces faits qui ont posé tant de problèmes à M. Rémond et à tous ceux de sa clique.
Les communistes français s’accomodaient de la présence allemande en France ? Le bourrage de crâne a bien marché avec vous, et désormais, vous en êtes colporteur. C’est terrible d’être pris en flagrant délit d’imbécillité. L’URSS a certes passé un pacte avec l’Allemagne afin de se donner du temps pour préparer une guerre que les dirigeants soviétiques savaient inévitables. Les soviétiques connaissaient Hitler et le nazisme, la volonté du leader nazi d’étendre « l’espace vital » à l’est, et sa haine du communisme. En France, les communistes étaient traqués par la Gestapo, la police française, un nombre important d’entre eux avaient été arrêtés, et les députés communistes avaient été interdits de vote en juillet 40 le jour où députés et sénateurs devaient décider de soutenir ou de s’opposer à l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain !
Quant à ce que vous déclarez sur le sabotage du matériel militaire français avant 40 par des communistes, c’est tout simplement scandaleux, parce qu’il s’agit d’une propagande de l’époque, émise et diffusée par l’extrême-droite synarchique et cagoularde qui a pris le pouvoir en France en 38-39, alors que ce sont eux qui ont saboté l’effort de guerre français, lançé par le Front Populaire, contrairement à ce que les historiens de droite ont toujours raconté.
Je constate que vous biberonnez à une histoire d’extrême-droite, et je n’en suis pas surpris, cela pullule en France ! Mais sachez qu’ici, et ailleurs, vous trouvez et trouverez des citoyens sérieux qui ne vous laisseront pas colporter vos mensonges.
Je pense que c’est vous, déjà, qui êtes venu sur ce blog pour nous servir ce genre d’assertions, « compare le taux de personnes d’origine noble dans la résistance avec le taux de nobles dans la société, tu seras surpris du résultat ». Car, comme le taux de nobles par rapport à la population française était très faible, il n’était guère difficile qu’il soit un peu plus élevé dans la Résistance, MAIS ceci ne doit pas dissimuler des faits extrêmement graves concernant la noblesse française, c’est qu’une part essentielle de ses familles et de ses forces s’est, au contraire, engagée, mais, au MAXIMUM, du côté des pétainistes et des nazis, comme tant d’ouvrages d’histoire, dont le dernier de Fabrizio Calvi, le démontrent.
Weygand qui espérait pouvoir reprendre la guerre…, quand on sait, comme Gérard Boulanger l’a démontré, qu’il fut l’un des plus insupportables défaitistes en juin 40, à Bordeaux, qu’il a conspiré pour que les armées françaises soient reconnues comme défaites, …
Ce n’est ni mon article, ni surtout les travaux auxquels je fais référence qui ne valent rien, mais votre culture historique. Je vous invite à ne pas vous permettre ce genre de familiarité, « prends en… », je ne vous connais pas, j’ai ce bonheur et ce plaisir. Et comme vous êtes un couard, un lâche qui publie des commentaires anonymes, sachez que le prochain, s’il ne mentionne pas vos nom et prénom, ne sera pas publié.

JC.Moreau
18 années il y a

M. Grellety,
Vous me voyez contraint de vous appeler à mon tour à une lecture plus soutenue de mes propos.
Lorsque j’écris, au sujet de Madame Lacroix Riz, que  » Je tâcherai également de ne pas tenir compte des critiques formulées à son encontre par René Rémond et Stéphane Courtois (notamment auteur de « Le PCF dans la Guerre »), selon lesquelles, in fine, cette historienne semble partager nombres d’affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson », cela ne constitue nullement une affirmation.
Il ne s’agit que de vous livrer en toute franchise mes réticences quant à cet auteur, au même titre que vous me faites partager les vôtres, dans des termes par ailleurs nettement moins nuancés, quant à René Rémon et Stéphane Courtois.
Enfin, pour revenir plus précisément à ce sombre 10 juillet 1940, il apparaît que sur 538 députés et sénateurs « de gauche » (dont 132 absents), 294 contre 73 seulement votèrent les pleins pouvoirs à Pétain (1). Ce qui, a priori, tend à remettre en cause la thèse d’une Résistance consubstantielle à la gauche… Mais, j’ose espérer que nous serons au moins d’accord sur ce point, le vote des pleins pouvoirs à Pétain (auquel seulement 5% de la droite s’opposa) ne fut pas nécessairement synonyme d’une adhésion collaborationniste, comme en atteste par ailleurs les parcours personnels des différents parlementaires ayant voté ce tragique « oui » après 1940.
(1) cf « Les orphelins de la République », précité, p.124.

JC.Moreau
18 années il y a

S’agissant de la position du PCF lors de la signature du pacte germano-soviétique, les propos tenus ultérieurement par Auguste Lecoeur ( alors secrétaire fédéral du Pas de Calais) sont tout de même assez « parlant »:
« Rien n’était plus naturel pour un militant communiste comme moi que de défendre la politique de l’Union Soviétique. Voilà un aspect psychologique de ce comportement qui demande à être expliqué… Mon attachement au Parti résultait avant tout de mon enthousiasme pour la Révolution Russe et de ma confiance dans l’Union Soviétique et le Parti bolchevik… Aussi aberrant que cela puisse paraître, sur un stade, j’était rempli d’aise qu’un Soviétique l’emportât sur un Américain, un Anglais ou même un Français. En 1939, pour un communiste, les choses étaient toutes simples. Les pays capitalistes avaient voulu entraîner l’URSS dans un guet-apens, et l’URSS, à temps, avait retourné contre eux leurs propres armes. Si l’intérêt supérieur de l’Union Soviétique exigeait qu’elle traite avec l’Allemagne fasciste, en quoi cela pouvait-il me gêner ?… »
cf « La Direction du PCF dans la Clandestinité (1941-44) », Emmanuel de Chambost,aux éditions l’Harmattan.

grellety
grellety
18 années il y a

M. Moreau, il serait intéressant, si tant est que nous puissions continuer à dialoguer, ce qui n’est pas certain, que vous cessiez de prendre votre interlocuteur pour un imbécile. C’est un état d’esprit très déplaisant, et très français, et je constate que vous êtes sur le « bon » chemin de la réussite universitaire et donc sociale, car ce très grave état d’esprit caractérise une part non négligeable de nos « élites ».
Lorsque vous écrivez que « cette historienne semble partager nombres d’affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson », à qui la comparez-vous ? A un « négationniste », c’est-à-dire à un homme qui, pour ses propos et ses affirmations, a été condamné en justice, puisque sa conviction centrale et principale est qu’il n’y a eu ni projet ni réalisation du projet d’une extermination des juifs d’Europe dans les camps d’extermination. Vous reconnaissez ne pas connaître les travaux de Madame Lacroix-Riz, et vous vous basez sur des « on dit » – mais qui est ce « on » ? Si ce n’est l’extrême-droite française et européenne, notamment ukrainienne, qui, ensemble, mettent en cause cette historienne pour son analyse de ce qu’elle appelle la pseudo famine ukrainienne du début des années 30. Parce qu’elle a démontré, PREUVES A L’APPUI, une fois de plus, que ce que la presse européeenne et française a relaté au début des années 30 sur cette famine était une opération de propagande internationale initiée par les Nazis, pour discréditer l’URSS et en raison des intérêts qu’ils portaient à l’Ukraine. De toute façon, pour que vous vous fassiez votre propre avis sur le sujet, vous n’avez qu’à étudier cette affaire, tant en allant examiner les textes et la documentation qu’elle expose sur son site :
http://www.historiographie.info/
qu’en allant faire des recherches sur d’autres sites. Mais oser la comparer à Faurisson est révoltant en sachant que Madame Annie Lacroix-Riz est juive, que certains des siens ne sont pas revenus des camps, et que son professionnalisme est reconnu dans le monde entier, y compris par des universitaires américains pourtant peu susceptibles de sympathie ou d’attrait pour le communisme et les communistes.
Je vous invite à ne pas publier des commentaires publics comme ceux que vous venez de publier, car ils portent atteinte à votre sérieux et à votre honneur, il faudrait que vous le mesuriez.
Concernant l’affaire du vote des pleins pouvoirs à Pétain, j’ai déjà analysé et répondu à ce que vous affirmez ici (cf. le lien avec mon nom). Pour résumer, ce n’est pas la Chambre de Front Populaire qui a voté ces pleins pouvoirs puisque les Sénateurs ont pris part à ce vote, et que les Sénateurs, à l’époque comme aujourd’hui, étaient majoritairement de droite. Ce sont les radicaux qui ont basculé de ce côté-là, mais les radicaux étaient des alliés « opportunistes » du Front Populaire, auxquels ils s’étaient joints, pour mieux étouffer, contrôler, limiter, la portée d’une politique de gauche. Ils n’appartenaient pas à la gauche, mais à un centre-droit, et nombre d’entre eux ont été d’ardents pétainistes et collaborationnistes.
Quant à ce que vous citez sur Auguste Lecoeur, peut-on en conclure une généralité ? Est-ce que TOUS les communistes de France pensaient comme lui ? Ceux que le parti avait dressé dans l’obéissance absolue, sans doute. Les autres, certainement pas ! Sans compter que, comme je l’ai rappelé, mais il semble que vous soyez un peu sourd, le pacte de non-agression relevait d’une stratégie pour mieux gagner du temps. Evidemment, ce n’est pas avec des documentaires comme ceux de M6 sur Staline que l’on peut comprendre cela, puisque selon les scribes de ce programme, Staline aurait été surpris par l’attaque. En somme, en sus d’être un monstre, Staline était parfaitement idiot ? ! Car il est bien connu que, pour durer à la tête de l’URSS avec le génie machiavélique qu’on lui connaît, il fallait être idiot !
Enfin, ce serait oublier que ce sont les victoires de l’Armée Rouge qui ont tellement affaibli l’Allemagne nazie, jusqu’à ce qu’elles pénètrent à Berlin, que son immense toile d’araignée sur l’Europe a pu s’effondrer. Car, à l’Ouest, la résistance allemande contre les Alliés fut assez remarquable pour durer, durer, …, et il fallait terminer cette guerre au premier semestre 45, sans cela l’Allemagne nazie aurait eu la capacité de frapper et les Alliés et l’Armée Rouge avec les premiers avions à réaction ainsi qu’avec ses missiles longue portée.
Pour cette victoire, des millions de soldats soviétiques sont morts, d’autres, emprisonnés par les Allemands, ont vécu un calvaire, et les Soviétiques ont été très durs avec les soldats allemands faits prisonniers, mais ce ne sont pas eux qui avaient commencé dans la barbarie.

