"COMMANDEUR D'UN NOUVEL ORDRE TEMPLIER"
Dans les pages qui suivent, il s'efface pour laisser place à son double, le "commandeur d'un nouvel ordre templier", un "mouvement de croisés", à la fois ordre militaire et tribunal, censé combattre pour "les droits des peuples autochtones d'Europe" et "contre le djihad européen en cours". La croix des Templiers figure d'ailleurs sur la première page du manifeste.
L'islam est l'obsession de celui qui se présente comme un entrepreneur à succès. Et qui se revendique politiquement comme "un conservateur culturel" ou "révolutionnaire conservateur". Mais Breivik est d'abord en guerre contre ce qu'il désigne comme "le politiquement correct". Il y voit une "idéologie totalitaire", une sorte de Moloch mis en place par les marxistes qui ont substitué la bataille culturelle à la bataille économique.
Le désastre, à ses yeux, remonte à la collusion entre ces "marxistes culturels" et les intellectuels allemands de l'Ecole de Francfort (Wilhelm Reich, Herbert Marcuse, Theodor Adorno), qui n'ont eu de cesse, pour lui, de subvertir les valeurs traditionnelles et de désarmer les Européens. La promotion du multiculturalisme – que Breivik abhorre par-dessus tout et dont il déplore qu'elle soit aussi adoptée "par les soi-disant partis conservateurs" –, la lutte contre le racisme, le sexisme et l'homophobie, tout cela forme, ce qu'il dépeint comme "une idéologie de haine dont le but est de détruire la civilisation occidentale et qui est antichrétienne, antifamille, antinationaliste, antipatriote, anticonservateur, antihérédité, antimasculin, antitradition et antimorale".
ÉMASCULATION DU MÂLE EUROPÉEN
Surtout, le jeune Norvégien déplore "la féminisation de la culture européenne". Les derniers bastions de la domination masculine sont aujourd'hui "assaillis", note-t-il en citant la police et l'armée. Les magazines masculins Esquire, GQ, Men's Health, notamment, promeuvent "le métrosexuel", "un nouvel homme féminisé". Ailleurs, il évoque une volonté d'"émasculer le mâle européen".
Au final, tous ces concepts entraînent, s'alarme-t-il, la "destructiondes capacités de défense de la société européenne", ce qui ouvre la voie à "l'islamisation de l'Europe" et à "un génocide culturel".
Les "élites multiculturalistes" (institutions européennes, partis de gouvernement, médias, intellectuels) ont, pour lui, trahi. C
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