Le PDG du Printemps loge son bonus à Singapour – Page 2 | Mediapart

Mais les actionnaires du Printemps y ajoutent une récompense supplémentaire : une structure d’investissement, reposant sur des produits financiers hybrides, qui lui « donnera le droit de vendre ses intérêts en cas de sortie dans les mêmes termes et les mêmes conditions que les actionnaires de contrôle », explique le contrat (l'intégralité de son contrat ici). « Nous sommes très excités par votre arrivée au Printemps. Nous pressentons que vous serez un grand actif pour notre groupe », apposent les responsables des sociétés actionnaires, au bas du contrat.

Extrait du contratExtrait du contrat

La mise en place de ce véhicule d’investissement particulier va donner lieu à une foule de courriers, d’échanges entre avocats, actionnaires, et dirigeant. On ne saurait prendre ces choses-là à la légère. La première étape est de définir le type d’investissement. Paolo De Cesare est supposé apporter 1,5 million d’euros dans sa structure personnelle. Dans les faits, il n’apporte rien du tout : ce sont les deux actionnaires du Printemps qui lui prêtent l’argent.

En contrepartie de cette avance, il s’engage à respecter précisément le plan arrêté par les actionnaires : augmenter le chiffre d’affaires et la rentabilité du groupe, et vendre le patrimoine. Si les critères sont respectés, il peut espérer sortir avec 22 millions d’euros, au moment de la vente. Une somme gigantesque comparée aux ressources du groupe. En 2011, la chaîne de grands magasins a réalisé un bénéfice net de 45,5 millions d’euros pour 762 millions d’euros de chiffre d’affaires. 

« Nous croyons que mettre le véhicule (de Paolo De Ceasare) au niveau des actionnaires de Printemps holding Luxembourg est la structure la plus appropriée compte tenu du besoin de confidentialité sur ce sujet et du fait que le placer un étage plus bas impliquerait de l’indiquer dans les comptes consolidés du groupe. Or ces comptes sont publics. Toute divulgation de la participation de M. Paolo De Cesare dans cet instrument ou de tout détail de ce plan doit être évitée », précise une lettre du groupe Borletti à ses actionnaires et à son co-actionnaire RREEF. 

Mais pourquoi vouloir à tout prix cacher ce montage d’intéressement ? Parce qu’il est à la limite extrême de la légalité, et en tout cas guère compatible avec le rôle d’un mandataire social. Car le conflit d’intérêts est patent, surtout au vu des montants en jeu. Tout au long de son mandat, qu’a donc défendu M. De Cesare, les intérêts du Printemps ou les siens propres ? « C’est une situation qui pourrait être qualifiée d’abus de pouvoir », dit l’avocat Dominique Schmidt, en se référant au précédent de l’ancien président de Vinci, Antoine Zacharias, condamné en dernière instance par la Cour de cassation pour avoir voulu toucher un bonus de 15 millions d’euros en plus de sa rémunération de 4 millions et de ses 250 millions de stock-options.

via www.mediapart.fr

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