JC.Moreau
18 années il y a

M. Grellety,
Afin que nous puissions poursuivre sereinement cette discussion, je vous saurai gré de ne pas multiplier à l’excès vos jugements sur ma propre personne, jugements fort vite établis à partir des quelques bribes que je dépose ça et là sur votre blog.
Comme je vous l’ai précisé, je ne connais effectivement pas les travaux de Madame Lacroix-Riz et vous ai fait part, en toute bonne foi, de mes préjugés sur celle-ci, qui ne se fondent nullement sur les propos d’auteurs d’extrême droite… à moins que Réné Rémond et Stéphane Courtois soient à vos yeux de cette famille politique, affirmation qui me semblerait pour le moins téméraire.
Pour revenir sur le vote du 10 juillet 1940, la main mise de la droite sur le Sénat est un fait inconstestable. De même qu’il n’est pas contesté que les députés socialistes ont voté les pleins pouvoirs à Pétain à 87 voix contre 29 (et je vous parle bien ici des députés socialistes, et non des sénateurs et députés radicaux socialistes, qui ont effectivement voter les pleins pouvoirs à 77% des effectifs radicaux présents lors du vote). Mais vous savez comme moi que ce vote répondait à des enjeux politiques franco-français mâtinés d’attentisme ou/et d’opportunisme, et ce à gauche comme à droite.
Reste que l’on ne peut déduire du vote du 10 juillet 1940 une ligne de démarcation entre une résistance consubstantielle à « la gauche » comme vous l’affirmez.
En termes de responsabilité politique, la gauche ne peut se dédouaner sur le seul fondement du vote massif des pleins pouvoirs par la droite, qui recélait également pour cette dernière, au même titre que pour la gauche, un expédient pour tenter de solder les querelles politiques d’avant-guerre.
Enfin s’agissant de la nature opportuniste du pacte de non-agression, je vous ai bien « entendu ». Tout comme le PCF l’entendit dans le même sens en s’opposant au gouvernement Daladier à compter d’octobre 39, alors même que l’effort de guerre aurait nécessité l’unité nationale.

grellety
grellety
18 années il y a

Mes jugements sur votre propre personne ? Mais je ne vous ai pas jugé ! Je vous ai prévenu, rappelé, que vous tenez des propos publics, et que certains portent atteinte à votre propre honneur et à votre rigueur intellectuelle. D’ailleurs, comme par hasard, vous ne répondez pas sur ces aspects dans lequels vous vous êtes piégez tout seul !
S’il y eut des députés et des sénateurs socialistes pour voter les pleins pouvoirs à Pétain, les seuls qui n’ont pas voté sont à 90% de gauche ! Donc, vous tenez absolument à mettre dans le même sac la droite et la gauche de l’époque, mais l’immense majorité des votants de droite ont soutenu ce vote – et cela ne vous pose pas de problème ?
Enfin, pour revenir à l’essentiel, c’est-à-dire aux formes d’opposition et à la Résistance contre l’Allemagne nazie, ce sont essentiellement des mouvements, des hommes de gauche qui les ont porté, avec, en face d’eux, des hommes de droite entrés dans la Collaboration, par convictions idéologiques. Depuis 36, ces hommes-là avaient répété, avec les Cagoulards, « Plutôt Hitler que Blum » ou « Plutôt Hitler que Staline », et ils s’en sont donnés à coeur joie pour collaborer, que ce soit par la traque des militants et résistants de gauche, ou par la collaboration économique dont vous découvrirez l’ampleur si vous lisez les travaux de Madame Lacroix-Riz. En attendant que vous ayez fait ce travail de lecture, d’analyses et de réflexion, je crois que vous devriez vous abstenir de commenter, car vous ne semblez pas le mesurer, mais je vous assure que vous vous ridiculisez aux yeux de ceux qui ont étudié et qui étudient cette période.
Le gouvernement Daladier était noyauté par le mouvement de la synarchie et les Cagoulards, et il ne préparait nullement « l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie », puisque des membres de ce gouvernement, en accord avec des généraux, estimaient que l’ennemi véritable n’était pas l’Allemagne nazie mais l’URSS !
En allant sur votre blog, je me suis aperçu que vous avez pour référence le Cocker, et je ne suis désormais pas surpris de lire vous votre plume des textes et des idées qui naviguent entre la droite et l’extrême-droite. Cela fait beaucoup pour un seul homme.
Concernant René Rémond et Stéphane Courtois, je les considère, si, comme des auteurs qui se trouvent à la frontière de ce qui sépare la droite historique, classique, et l’extrême-droite. Certains des aspects de leurs personnalités, de leurs convictions et de leurs références relèvent bien de l’extrême-droite.

JC.Moreau
18 années il y a

M. Grellety,
Afin que nous puissions poursuivre sereinement cette discussion, je vous saurai gré de ne pas multiplier à l’excès vos jugements sur ma propre personne, jugements fort vite établis à partir des quelques bribes que je dépose ça et là sur votre blog.
Comme je vous l’ai précisé, je ne connais effectivement pas les travaux de Madame Lacroix-Riz et vous ai fait part, en toute bonne foi, de mes préjugés sur celle-ci, qui ne se fondent nullement sur les propos d’auteurs d’extrême droite… à moins que Réné Rémond et Stéphane Courtois soient à vos yeux de cette famille politique, affirmation qui me semblerait pour le moins téméraire.
Pour revenir sur le vote du 10 juillet 1940, la main mise de la droite sur le Sénat est un fait inconstestable. De même qu’il n’est pas contesté que les députés socialistes ont voté les pleins pouvoirs à Pétain à 87 voix contre 29 (et je vous parle bien ici des députés socialistes, et non des sénateurs et députés radicaux socialistes, qui ont eux voter les pleins pouvoirs à 77% des effectifs radicaux présents lors du vote). Mais vous savez comme moi que ce vote répondait à des enjeux politiques franco-français mâtinés d’attentisme ou/et d’opportunisme, et ce à gauche comme à droite.
Reste que l’on ne peut déduire du vote du 10 juillet 1940 l’existence d’une résistance consubstantielle à « la gauche » politique comme vous l’affirmez.
En termes de responsabilité politique, la gauche ne peut en effet se dédouaner sur le seul fondement du vote massif des pleins pouvoirs par la droite, qui recélait également pour cette dernière, au même titre que pour la gauche, un expédient pour tenter de solder les querelles politiques d’avant-guerre.
Ps : Le jour où je vous « prendrai pour un imbécile », M. Grellety, c’est que vous m’en aurez convaincu, et nos échanges prendront naturellement fin. Mais je doute que vous parveniez à me persuader un jour d’être atteint d’une quelconque carence intellectuelle.
PS2: S’agissant de Madame Lacroix-Riz, j’ai bien parlé d’affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson, et non d’une adhésion de cette dernière aux résultats des « travaux » de ce dernier. J’ose imaginer que,malgré votre précédent commentaire, vous saisissez la nuance considérable qu’il existe entre les deux assertions. (Mais je veillerai les fois prochaines à vous faire part de mes réserves sous forme d’interrogation, cela froissera peut-être moins votre admiration pour l’intéressée et vous incitera à me lire avec moins d’empressement… et peut-être même à vous soucier moins de ma réputation et de mon honneur, dont je me soucie fort peu, du moins à hauteur de ce que je revendique le droit à l’erreur jusqu’à démonstration probante de celle-ci).
J’ajouterai donc à cela, sachant que j’ai précisément rapporté les possibles « affinités méthodologique avec le sieur Faurisson » qu’évoque Courtois et Rémond (auquel vous me pardonnerez d’apporter encore quelque crédit), que je discerne mal en quoi la « judéité » de Madame Lacroix Riz lui vaudrait certificat de probité en matière de recherche historique?
Un point positif toutefois, vous m’avez convaincu de me pencher plus sérieusement sur les travaux de Lacroix Riz, ne serait-ce que pour alimenter cette passionnante discussion.

JC.Moreau
18 années il y a

Pardonnez moi pour le doublon partiel, une regrettable erreur de manipulation.

JC.Moreau
18 années il y a

« S’il y eut des députés et des sénateurs socialistes pour voter les pleins pouvoirs à Pétain, les seuls qui n’ont pas voté sont à 90% de gauche ! Donc, vous tenez absolument à mettre dans le même sac la droite et la gauche de l’époque, mais l’immense majorité des votants de droite ont soutenu ce vote – et cela ne vous pose pas de problème ? »
Ce qui me pose problème est cette inclinaison à ne retenir que la part infime du vote négatif aux pleins pouvoirs, et d’en déduire aujourd’hui une règle générale qui devrait bénéficier à l’ensemble de la gauche contemporaine. Politiquement, l’opposition à Pétain n’a pas fait l’unanimité à gauche, c’est un fait incontestable. De même qu’il est incontestable que la droite a produit un plébiscite à Pétain. Ce qui me chagrine dans votre raisonnement, c’est d’une part votre persistance à affranchir l’ensemble de la gauche de l’époque de sa responsabilité politique en vous fondant sur sa minorité « résistante », et d’autre part, de ne pas vous employer à déceler les motivations du vote « droitier » au jour du 10 juillet 40, qui récèle les mêmes ambivalences que le vote de « gauche » ce même jour.
PS: Au sujet de ce passage « En allant sur votre blog, je me suis aperçu que vous avez pour référence le Cocker, et je ne suis désormais pas surpris de lire vous votre plume des textes et des idées qui naviguent entre la droite et l’extrême-droite. Cela fait beaucoup pour un seul homme. »…
Excepté le référencement du Stalker sur mon blog, qui m’a fort généreusement prêté audience à l’occasion de l’affaire Vajda Chazal ainsi que lors du procès intenté à Charlie Hebdo, pourriez vous m’indiquer ce qui dans mes différents textes, ou interventions sur votre propre blog, vous semble susceptible d’être catalogué d’extrême droite?
Le fait de ne pas embrasser votre point de vue en intégralité renverrait-t-il nécessairement votre interlocuteur à l’extrêmité de l’échiquier politique?

grellety
grellety
18 années il y a

C’est curieux, parce que j’ai précisément l’impression que vous continuez de vous moquer de votre interlocuteur :
« PS2: S’agissant de Madame Lacroix-Riz, j’ai bien parlé d’affinités méthodologiques avec le sieur Faurisson, et non d’une adhésion de cette dernière aux résultats des « travaux » de ce dernier. J’ose imaginer que,malgré votre précédent commentaire, vous saisissez la nuance considérable qu’il existe entre les deux assertions. »
Pourquoi parler d’affinités méthodologiques, puisque vous avez reconnu ne pas connaître le travail de Madame Lacroix-Riz, si ce n’est pour sous-entendre que affinités méthodologiques valaient… ? Ce qui est grave, c’est que vous ne connaissez pas le travail de Madame Lacroix-Riz, qui est une historienne qui élabore son travail sur des sources (archives nationales, françaises, allemandes, anglaises, …), et que vous osez établir et une comparaison et un lien entre elle et Faurisson, alors que, précisément, celui-ci n’est pas un chercheur sérieux, mais un idéologue d’extrême-droite qui est allé au bout d’une logique de négation des crimes commis par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale.
La judéïté de Madame Lacroix-Riz ne lui fournit aucun crédit de probité en matière de recherche historique, mais ne peut être mêlé de près ou de loin à un quelconque « négationnisme » alors que, perfidement, vous osiez le rapprochement entre elle et Faurisson !

