Cette semaine, le rapprochement a pourtant été fait par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), à l'occasion du double attentat d'Oslo. Dans deux communiqués, les 24 et 26 juillet, l'association antiraciste a mentionné le FN et le collectif de l'UMP parmi les «partis populistes et extrêmes droites» contribuant au «climat délétère» pesant sur l'Europe. Les deux mouvements ont réagi vivement, le premier en attaquant en diffamation l'association, le second en demandant à l'Etat, par la voix du député Bernard Carayon, de ne plus subventionner le MRAP.
Le communiqué du député du Tarn, où il dénonce une organisation «issue du parti communiste» «éloignée des valeurs de la République», animée d'une «idéologie de haine», recourant à l'«amalgame» et à la «récupération», ressemble étrangement à celui de Marine Le Pen.
Depuis la création de la Droite populaire, en juillet 2010, les deux mouvements se retrouvent régulièrement associés ou mis en concurrence. Les membres du collectif viennent d'ailleurs de régions où le FN réalise ses meilleurs scores (sur 44, 14 viennent de la région Paca, 8 de Rhône-Alpes et de l'Ile-de-France, 3 du Nord-Pas-de-Calais). Immigration, sécurité, binationalité, laïcité, patriotisme économique, ils abordent les mêmes sujets, bien souvent sous le même prisme – résumé par Bernard Carayon: «se nourrir de l'écoute du plus grand nombre et pas du plus petit». Et chacun en revendique la paternité.
«Ce sont des thèmes qu'on développe depuis des années. Ils soutiennent une majorité qui dit l'inverse!», s'énerve Steeve Briois, le secrétaire général du FN. «Passer quatre ans à dire quelque chose, et les six derniers mois avant la présidentielle à dire une autre chose, ce n'est pas respectueux des électeurs», s'agace Wallerand de Saint-Just, le trésorier du FN, qui revendique «l'antériorité» de son parti sur ces thèmes.
Chez la Droite populaire, même discours. «Bien souvent, nos idées ont été pillées par le FN, estime le député du Nord, Christian Vanneste. Nous, nous n'avons jamais changé. J'ai été élu en 1993, j'ai toujours voté des textes en matière de sécurité, d'immigration, de nationalité. Beaucoup de membres de la Droite populaire sont des gaullistes du RPR. C'est justement parce que l'UMP s'est trop recentrée et “UDFiée” que nous sommes obligés de rappeler ces valeurs. Cet oubli a laissé un champ libre aux extrémismes.»
Les deux mouvements se livrent donc une véritable bataille, par médias et communiqués interposés. A la création de la Droite populaire, le FN avait dénoncé une «imposture» et un colllectif «au secours des privilèges des élus UMP». Plus récemment, il s'en est pris à son chef de file, le ministre des transports Thierry Mariani, présenté comme «le nouveau Lucky Luke : l'homme qui cire les pompes plus vite que son ombre…».
via www.mediapart.fr