Derrière l’affaire Cahuzac, la bombe Reyl & Cie | Mediapart

Le compte suisse de Jérôme Cahuzac a déjà fait de sérieux dégâts, mais la déflagration pourrait être pire encore. Car le cas personnel de l’ex-ministre du budget est sans doute l’arbre qui cache la forêt de la fraude organisée par la banque Reyl & Cie. L’établissement financier genevois pourrait bien dissimuler d’autres cas d’évasion fiscale au bénéfice de hautes personnalités françaises. Dont des responsables politiques.

Dans ce dossier brûlant, le compte à rebours a été lancé le 22 mars. Cette fois, la cible avait été soigneusement définie : à la demande des juges d’instruction français Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, les banques UBS et Reyl & Cie ont remis à la justice suisse tous les documents en leur possession concernant les avoirs non déclarés en France de Jérôme Cahuzac. Le dossier sera transmis sous peu aux juges français.

UBS avait déjà fait l’objet d’une requête de la Suisse, en réponse à la demande d’entraide administrative lancée par Bercy le 24 janvier. La banque avait indiqué ne pas trouver de compte au nom de Cahuzac dans ses registres. Mais la question posée ne portait que sur une période réduite, allant de 2006 à 2010. Et surtout, elle ne concernait pas Reyl. Pourtant, c’est bien dans ce discret établissement qu’il fallait chercher les détails du parcours de l’argent suisse de l’ex-ministre du budget. Son ministre de tutelle Pierre Moscovici s'est justifié dans nos colonnes de cette demande incomplète, assurant qu'il avait cherché les pistes à fournir à la Suisse… dans Mediapart.

Mais contrairement à ce qu'affirme en boucle le ministre de l'économie depuis plusieurs jours, des informations sur Reyl étaient bien disponibles dans notre journal avant le 24 janvier. Le 10 décembre, nous citions pour la première fois le nom de Dominique Reyl, le fondateur de la banque, en indiquant qu'il avait participé à la création de la société personnelle d'Hervé Dreyfus, le gestionnaire de fonds de Cahuzac. Nous signalions son nom une seconde fois deux jours plus tard. Et le 17 janvier, nous rappelions encore que Reyl était l'associé de Dreyfus.

Nous avions raison de marteler cette information. Selon les informations du quotidien suisse Le Temps, confirmées à Mediapart par une source proche du dossier, le compte suisse de Cahuzac a été ouvert en 1992 à l’agence UBS de Genève. Son contenu a ensuite été transféré en 1998, toujours sur les rives du Léman, chez Reyl & Cie. Et c’est en 2009 que l’argent a été transféré à Singapour dans une filiale d’une autre grande banque suisse, Julius Baer. Il y resterait environ 600 000 euros, selon Me Jean Veil, l'avocat de Jérôme Cahuzac.

Ces informations ne contredisent pas le contenu de l’enregistrement révélé le 5 décembre par Mediapart. Fin 2000, Cahuzac parlait d’un compte chez UBS à Genève : « Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques. » Or, à cette date, Reyl n’est pas officiellement une banque. Le groupe n’obtiendra la licence bancaire qu’en novembre 2010. Jusque-là, elle est obligée de placer les fonds qu’elle détient dans d’autres établissements. Et parmi ces dépositaires réguliers, on trouve UBS.

Il est également confirmé que Reyl n’avait pas besoin d’indiquer à ses banques partenaires l’identité des clients dont elle plaçait les fonds : en 1999, l

via www.mediapart.fr

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