JC.Moreau
18 années il y a

« Pourquoi parler d’affinités méthodologiques, puisque vous avez reconnu ne pas connaître le travail de Madame Lacroix-Riz, si ce n’est pour sous-entendre que affinités méthodologiques valaient… ? »
M. Grellety, ne vous en déplaise, il y a dans mon esprit une distinction très nette en la notion d’affinité et celle d’adhésion.

grellety
grellety
18 années il y a

De toute façon, il n’y pas d’affinités méthodologiques !

bernard
bernard
18 années il y a

Moi j’aurais 2 questions :
Guy moquet fut-il un résistant ? Fut-il arrêté prce qu’il était communiste ?

grellety
grellety
18 années il y a

Deux choses : d’abord, « Bernard », je rappelle que, dorénavant, je ne publie plus de commentaires dont les auteurs sont anonymes, qui fournissent des adresses mail bidons.
Sinon, il est facile de répondre àv votre question :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Moquet
A vous de dire s’il fut résistant, s’il fut arrêté ET fusillé parce qu’il était communiste…!
Mais la réponse est : OUI !

bernard
bernard
18 années il y a

POur le moment je ne vois pas de preuves qu’ils aient été un « résistant ». Le fait qu’il ait été communiste ne suffit pas à faire de lui un résistant.
L’article Wiki dit qu’il a été arrêté puis fusillé en représaille à l’exécution d’un officier allemand par 3 jeunes communistes.
Cela prouve que des communistes furent bien « résistants » mais ne prouve pas que Guy moquet fut résistant bien qu’il fut communiste.
Cela étant j’ai lu qu’il était « membre des jeunesses communistes et des Francs-Tireurs et Partisans, la résistance communiste »
(source : http://lewebpedagogique.com/histoire/guy-moquet-et-nicolas-sarkozy-de-lusage-de-lesprit-de-resistance/ )
Pouvez vous confirmer cette appartenance, n’étant pas un spécialiste de la résistance communiste ?
Cordialement
PS : je corrige l’adresse mail.

grellety
grellety
18 années il y a

Evidemment, si votre définition du « résistant » se confond avec celle du héros qui réussit des coups extraordinaires, etc…, alors il y a eu peu de résistants parmi les résistants ! Mais qu’est-ce que cela signifie avoir été résistant, en France, pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Beaucoup de femmes n’ont pas accompli d’actes de combats, mais elles ont porté, caché, de la nourriture, pour d’autres résistants, du courrier, des armes. Cela peut paraître « peu », mais c’était beaucoup, étant donné l’importance de ces actes pour la vie de la Résistance, étant donné les risques encourus, car j’espère que vous savez que les Nazis n’étaient pas des tendres en général, alors, à l’égard des femmes qu’ils arrêtaient…
Le jeune Guy Moquet s’est d’emblée inscrit dans l’opposition au national-socialisme en France, à ses serviteurs collaborationnistes, et je ne lui vois qu’un tort, celui de ne pas avoir été assez prudent, puisqu’il a pu être facilement « raflé », avant d’être offert par Pucheu, à ses bourreaux. Il ne fut pas un résistant comme Jean Moulin le fut, il ne fut pas un résistant comme Georges Guingouin le fut, comme tant d’autres, moins connus, mais pourtant auteurs d’actes de résistance et de bravoure remarquables, mais il fut un résistant, à sa manière, et il en est mort. Que vous faut-il de plus ? ou de moins… ? !

JC.Moreau
18 années il y a

Si Guy Môquet a indéniablement un résistant « à sa manière », ne serait-ce que parce qu’il a donné sens à sa mort innomable, affirmer qu’il « s’est d’emblée inscrit dans l’opposition au national-socialisme en France » me semble relever de la gageure, à plus forte raison si elle s’appuie sur le présupposé que le Parti communiste serait « d’emblée » entré en résistance contre l’occupant…
A ce sujet, je me permets de vous renvoyer à l’article ci-après: ,http://lecrachoir.hautetfort.com/archive/2007/05/25/guy-moquet.html

JC.Moreau
18 années il y a

L’article en question est à consulter en suivant le lien associé au nom du présent commentaire.

grellety
grellety
18 années il y a

Les vrais communistes, ceux et celles qui l’ont été par idéal, ceux et celles qui l’ont été sans suivre aveuglément les mots d’ordre des chefs, dans une logique hiérarchique qui contredisait et contredit fondamentalement l’égalité entre les camarades, ceux-là n’ont pas eu besoin que Moscou, au lendemain de l’attaque allemande, leur donne ordre, pour résister. Sans compter que, comme je l’ai déjà rappelé, les communistes étaient aux yeux des nazis et de leurs amis collaborateurs pétainistes LES ennemis, que nombre d’entre eux, d’abord en Allemagne, puis en France après juin 40, ont été arrêtés, torturés. Georges Guingouin, pour ne citer que lui, mais il y en eut tant, comme Jean-Pierre Vernant, ont résisté dès les premiers jours de la défaite de juin, et Guy Mocquet l’a fait à sa manière, et oui, il s’est d’emblée inscrit contre le national-socialisme qui le lui rendait bien, et qui a fini même par le tuer, alors… Alors, vous coupez les cheveux en quatre, et pendant ce temps-là, nous ne parlons pas des ardents collaborateurs…

JC Moreau
18 années il y a

M.Grellety,
Que des militants communistes se soient engagés en rupture avec la ligne du Parti communiste est un fait indéniable, et il faudrait être d’une particulière mauvaise foi pour rendre comptable les authentiques résistants des errances des partis auxquels ils ont pu « appartenir », ou plus exactement dont les partis se sont réclamés par la suite… Mon propos dans l’article « Guy Môquet ou le Grand soir des légataires » ne s’inscrit absolument pas dans une telle optique: il ne s’agit que de préciser la position du Parti communiste, en tant qu’institution, dans les années sombres. Il s’agit de rétablir une vérité historique méticuleusement occultée par le climat passionnel entretenu autour de l’histoire du jeune Guy Môquet, érigée par Thorez et consorts en alibi moral de leurs errances de 39-41…
Enfin lorsque vous dites que « Guy Môquet (…) s’est d’emblée inscrit contre le national-socialisme qui le lui rendait bien, et qui a fini même par le tuer… », il me semble que vous sacrifier bien vite les éléments factuels dont nous disposons à un syllogisme pour le moins partisan.
PS/A titre subsidiaire, le sujet de votre note n’était pas tant la collaboration que l’affirmation péremptoire selon laquelle la gauche aurait eu la paternité exclusive de l' »esprit de la Résistance ». Or, cette manoeuvre qui consiste faire de la Résistance le creuset renouvelé de la bipolarisation de la vie politique française m’apparaît définitivement être un procédé au mieux inconséquent, au pire malveillant, et dans les deux cas indigne d’un intellectuel.

grellety
grellety
18 années il y a

« Que des militants communistes se soient engagés en rupture avec la ligne du Parti communiste est un fait indéniable… », cela va mieux en le disant, et ils furent très nombreux.
« il ne s’agit que de préciser la position du Parti communiste, en tant qu’institution, dans les années sombres »
La direction du Parti a écouté et suivi aveuglément les ordres de Moscou; donc, avec et après le lancement de « Barbarossa », la direction a rejoint les communistes qui avaient engagé ces mouvements et ces actions de résistance sans attendre. Le Parti Communiste français a donc passé la moitié de la guerre dans cette situation-là, c’est tout de même à son honneur quand tant ont perdu le leur, je pense aux membres de l’Action Française et notamment à Charles Maurras.
« il me semble que vous sacrifier bien vite les éléments factuels dont nous disposons à un syllogisme pour le moins partisan. »
Décidément, je n’aime guère votre façon de parler, car, non, je ne SACRIFIE pas les éléments factuels, sinon, prouvez le, au lieu de le proclamer !
Oui, la gauche, les gauches, ont la paternité exclusive de « l’esprit de la Résistance ». Les rares hommes de droite qui ont réellement résisté l’ont fait aux côtés d’une majorité d’hommes et de femmes de gauche, et pour des principes, des idées et des projets de gauche, comme le CNR les a exposé, dans son programme, pour la Libération, et dont certains éléments attendent toujours, 60 ans plus tard, qu’ils soient mis en oeuvre, je pense à ce qui concerne l’indépendance des médias, la non-concentration de ces mêmes médias dans les mêmes mains. Comme par hasard, les prétendus héritiers de ces rares hommes de droite qui ont pu résister en se rassemblant autour de De Gaulle s’assoient sur ce principe, comme ils n’hésitent pas à remettre en cause la Sécurité Sociale. La Libération en France n’a pas été gaulliste ni gaullienne, et De Gaulle n’a cessé de s’opposer à la volonté populaire et démocratique de cette gauche, avec les résultats brillants que l’on sait lorsqu’il fut au pouvoir. Quand je parle de la gauche, je ne parle pas de la gauche des partis dont certains membres trahirent, avant, pendant et après la guerre, leurs partis, leurs « idées » et leurs amis, je pense notamment à la nécessaire décolonisation qui, après 1945, aurait dû être préparée et réalisée, en douceur, et avec intelligence, y compris contre les colons extrémistes qui nous ont coûté si chers, qui ont une telle part de responsabilité dans « le rejet de la France ».
Concernant la dite « manoeuvre », il n’y en a pas, puisqu’il y a une affirmation, répétée et assumée, de cette lecture et de cette évidence historique, à savoir que la Résistance s’inscrit dans les principes et les actions de la gauche populaire. Ce qui est indigne d’un intellectuel, c’est de prétendre se prononcer sur de tels sujets, sans avoir écrit, publié, parce que travaillé, dessus. Pour ma part, vous pouvez consulter le millier de notes publiées sur ce blog, et vous verrez que j’ai fait ce travail. Et je vais le continuer, et dès aujourd’hui, avec le cas Maurras.

JC.Moreau
18 années il y a

« Décidément, je n’aime guère votre façon de parler, car, non, je ne SACRIFIE pas les éléments factuels, sinon, prouvez le, au lieu de le proclamer ! »
M. Grellety, je vous ai fourni nombre d’éléments factuels qui invalident la thèse d’un Guy Môquet s’étant « d’emblée » inscrit dans la résistance contre l’occupant. A ceux-ci, vous avez brièvement répondu que je « coupais les cheveux en quatre »…
Pour ma part, ne vous en déplaise, le procédé qui consiste à présenter la Résistance comme un ensemble unitaire et politiquement homogène constitue une « manoeuvre », bien que le terme de propagande soit plus approprié.
A ce sujet, vous pourrez notamment consulter l’ouvrage « La Résistance mosaïque » de Jean-Claude Pouzet (aux éditions Jeanne Laffitte), qui traite de l’atomisation de la Résistance dans le pays d’Aix, et démystifie par ailleurs la légende d’une Résistance parfaitement hiérarchisée sous l’égide de De Gaulle.
Ps: « Ce qui est indigne d’un intellectuel, c’est de prétendre se prononcer sur de tels sujets, sans avoir écrit, publié, parce que travaillé, dessus.Pour ma part, vous pouvez consulter le millier de notes publiées sur ce blog, et vous verrez que j’ai fait ce travail. »… Manière de me signifier que peu importent les arguments opposés pourvu que l’on puisse se réclamer d’une certaine ancienneté? Le procédé n’est-il pas un brin paternaliste?
Ceci étant dit, si vous pouviez m’indiquer parmi votre « millier de notes » celles qui démontreraient par exemple (un parmi d’autres…) que des groupes tels que l’ORA étaient « politiquement » de gauche…

grellety
grellety
18 années il y a

Non, vous ne m’avez pas fourni « nombre d’éléments » ! Où cela et lesquels ? ! La Résistance, un ensemble « unitaire » ? Certainement pas, puisqu’il y eut une majorité de mouvements de gauche et une minorité d’acteurs de droite, elle ne fut donc pas unitaire; par contre, en raison de la domination de ces mouvements et de ces hommes de gauche, elle fut « politiquement homogène », car ils étaient d’accord sur ce que deviendront les principes et les projets du CNR, mais évidemment pas avec les acteurs de droite de la Résistance, minoritaires je le rappelle jusqu’au retour de De Gaulle qui s’est arrangé pour les placer au premier plan…
Je ne suis pas surpris que l’ouvrage que vous indiquez « La Résistance mosaïque » prouve que ces mouvements étaient autonomes ET coordonnées et qu’ils n’entendaient pas se soumettre à De Gaulle qui a réalisé un holp-up sur la Résistance pendant et au sortir de la guerre, ce qui lui fut facilité par l’absence de Jean Moulin.
Le procédé peut être un « brin » ou même plus paternaliste, mais il est vrai qu’il est assez étonnant de voir que vous pouvez adopter un ton péremptoire sur un sujet que vous maîtrisez mal et que vous avez moins étudié que je ne l’ai fait ! Alors, faites votre et ce travail, et nous en reparlerons dans quelques années…

JC.Moreau
18 années il y a

M.Grellety,
Pour tout individu respectueux de son interlocuteur, à plus forte raison lorsque l’on a « étudié » le sujet qui nous préoccupe, l’honnêteté intellectuelle exige que l’on étaye son propos d’un minimum de sources bibliographiques. Or, vous êtes singulièrement avare de ces éléments qui pourraient donner quelque poids à vos affirmations, quand j’avance nombre de références pour soutenir mon propos.
Vous affirmez qu’une minorité d’ « hommes de droite » ont été résistants, sans fournir la moindre donnée statistique sur cette question.
Vous affirmez que Guy Môquet s’est d’emblée engagé dans la Résistance contre l’occupant… évidence que vous ne démontrez nullement, quand je produis un article dûment sourcé qui atteste que ce qui est pour vous une évidence procède en réalité d’une falsification de l’Histoire.
Vous attribuez la paternité exclusive de la Résistance à la Gauche en vous fondant pour cela sur les projets politiques dont s’est doté le CNR… laissant entendre que l’ensemble des résistants seraient devenus des hommes de gauche en 1943. Or, l’ensemble des ouvrages dont j’ai fait mention au cours de cette discussion démontre l’absence d’homogénéité politique de la Résistance, et atteste de ce que ce mouvement souffre d’être encadré dans la logique binaire que vous entendez lui appliquer. Les ouvrages de Noguères et de Pouzet, comme celui de Wieviorka sont à ce titre exemplaires et reposent, eux, sur un véritable travail de recherche, mené par des individus pour qui les réponses ne précédaient pas les interrogations).
Bref, après la surenchère de suffisance et de légèreté intellectuelle dont vous avez fait preuve tout au long de cette conversation, le modeste interlocuteur que je suis s’en va gaiement vers des lieux plus propices à la discussion, dont le concept même semble vous être étranger, de même que les règles élémentaires de la courtoisie. En vous souhaitant toutefois que ce qui n’est aujourd’hui qu’un paternalisme diffus ne devienne un gâtisme avéré.

grellety
grellety
18 années il y a

A bon entendeur, salut, mais vous ne me manquerez pas !
Je vous ai répondu sur les références bibliographiques, dois-je y revenir ?
« Le choix de la défaite », de Madame Annie Lacroix-Riz
« A mort la gueuse », de Gérard Boulanger
« Le Festin du Reich », de Fabrizio Calvi
« Présumé Jean Moulin », de Jacques Baynac.
Est-ce être avare ? Mes références ne sont pas vos références, ni bibliographiques, ni humaines, ni politiques. Concernant l’établissement d’une liste sur les résistants français, voici ci-dessous ce qu’expose la page de Wikipedia qui est consacrée à la Résistance française. Il est bien établi qu’il est exact que des hommes de droite sont devenus des résistants, mais qu’il s’agit là de choix individuels, et qu’ils se sont ainsi différenciés des autres hommes de droite qui, eux, collaboraient, directement ou non, passionnémernt ou non.
Qui était « la France combattante » ? :
« Dès la fin de la guerre, 250 000 cartes de Combattants Volontaires de la Résistance sont distribuées aux candidats présentés par les 45 mouvements homologués de la Résistance française et les 270 réseaux de la France Combattante – qui dépendaient directement du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de Londres. Selon cette définition administrative, les membres des réseaux du Special Operations Executive (SOE) ne sont pas comptabilisés puisqu’ils dépendaient d’une puissance étrangère, le Royaume-Uni. Certains mouvements ont été plus laxistes que d’autres pour donner leur agrément à des candidats douteux[2]. »
Je pourrais évoquer les 1038 compagnons de la Libération, mais chacun sait, le savez-vous, qu’il s’agit d’un ordre largement gaulliste qui comprend des hommes dont les actions de lutte contre l’occupant nazie et la valeur ne sont pas forcément supérieurs à d’autres qui, eux, ne font pas partie de cette liste. Lorsque je parle de la Résistance, je parle de l’ensemble de ces hommes et de ces femmes qui ont REELLEMENT lutté contre l’occupant nazi, et je maintiens que la majorité d’entre eux soutenait les idées et les mouvements de gauche, et, pour beaucoup, au sortir de la guerre, étaient communistes – quoique le parti, quoique l’URSS, ne soient nullement absolument admirables et respectables. Je comprends tout à fait que, comme intellectuel de droite, vous soyez très gêné par ces faits historiques. Il y a quelques jours à peine, vous reconnaissiez ne pas avoir lu les travaux remarquables de Mme Annie Lacroix-Riz, et néanmoins vous permettre de la juger, de critiquer ses travaux, …
Chacun jugera où se trouve cette surenchère de suffisance et cette légéreté intellectuelle que vous dénoncez, mais si vous continuez sur cette voie, vous vous enfoncerez toujours plus.
Concernant Guy Mocquet, j’ai beau cherché, je ne trouve aucune référence explicite qui prouve quoi que ce soit.
La Résistance communiste [modifier]
Article détaillé : Histoire du parti communiste français (1938-44): La Seconde Guerre mondiale.
Réunion du secrétariat du PCF clandestin en 1943, à Longjumeau (Seine-et-Oise)de gauche à doite : Benoit Frachon, Auguste Lecoeur, Jacques Duclos et Charles Tillon
Réunion du secrétariat du PCF clandestin en 1943, à Longjumeau (Seine-et-Oise)
de gauche à doite : Benoit Frachon, Auguste Lecoeur, Jacques Duclos et Charles Tillon
Le Parti communiste a été dissout en septembre 1939, après la conclusion du pacte germano-soviétique; depuis, l’appareil du parti survit dans la clandestinité.
Jusqu’en avril 1941, les communistes renvoient dos à dos les belligérants britanniques et allemands, mais à partir de juin 1941, l’invasion de l’URSS par les Allemands jette les communistes français dans la lutte contre l’occupant. L’expérience de la clandestinité donne alors aux communistes une longueur d’avance sur les autres mouvements.
Les moyens militaires des communistes sont encore très faibles, en août 1941 lorsque Fabien commet le premier attentat symbolique contre un officier allemand, mais les communistes développent rapidement un mouvement de résistance armée, les Francs-tireurs et partisans français (FTPF), dirigé par Charles Tillon. Ouvert aux non-communistes, les FTPF restent toujours sous contrôle communiste.
Il en est de même du Front national, mouvement de résistance politique, organisé par profession. Le plus gros maquis français, celui du Limousin est d’obédience communiste et dirigé par Georges Guingouin qui a formé ses premiers groupes de sa propre initiative. Par la suite, faisant passer les règles de cloisonnement inhérentes à la clandestinité avant la discipline de parti, Guingouin conserve toujours une grande indépendance vis-à-vis des structures de son parti.
Des communistes sont également présents dans des mouvements de résistance non communistes. Ce sont souvent des militants qui n’occupaient pas, avant-guerre, une place centrale dans l’appareil du parti et qui, privés de contact avec le parti clandestin, ont eu l’opportunité de rallier un autre mouvement. Le parti les a ensuite encouragés à rester dans ces organisations. Par exemple, Jean-Pierre Vernant, universitaire qui termine la guerre comme responsable Forces françaises de l’intérieur (FFI) de 9 départements du Sud-Ouest a désavoué le pacte germano-soviétique et avait rejoint le mouvement Libération.
La Résistance socialiste [modifier]
Nombreux dans la Résistance, les socialistes sont moins visibles en tant que tels car, contrairement aux communistes, ils lient rarement la reconstitution du parti et l’adhésion à des mouvements de résistance. La résistance socialiste est plus dispersée, en grande partie parce que la SFIO elle-même était incomparablement moins centralisée que le PCF, reposant bien davantage sur les élus et cadres locaux.
À la fin de l’été 1940, Daniel Mayer est chargé par Léon Blum de reconstituer la SFIO, mise en sommeil par Paul Faure. En mars 1941, Daniel Mayer crée, avec d’autres militants socialistes comme Suzanne Buisson et Félix Gouin, le Comité d’action socialiste (CAS), à Nîmes. Un CAS avait été créé par Jean-Baptiste Lebas pour le Nord-Pas-de-Calais (administrativement rattaché à la Belgique) en janvier 1941, et un autre, fondé en septembre 1940, couvre la zone nord. En 1942, Le Populaire, organe de la SFIO de 1921 à 1940, reparaît dans la clandestinité. La même année, André Philip devient commissaire national à l’Intérieur de la France libre, et Félix Gouin rejoint Charles de Gaulle à Londres pour représenter les socialistes. Suite au procès de Riom, l’ardeur et le nombre des résistants socialistes s’accroissent. Le CAS-sud devient la SFIO clandestine en mars 1943. Les CAS fusionnent en juin. Issu de la SFIO, Pierre Brossolette est en contact avec le CAS-sud, puis la SFIO clandestine, parallèlement à ses activités à la Confrérie Notre-Dame.
Les militants socialistes sont hégémoniques à Libération Nord, dans les réseaux de renseignements issus de ce mouvement (Phalanx, Cohors-Asturies) et dans le réseau Brutus de Gaston Defferre, qui sont les principaux relais de la SFIO clandestine auprès de la France libre et de la Résistance intérieure. L’Organisation civile et militaire, glisse de la droite vers le socialisme tout au long de la guerre, suite à la participation croissante de socialistes (comme Jacques Piette et Guy Mollet), et aux arrestations de membres fondateurs. Par contre, l’engagement de plus en plus important des socialistes à Libération-Sud, où il représentent presque la moitié des adhérents, se traduit par une influence politique moindre.
Plusieurs parlementaires de la SFIO jouent un rôle important dans la Résistance, notamment Jean Biondi, Jean Bouhey, Édouard Froment, Lucien Hussel, Jules Moch, Jean Pierre-Bloch et Tanguy Prigent. François Camel et Marx Dormoy sont assassinés ; Jean-Baptiste Lebas, Isidore Thivrier, Claude Jordery et Augustin Malroux meurent en déportation. Parmi les résistants socialistes, se trouvent également des hommes d’appareil, comme Amédée Dunois, rédacteur du Populaire clandestin, mort à Bergen-Belsen.
La droite dure, l’extrême droite et les vichysto-résistants [modifier]
D’une façon générale, les gens inclinés à s’engager pour une cause, c’est-à-dire les militants, sont particulièrement bien représentés dans la Résistance.
Avant-guerre, on désigne sous le terme d’extrême-droite les Ligues, comme l’Action Française, d’inspiration monarchiste, antisémite et xénophobe, ou encore Solidarité Française et les Jeunesses Patriotes. La Ligue la plus importante n’est autre que les Croix-de-feu du colonel de La Rocque, la seule aussi à refuser l’antisémitisme, bien plus modérée, et surtout formée d’anciens combattants. Les Ligues se caractérisent par leur antiparlementarisme, qui les poussent à l’action de rue, par exemple lors des émeutes du 6 février 1934, à laquelle La Roque refuse toutefois de se joindre. Plus tard encore, La Cagoule, une organisation paramilitaire et activiste, cultive plutôt l’action séditieuse clandestine et complote contre la République jusqu’à son démantèlement en 1937.
A l’instar de Charles Maurras, fondateur de l’Action française pour qui la chute de la République est une « divine surprise », ces milieux d’extrême-droite accueillent très favorablement le Régime de Vichy. Mais leur nationalisme pousse également certains de ses membres à s’engager dans la lutte contre l’occupant, en même temps que d’autres s’engagent dans des mouvements collaborationnistes ou peuplent l’entourage de Pétain à Vichy.
Ainsi, le colonel de La Rocque fonde le réseau Klan, lié au réseau Alibi lui-même lié à l’Intelligence service britannique. Georges Loustaunau-Lacau et Marie-Madeleine Fourcade, d’anciens Cagoulards, fondent le réseau Alliance, tandis que le colonel Groussard, issu des services secrets de Vichy, fonde le « réseau Gilbert ». Certains membres de l’Action française s’engagent dans la Résistance pour les mêmes raisons, comme Daniel Cordier, devenu le secrétaire de Jean Moulin, ou comme le colonel Rémy, fondateur de la Confrérie Notre-Dame, un des plus célèbres chefs de réseaux de renseignements. Il faut citer encore Pierre Bénouville qui devient l’un des dirigeants de Combat, aux côtés d’Henri Frenay, ou Jacques Renouvin qui fonde les groupes-francs du mouvement.
En général, le contact clandestin avec d’autres milieux et d’autres philosophies politiques fait beaucoup évoluer la plupart de ces hommes. Beaucoup renoncent progressivement à leurs préjugés antisémites ou à leur haine de la « démocrassouille », ou tout simplement à leurs opinions traditionnalistes et conservatrices. Bénouville et Marie-Madeleine Fourcade deviennent députés gaullistes après la guerre, François Mitterrand passe à gauche, Henri Frenay évolue vers un socialisme humaniste et européen, le jeune Daniel Cordier, dont la famille est maurassienne depuis trois générations, abandonne ses opinions après avoir connu le républicain Jean Moulin.
Jean-Pierre Azéma a forgé le terme vichysto-résistant pour qualifier ceux qui, après avoir cru dans le régime de Vichy (plus souvent dans la personne même de Pétain que dans la Révolution nationale), s’en sont détachés « sans esprit de retour » et ont rejoint la Résistance. Cette catégorie ne recouvre pas exactement la droite dure et l’extrême droite. L’ancien cagoulard Claude Hettier de Boislambert rejoint de Gaulle dès l’été 1940, Maurice Ripoche (fondateur de Ceux de la Libération) défend, initialement, un régime très semblable à Vichy, mais, plaçant la libération du territoire au-dessus de tout, n’entre pas dans l’administration pétainiste, et ouvre dès 1941 le mouvement à des hommes de gauche. À l’inverse, tous les résistants passés par Vichy ne renient pas leurs idées, comme Gabriel Jeantet ou Jacques Le Roy Ladurie.
Les vichysto-résistants rejoignent la lutte contre l’occupant :
* Dès 1940/41 pour Pierre Bénouville et Henri Frenay, et rompent ensuite, à partir de 1942 notamment, avec les principes de Vichy.
* Après le retour de Pierre Laval au pouvoir, en avril 1942, ou l’invasion de la zone libre, en novembre de la même année, comme les fondateurs de l’ORA ou François Mitterrand.
* Après la création de la Milice, en janvier 1943, et la défaite de Stalingrad, le mois suivant, comme François Valentin.
Outre les noms déjà cités, peuvent être mentionnés, parmi les vichysto-résistants, Maurice Clavel, Maurice Couve de Murville, Michel Debré et Alexandre Sanguinetti.
Les antifascistes [modifier]
À l’opposé de l’extrême droite sur l’échiquier politique, les antifascistes, nombreux chez les universitaires, ont un rôle important dans la fondation du mouvement Libération : Emmanuel d’Astier de la Vigerie, principal dirigeant du mouvement est journaliste. Jean Cavaillès, philosophe et mathématicien de l’université de Strasbourg, rencontre d’Astier et Lucie Aubrac à Clermont-Ferrand où l’université s’est repliée.
Les intellectuels antifascistes sont nombreux également, autour de Jean Cassou et Boris Vildé dans ce qu’on a appelé le réseau du musée de l’Homme, dont le premier bulletin Résistance est diffusé dès décembre 1940. C’est dans cette mouvance que l’on peut classer des franc-maçons comme Pierre Brossolette et François Verdier.
Les chrétiens [modifier]
Dans la France de 1940, la majorité de la population est encore catholique. On retrouve donc des chrétiens, sans motivation religieuse exprimée, dans presque toutes les catégories citées comme courant de la Résistance. Mais tandis que d’un côté, l’épiscopat, le clergé et la majorité des milieux catholiques représentent un des meilleurs soutiens au maréchal Pétain[17], d’un autre côté, certaines mouvances de la Résistance sont motivées par un fort ancrage catholique, comme par exemple Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l’une des composantes du mouvement Combat, ou les Cahiers du Témoignage Chrétien fondés par le père Pierre Chaillet. Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d’agir aux côtés de la Résistance. Les mouvements chrétiens voient se regrouper des catholiques et des protestants et contribuent à renforcer les tendances à l’œcuménisme.
Les juifs [modifier]
Comme il est dit plus haut et de par le sort que leur promettaient les Allemands, les juifs furent sur-représentés à tous les niveaux de la Résistance. Aussi beaucoup d’entre eux se battirent-ils au sein des organisations et réseaux non-juifs. Toutefois, les spécificités de la menace qui planait sur tous les juifs ont incité certains d’entre eux à se regrouper pour secourir les internés dans les camps français (Beaune-la-Rolande, le camp des Milles, etc…), favoriser les filières d’évasion, la confection de faux papiers et lutter pour la libération. Les premiers réseaux clandestins se sont formés autour des Eclaireurs Israélites de France dès 1941 et de l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE). Une résistance militaire s’organise aussi autour de l’Armée juive (qui deviendra à la Libération l’Organisation Juive de Combat ou OJC) qui prend le maquis dans la Montagne Noire près de Castres[18]. L’OJC participe au combat de la Libération notamment à Castres et au Puy-en-Velay et sera intégrée aux FFI. Un de ses dirigeants, Maurice Loebenberg dit Maurice Cachoud, responsable de la confection des faux-papiers dans la région de Nice est appelé par le MLN à Paris pour y centraliser le service des faux papiers. A la suite d’une trahison, il y est arrêté par la Gestapo française et torturé à mort en juillet 1944.
* voir aussi le paragraphe « Réseaux de juifs étrangers » ci-dessous.
Les étrangers [modifier]
Réseaux de Juifs étrangers [modifier]
Beaucoup de réfugiés politiques étrangers n’ont guère le choix : l’internement administratif promis aux étrangers, ou la Résistance. Lorsqu’ils sont communistes, ils forment ce qu’on appelle des unités des FTP M.O.I (Francs Tireurs Partisans de la Main d’œuvre Immigrée). Le groupe FTP MOI de Joseph Epstein et Missak Manouchian qui pratique la guérilla urbaine dans la région parisienne et sera rendu célèbre par l’affiche rouge, placardée sur les murs en janvier 1944, comprend un grand nombre de juifs d’Europe centrale.
Article détaillé : Main-d’œuvre immigrée.
Plusieurs Juifs étrangers se joignent aux réseaux de sauvetage de leurs corelegionnaires, comme Marianne Cohn.
Les Espagnols « rouges » [modifier]
Dans les maquis du Sud-Ouest, on trouve un grand nombre de républicains espagnols, communistes ou anarchistes ; on y trouve aussi le bataillon Gernika, composé de réfugiés basques ressortissants espagnols. En Bretagne, des républicains espagnols sont également actifs, comme Roque Carrion et ses camarades.
Des Italiens antifascistes [modifier]
Le 6 septembre 1941, des représentants du Parti communiste et du Parti socialiste d’Italie, réfugiés en France, signent l’« appel de Toulouse », puis le « pacte de Lyon », le 3 mars 1943, qui scellent l’unité d’action dans la Résistance.
Des Allemands dans la Résistance, en France [modifier]
Communistes et antifascistes allemands et autrichiens participent également à la Résistance, notamment dans l’organisation Travail allemand.
Un maquis d’antifascistes allemands (principalement communistes) lutte, en Haute Lozère et dans les Cévennes (maquis de Bonnecombe et de Marjevols, puis maquis « Montaigne »), aux côtés de la Résistance française, à partir du printemps 1943. Il se constitue autour d’une quarantaine d’anciens des Brigades internationales. D’abord employés dans les G.T.E. (Groupes de Travailleurs Etrangers), ils sont ensuite menacés ensuite par l’occupation de la zone Sud et prennent le maquis. Il est dirigé par Otto Kühne (nom de résistant « Robert »), ancien député au Reichstag, qui aura, en juillet 1944, plus de deux mille FTP sous ses ordres. Il livra bataille directement contre les forces nazies, comme lors des combats du 7 et 8 avril 1944, à Saint-Etienne-Vallée-Française (Lozère), où ils anéantissent une patrouille de la Felgendarmerie ou dans une embuscade contre les Waffen SS, le 5 juin 1944, à La Rivière (Lozère).
Les syndicalistes [modifier]
Le 9 novembre 1940, Le gouvernement de Vichy dissout les organisations syndicales ouvrières et patronales. La CGT et la CFTC n’existent plus officiellement. René Belin, « Secrétaire à la Production Industrielle et du Travail » du gouvernement du Maréchal Pétain, instaure un système de syndicat unique basé sur le corporatisme. Ancien membre du bureau confédéral de la CGT, il en a démissionné le 9 mai 1940 pour se rallier, le 14 juillet, au régime de Vichy, en acceptant un poste gouvernemental.
Dès le 15 novembre, des trois dirigeants syndicalistes de la CFTC et neuf de la CGT signent le Manifeste des Douze[19] qui est un texte de défiance vis-à-vis du gouvernement de Vichy. Evitant à la fois toute allégence au régime de Vichy et à toute opposition catégorique, l’esprit du document est marqué par le souci de préserver l’indépendance du syndicalisme (« Le syndicalisme ne peut pas prétendre absorber l’Etat. Il ne doit pas non plus être absorbé par lui »). D’autre part, le document (et sur ce point il s’oppose frontalement à l’idéologie de Vichy) rejette avec force toute conception raciste : « En aucun cas, sous aucun prétexte et sous aucune forme, le syndicalisme français ne peut admettre entre les personnes de distinctions fondées sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions ou l’Argent ».
En novembre 1940, Louis Saillant, Christian Pineau et Albert Gazier, tous trois membres du bureau confédéral de l’ex-CGT participent à la fondation du mouvement de Résistance « Libération-Nord ».
De leur coté, Benoit Frachon, André Tollet, Eugène Hénaff et quelques autres dirigeants exclus de l’ex-CGT en septembre 1939, pour avoir refusé de condamner le Pacte germano Soviétique, et qui avaient échappé aux recherches de la police française, reprennent, dans des conditions aggravées, le travail clandestin déjà amorcé dans la « drôle de guerre ». Ils vont assurer la publication et la diffusion régulière d’une presse syndicale clandestine, la Vie Ouvrière principalement : 338 numéros clandestins de ce journal paraîtront pendant la durée de l’occupation. Sous leur impulsion, dès la fin de l’été 1940, ont lieu des manifestations de chômeurs devant les Mairies de la région parisienne. Bientôt des grèves pour les salaires éclateront dans certaines entreprises.
La réaction de l’occupant et de ses séides français ne tarde pas. Le 5 octobre 1940, 63 anciens responsables de grands syndicats et de fédérations sont arrêtés, parmi lesquels la plupart de ceux qui seront fusillés à Chateaubriant un an plus tard. Quelques jours après, Jean-Pierre Timbaud, dirigeant de la métallurgie parisienne est pris à son tour.
A partir du 17 mai 1941, des pourparlers sont engagés entre les syndicalistes de l’ancienne CGT et ceux de l’ancienne CGTU. Ils ont lieu à Paris. Les deux tendances entamment un processus de rapprochement. Celui-ci se confirme le 22 septembre 1942 avec la rencontre à Cahors entre Léon Jouhaux, en présence de Louis Saillant, pour les ex-confédérés, et Pierre Semard, secrétaire de l’ancienne Fédération des Cheminots et militant communiste. A la suite de cet entretien, Georges Buisson est dépéché à Londres, pour y représenter la CGT auprès du Comité français de Libération nationale présidé par le Général De Gaulle. Vichy ne se trompe pas sur le danger que représente pour lui ce rapprochement. Le 26 septembre 1942 il fait arrêter Léon Jouhaux, ainsi que Vivier-Merle, secrétaire de l’U.D. du Rhône, et tente de mettre la main sur Perrier, secrétaire de l’UD du Puys de Dôme. Mais ces arrestations n’interrompent pas les pourparlers, si bien que le 17 avril 1943 les Accords du Perreux, signés par Robert Bothereau et Louis Saillant pour les ex-confédérés, et Henri Raynaud et André Tollet pour les unitaires, réunifient la CGT.
D’une façon générale, les syndicalistes sont souvent bien placés pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillent pour l’armement allemand. Les réseaux relationnels constitués d’anciens syndicalistes peuvent également servir à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance. Gaston Cusin réactive ses réseaux de douaniers qu’il a déjà mis en œuvre pour faire de la contrebande en faveur des républicains, du temps de la guerre d’Espagne. Il va réussir à détourner de l’or de la Banque de France au profit de la France libre[20]. Il retrouve Christian Pineau à Libération Nord.
Des formes de résistances à contre-courant de l’union nationale [modifier]
Certains groupes sociaux ou politiques, parce qu’ils étaient très minoritaires dans le pays ont eu une influence négligeable dans l’évolution de la Résistance française. Tel est le cas des trotskistes. Ils ont cependant mis en place des formes particulières de résistance au nazisme en organisant un travail politique clandestin en direction des soldats de l’armée allemande.
Article détaillé : Trotskistes français durant la Seconde Guerre mondiale.
C’est aussi le cas des anarchistes. Quelques-uns se rallient à la France libre, quelques autres adhèrent aux réseaux de la Résistance intérieure. Une résistance proprement anarchiste a été le fait, principalement, de Jean-René Saulière, avec la diffusion de tracts, le collage nocturne d’affiches et la reconstitution clandestine de la Fédération internationale syndicaliste révolutionnaire. Cette résistance anarchiste est hostile à Vichy et au nazisme, mais aussi à l’URSS et à la France libre[21].

grellety
grellety
18 années il y a

La Résistance et les Français, un cycle de six colloques, 1993-1996
Robert FRANK
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Texte intégral
Ces dernières années, les historiens français de la Seconde Guerre mondiale ont beaucoup investi de leurs compétences sur l’histoire de Vichy, ce qui était tout à fait légitime du fait des enjeux de la mémoire. Après quelques décennies d’occultation de certaines réalités qui font mal à la conscience française – la collaboration d’État, l’antisémitisme du régime du maréchal Pétain, sa complicité avec les basses œuvres du génocide -, il était normal et souhaitable que les chercheurs fissent leur travail d’élucidation. Aujourd’hui, la société civile a pris le relais, jusqu’à intégrer et à rendre « obsessionnels » ces noirs souvenirs. Si Vichy constitue « un passé qui ne passe pas »1, la raison en est à chercher moins du côté de ce passé – qui ne révèle plus beaucoup de secrets – que du côté du présent, qui feint de redécouvrir à l’occasion de chaque « affaire » ce que les scientifiques écrivent déjà depuis vingt ans. Les médias font semblant de croire que tout n’a pas été dit sur Vichy, alors que le « dit » est constamment répété, mais vite oublié pour fabriquer un étonnement sans cesse recommencé. Il est naturel qu’un sentiment de culpabilité génère, après une phase de silence, une période « obsessionnelle » de répétition. Tout se passe comme si, contre le « non-dit » mythique, la parole ne peut rien. Ce qui prouve que la science réveille la conscience, mais qu’elle est souvent impuissante à la soigner. Il est également certain qu’en regard de la demande sociale, le chercheur doit malgré tout assurer le « service après-vente » de sa recherche. Néanmoins, sa fonction principale est de chercher la vérité inédite, et son métier consiste à découvrir plus qu’à exorciser. Bref, la recherche doit avancer.
Voilà pourquoi un groupe d’historiens a souhaité revenir sur un chantier un peu délaissé depuis quelque temps, celui de l’histoire de la Résistance, et organiser sur ce thème un cycle de six colloques en 1993-1996.
Le moment est en effet venu de sortir du discours commémoratif, de passer au stade de la recherche scientifique et de l’analyse critique. Quitte à soulever des questions qui, après un temps de latence de dix ou quinze ans, risquent de créer de nouvelles interrogations sociales, répétitives à l’envi. La tâche n’est pas aisée pour l’historien. Car, s’il fait son travail, il doit assumer sa fonction de chasseur de mythes et de casseur d’images d’Épinal. Or, comment démystifier la Résistance sans risquer de la délégitimer ? Avec Vichy, le chercheur s’attaquait à un tabou ; avec la Résistance, il risque davantage, car il touche directement au sacré. Avouons-le, il est moins difficile de procéder au démontage scientifique des ressorts de la collaboration d’État et de la révolution nationale, qui mettent en cause des personnages ayant vraiment peu de dispositions à susciter la sympathie, que d’entreprendre la dissection nécessairement impudique d’actions d’hommes et de femmes qui forcent l’admiration. Heureusement, enjeu civique et logique scientifique peuvent converger. C’est ce que le Recteur Philippe Joutard a rappelé à l’ouverture du premier des six colloques, celui de Toulouse en décembre 1993 : de même que « l’on ne combat pas le négationnisme avec des sentiments », de même l’éducation civique, en matière de Résistance, ne peut se fonder que sur « une histoire scientifiquement établie ». Le ton était donné pour que le dialogue, voire la confrontation, entre chercheurs et témoins fût digne et fructueux.
Le pari qui est à la base de tout ce projet est le suivant : renouveler l’historiographie de la Résistance, grâce au dépouillement de nouvelles archives, qui, restées longtemps difficiles d’accès, s’ouvrent aujourd’hui plus aisément, et grâce à de nouvelles approches déjà éprouvées sur d’autres champs. Alors qu’entre 1945 et 1975, l’historiographie de la Résistance a privilégié l’étude de ses organismes centraux, celle de ses mouvements et de ses réseaux les plus importants, l’objectif est maintenant d’examiner également la Résistance « vue d’en bas ». L’optique, à cet égard, est de s’inscrire dans une problématique assez semblable à celle qui a inspiré le colloque consacré à Vichy par l’IHTP en juin 1990 : au thème de « Vichy et les Français » répondrait donc celui de « La Résistance et les Français », c’est-à-dire une histoire à la fois politique et sociale de la Résistance, une analyse historique des rapports entre les résistants et la société française.
Cette recherche implique avant tout une réflexion sur le concept de Résistance. Qu’est-ce que résister ? Peut-on donner une définition historique de ce phénomène ? Le second objectif est d’effectuer une étude des lieux et milieux. Comment la réalité résistante prend-elle vie, réussit-elle à s’enraciner dans le terreau social ? Il en résulte la nécessité d’entreprendre un examen anthropologique du phénomène résistant que François Bédarida appelait de ses vœux dès 19862. Comment les Résistants s’accommodent-ils de la culture politique dans laquelle ils évoluent ? Quels sont les rites et pratiques de l’action clandestine ? Une approche nouvelle de l’histoire de la Résistance passe enfin par l’étude des phénomènes de représentations et de mémoire. Quelle perception la Résistance a-t-elle d’elle-même au fur et à mesure qu’elle se développe ? Quelle image en ont les Français de l’époque ? et dans quelle mesure ces représentations ont-elles influencé la réalité contemporaine ? puis forgé certains mythes destinés à durer et à construire la mémoire de cette période ?
Le premier colloque, dont les maîtres d’œuvre ont été Jean-Marie Guillon et Pierre Laborie, s’est tenu à l’Université de Toulouse-Le Mirail les 16, 17 et 18 décembre 1993. Il a exploré et décliné les thèmes qui viennent d’être esquissés. La définition même du concept de Résistance a nourri de nombreux débats. Le schéma présenté par François Bédarida, fondé sur la recherche de l’idéal-type webérien, a eu le grand mérite de susciter la réflexion sur les structures pérennes de la Résistance et d’éviter la dilution de l’objet dans la multitude des faits qui le constituent. La construction conceptuelle, nécessaire pour la quête de l’intelligibilité, risque pourtant fort de ne pas rendre compte de toute la complexité du phénomène résistant. « Comment faire coïncider la définition générale avec ce que l’historien trouve sur le terrain ? », demande Jean-Marie Guillon. Nombre de communications l’ont montré : les motivations de l’engagement sont si différentes et changeantes. Est-ce le patriotisme, l’antigermanisme, l’antifascisme, l’antivichysme qui nourrit le refus originel ? Ce refus lui-même suffit-il à caractériser la Résistance ? Ou faut-il ajouter d’autres notions comme « l’organisation », la clandestinité, le risque, les projets pour l’après-guerre ? En fait, il devient indispensable d’intégrer la chronologie dans la construction de la définition elle-même, qui, finalement, doit être fondamentalement historique. On en arrive à envisager la Résistance comme un « processus » dont les types d’étapes sont à identifier, et dans lequel les actions, les pratiques sont à analyser en fonction des représentations que les Résistants avaient peu à peu de l’enjeu fondamental, à savoir la société française. Pour eux, celle-ci était bien la préoccupation essentielle, surtout au temps où le combat direct avec l’occupant n’était guère possible. Pendant longtemps, les Français étaient la cible principale pour les Résistants, bien plus que les Allemands : comment les faire basculer, les sortir de leur torpeur, les faire rentrer dans la guerre ? Comment transformer l’action d’une poignée de personnes en phénomène agréé par le plus grand nombre ? Cette quête de légitimité est intrinsèque à l’action résistante. Significatif est ce texte adressé à la BBC au début 1941 par les futurs fondateurs de Franc-Tireur, texte cité par Dominique Veillon et Laurent Douzou : « Nous sommes une minorité, mais nous sommes l’expression de la majorité ». Ce rapport entre société et Résistance est donc bien au cœur de toutes les problématiques et il constitue même un des ingrédients de la définition de l’action résistante elle-même.
Une des grandes originalités du colloque de Toulouse a été de faire de la Résistance une question d’anthropologie historique, grâce à l’étude des « milieux » et des micro-sociétés, des phénomènes de « rejet » ou « d’implantation ». Dans cette optique, les « spécificités » régionales ont également été analysées. Le débat a montré que les « variables » résident moins dans les différences d’une région à l’autre que dans les combinaisons différentes d’éléments identiques : voilà pourquoi François Marcot préfère parler de « particularités » plutôt que de « spécificités régionales ». Enfin le colloque de Toulouse a commencé à défricher le champ de l’histoire de la mémoire et des représentations de la Résistance. La dernière demi-journée a prolongé cette réflexion, dans une séance à la fois passionnante et mouvementée, autour d’une table ronde qui donnait la parole à de grands Résistants. Jean-Pierre Vernant, à la fois acteur de la Résistance et historien prestigieux, était le mieux qualifié pour la présider, l’introduire et analyser les tensions et convergences entre « mémoire personnelle », « mémoire sociale » et « mémoire des historiens ». C’est toute la question des rapports entre chercheurs et acteurs, entre historiens et témoins qui était ainsi posée.
Le deuxième colloque a eu lieu à l’Université de Rennes II, les 29-30 septembre et 1er octobre 1994, sous la responsabilité conjointe de Christian Bougeard et de Jacqueline Sainclivier. Il a privilégié deux domaines : ruralité, société, et Résistance ; l’Église catholique et la Résistance. La définition du phénomène résistant a été remis sur le métier, ainsi que l’analyse des rapports entre Résistants et société. François Marcot a introduit une dimension nouvelle : il ne suffit pas d’expliquer la Résistance par l’intentionnalité ; il est indispensable de passer également par l’analyse de la fonctionnalité. Les motivations de l’engagement résistant ne rendent pas compte en effet de la totalité du phénomène. L’individu n’entre pas toujours en Résistance ; c’est souvent la Résistance qui fait appel à lui, en fonction de l’utilité sociale qu’il peut représenter. Cette grille d’analyse renouvelle les interrogations sur la chronologie : tel groupe sociologique entre plus tôt ou plus tard dans la Résistance, non pas parce qu’il est plus ou moins « patriote » (motivations), mais parce qu’il est plus ou moins utile (par ses fonctions) à tel ou tel moment de la guerre. D’où, entre autres choses, cette ruralisation de la Résistance à la fin de la période, et le renversement du rapport villes-campagnes au profit de celles-ci en 1943-1944. D’où également la nécessité de ne pas compter seulement comme résistants les seuls membres des « organisations » résistantes. François Marcot préfère ajouter à la « Résistance-organisation » ce qu’il appelle la « Résistance-mouvement », toute cette nébuleuse d’acteurs de l’ombre, enracinés dans la société, sans lesquels les membres des organisations ne seraient et ne feraient rien. Cette nouvelle lecture permet entre autres choses de réapprécier le poids des femmes dans la Résistance.
Le troisième colloque, organisé les 23-25 novembre 1994 à Bruxelles sous l’égide de Robert Frank et de José Gotovitch, a repris cette problématique, en l’insérant dans une logique comparatiste, dans le cadre des Résistances en Europe du Nord. L’analyse des rapports entre Résistance et société a été enrichie par l’étude du cas norvégien. En Norvège, on parlait moins de « Résistance » que de « front intérieur », celui-ci étant constitué de deux ensembles : les « résistants » au sens étroit du terme, et ce que le professeur Grimmes appelle « l’environnement patriotique », c’est-à-dire l’opinion elle-même, qui, en osmose avec les combattants, le roi et les ministres exilés à Londres, rejette complètement Quisling et les siens. Les Pays-Bas connaissent à peu près la même situation, car la famille royale et le gouvernement incarnent aussi la légitimité à Londres. Avec la France, où le prestige du maréchal Pétain, du « vainqueur de Verdun », a fait écran et brouillé les cartes du « patriotisme », on se trouve en présence d’un cas tout à fait différent. Le processus d’identification de la population avec les Résistants ne peut absolument pas se faire de la même manière : en France, « ils » restent une figure à la troisième personne du pluriel, alors que les Norvégiens pouvaient et peuvent encore aisément dire « nous » en parlant de la Résistance et du « front intérieur ». Néanmoins, cet « environnement patriotique » existe aussi en France, quelles que soient ses relations complexes avec les combattants de l’ombre. C’est toute la problématique du passage de l’un à l’autre qui est à considérer, c’est-à-dire du passage à l’acte. Cette transition entre « opinion » (sympathisante avec les Résistants) et « action » (que ce soit dans la « Résistance-organisation » ou dans la « Résistance-mouvement ») doit être évidemment analysée dans sa perspective chronologique.
Trois autres colloques devront se tenir : le colloque de Besançon, organisé par François Marcot, Janine Ponty, Marcel Vigreux et Serge Wolikow en juin 1995, centrera ses travaux sur la Résistance et la lutte armée ; celui de Paris, organisé en novembre 1995 par Laurent Douzou, Robert Frank, Denis Peschanski et Dominique Veillon, sera consacré à deux thèmes : la Résistance dans les villes et les banlieues, et, d’autre part, les processus de décision et les enjeux stratégiques de la Résistance ; le dernier colloque, en 1996, à l’Université d’Aix-en-Provence, sous la responsabilité de Jean-Marie Guillon, aura, comme celui de Bruxelles, une ambition comparatiste, puisqu’il traitera de la Résistance dans les pays méditerranéens, et un second objectif : dresser le bilan scientifique de la totalité du projet et des six colloques.
La mobilisation de compétences – nationales et internationales – donne au travail entrepris toute son envergure. De plus, le dialogue entre historiens et acteurs de la Résistance est sur le point de se dérouler sur des bases nouvelles. L’esprit critique des premiers ne choque plus les seconds, même s’ils restent en désaccord. Démystificateur par essence, l’historien ne peut prendre tout le témoignage à la lettre ; quant au témoin, porteur d’un vécu personnel, il ne se reconnaît pas toujours dans le discours de l’historien. Pourtant, Serge Ravanel, le grand Résistant, s’est plu à souligner qu’il se retrouvait davantage aujourd’hui dans les descriptions et analyses scientifiques, ce qui n’était pas le cas, a-t-il dit, il y a une quinzaine d’années. Est-ce, comme il le suggère malicieusement, parce que les historiens « ont fait des progrès » ? Ou pouvons-nous lui retourner le « compliment » en nous demandant si ce ne sont pas les Résistants qui ont évolué au contact des historiens ? Il est évident que les chercheurs ont beaucoup appris des acteurs, et que les acteurs, du moins ceux qui suivent les colloques et séminaires organisés par les historiens, ont aussi acquis une vision plus globale de l’histoire qu’ils ont vécue. Au fond, il y a quelque chose d’encourageant dans toute cette aventure intellectuelle : impératif scientifique et enjeux civiques ne sont peut-être pas nécessairement contradictoires.
Notes
1 Voir Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, 1994.
2 François Bédarida, « L’histoire de la Résistance. Lectures d’hier, chantiers de demain », Vingtième siècle, Revue d’histoire, n° 11, juillet-septembre 1986.
Pour citer cet article
Robert FRANK, « La Résistance et les Français, un cycle de six colloques, 1993-1996 », Clio, numéro 1/1995, Résistances et Libérations France 1940-1945, [En ligne], mis en ligne le 26 mars 2003. URL : http://clio.revues.org/document526.html. Consulté le 11 juin 2007.

grellety
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18 années il y a

Et voici ce qu’écrit M. Michel Winock, dans une tribune publiée par Libération :
L’initiative de Nicolas Sarkozy au sujet de la lettre de Guy Môquet nous renvoie à l’utilisation de l’histoire par les hommes politiques. Qu’a voulu faire de ce texte émouvant d’un jeune résistant communiste notre nouveau président ? Sans doute plusieurs choses. En premier lieu se démarquer de la vieille droite : je suis de droite, oui, mais pas de la droite vichyste, collabo, antisémite ; je suis de la droite républicaine.
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* Oui, il faut lire la lettre de Guy Môquet
Le choix du souvenir de Guy Môquet marque aussi un souci de «rassemblement». Il aurait pu choisir un autre martyr, une autre lettre. Aragon avait dédié son poème la Rose et le Réséda à Guy Môquet, le communiste, mais aussi à Gilbert Dru, le démocrate-chrétien, autre fusillé. Choisir le communiste c’est vouloir signifier l’ouverture, le refus de l’esprit partisan. Nous restons là dans la filiation gaulliste. A cela près que le général de Gaulle ne s’est jamais dit de droite (non plus que de gauche). Voilà donc un président qui, pour la première fois, se dit et s’assume de droite. Mais avec quelle mémoire, avec quelle histoire ?
Pour le dire d’un mot : le regard historique de Nicolas Sarkozy pourrait être, à quelques détails prêts, celui d’un homme de gauche. Certes, il entend être oecuménique : «Ma France, c’est le pays qui a fait la synthèse entre l’Ancien Régime et la Révolution, qui a inventé la laïcité pour faire vivre ensemble ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas . » Mais déjà le grand médiéviste Marc Bloch avait dit, avant d’être fusillé par les Allemands, que tout Français vibrait au double souvenir du sacre de Reims et de la fête de la Fédération. C’est au poète communiste Aragon que Nicolas Sarkozy emprunte cette expression de «ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas». Ses références doivent étonner les mânes de Mitterrand : Victor Hugo, Léon Gambetta, Georges Clemenceau, le Zola de «J’accuse», Jean Jaurès, Léon Blum, Jean Moulin, Guy Môquet… Le seul hommage à un homme de droite d’avant le gaullisme, il l’a adressé à Georges Mandel, ancien collaborateur de Clemenceau, et membre de cette droite républicaine honnie de l’extrême droite, qui a fini fusillé par la Milice.
Quelle conclusion tirer d’un tel hommage ? La droite contemporaine a renoncé à son référentiel de droite. Certes, Saint Louis et Jeanne d’Arc ne sont pas oubliés, mais ils appartiennent à tout le monde : jadis les socialistes eux-mêmes revendiquaient Jeanne, cette fille du peuple condamnée par l’Inquisition avant d’être accaparée par la droite cléricale.
Pour la phase proprement républicaine aucune figure de la droite historique n’est citée, ni Albert de Mun, ni Maurice Barrès, ni Paul Déroulède, ni Charles Maurras, ni même Raymond Poincaré ou Antoine Pinay… Tout se passe comme si l’histoire de la droite commençait pour la droite avec de Gaulle.
Il y a ainsi une solution de continuité entre la droite de jadis et la droite d’aujourd’hui : c’est une droite sans mémoire ­ ou de mémoire récente. La dissymétrie est frappante entre elle et la gauche. Celle-ci se voit comme la continuation d’une histoire dont l’origine est la Révolution, et qui se poursuit avec les insurrections de 1830, de 1848, de la Commune de 1871, avec la naissance du Parti socialiste, avec Jaurès, avec le Front populaire, avec Blum… La gauche est surchargée d’histoire, on pourrait dire parfois : encombrée par une histoire qu’elle ne veut pas «trahir». La droite, elle, ne peut se réclamer ni de Mac-Mahon, ni des antirépublicains, ni des antidreyfusards de la IIIe République, ni des ligueurs, ni des pétainistes, ni des colonialistes (souvent de gauche, du reste).
Cette espèce de virginité historique s’explique facilement : la gauche a gagné, ses valeurs originelles sont celles aujourd’hui de 80 % des Français ; la droite les a reprises à son compte dans un mouvement progressif qui a commencé lorsque des anciens dreyfusards comme Poincaré sont devenus des hommes de droite, par opposition aux collectivistes (socialistes et communistes). La chute du régime de Vichy et la démocratisation généralisée des régimes politiques en Europe finissent par rendre obsolètes les idées patriarcales, cléricales, autoritaires, antilibérales (eh oui !) des droites d’autrefois. Le socialisme, un des axes de la gauche, a échoué dans la réalisation de ses promesses utopiques, mais c’est une raison supplémentaire pour que la droite, issue du gaullisme, ne soit plus ­ idéologiquement parlant ­ aux antipodes de la gauche. Pour Le Pen, Jacques Chirac est un président de «gauche», et Sarkozy, par ses discours, lui donne des arguments.
Lors du centenaire de l’affaire Dreyfus, Lionel Jospin avait cru devoir rappeler à ses adversaires de droite que la droite avait été antidreyfusarde. C’était se tromper d’époque. La droite politique d’aujourd’hui ne se reconnaît nullement dans la descendance de la Ligue des patriotes et encore moins de l’Action française. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac ne se disaient pas de droite, mais ils n’en ont pas moins contribué à une nouvelle culture de droite ; Sarkozy en touche les dividendes, cette fois sans renier l’étiquette historiquement abhorrée de «droite». Ainsi les deux récits historiques traditionnels, celui de la gauche et celui de la droite, tendent à se localiser aux extrêmes. L’antagonisme central entre gauche et droite ne relève plus du grand schisme de 1789.
Reste une pomme de discorde : Mai 68. C’est sur cette date que le conflit des interprétations retrouve sens. A une histoire ancienne qui a cessé d’être conflictuelle s’oppose une histoire du temps présent encore profuse d’oppositions sonores. Guy Môquet rassemble, Cohn-Bendit sépare toujours.

Bruno
Bruno
17 années il y a

M. Moreau, je serais très curieux de connaître votre avis sur les travaux d’Annie Lacroix-Riz.
Vous ne devriez pas manifester de réticence à les lire en raison de son penchant communiste, puisque vous n’en manifestez pas non plus à l’égard du catholicisme affirmé de René Rémond (Peu importe qu’il soit reconnu comme un grand historien, ce sont les sources et méthodes qui témoignent de la qualité d’un chercheur, non pas sa réputation).
Vous jugez que M. Grellety n’apporte pas suffisamment d’éléments factuels pour soutenir ce qu’il affirme. Sachez donc que les travaux de Madame Lacroix-Riz vous combleront de ce côté : aucune interprétation n’est avancée sans référence – extrêmement précise – aux sources.
Il suffit de consulter l’index pour constater l’immense travail d’archive qui a été effectué (plus de 2000 références dans son ouvrage « Le choix de la défaite »).
Je trouve ainsi irrespectueux que de tels travaux soient ignorés ou critiqués de manière non scientifique : on reproche par exemple à cette historienne d’avoir une vision trop manichéenne de l’histoire. Certes, mais en quoi cela décrédibilise les archives consultées ?
Je n’ai à ce jour pas constaté un seul travail capable d’infirmer les thèses de Lacroix-Riz sources à l’appui (sources à l’appui = toutes les références indiquées, et non pas simplement le lieu de consultation des archives, qui n’a aucune valeur).
Car l’historien est un scientifique, et uniquement un scientifique. On se moque de savoir si un mathématicien est communiste ou fasciste lorsqu’il applique un raisonnement. Il devrait donc en être de même pour l’historien !
Merci de m’avoir lu.

grellety
grellety
17 années il y a

Comme vous l’indiquez, les travaux et les nouvelles connaissances découvertes, élaborées, exprimées dans ceux-ci par Madame Lacroix-Riz ne font pas l’objet de réponses argumentées, mais simplement d’une mise en cause en raison de son identité. Ceux et celles qui font cela avouent ainsi publiquement leur impuissance. Mais n’est-ce pas étonnant que ces supposés contradicteurs soient incapables de vraiment répondre, puisqu’ils sont piégés par des faits qui sont tels, quantitativement et qualitativement, qu’ils convergent… ? !

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