L’Allemagne ouvre les yeux sur ses néonazis – Page 4 | Mediapart

Pour l’opinion publique allemande, la découverte soudaine de l’existence d’un groupuscule terroriste raciste ayant opéré en toute impunité durant sept années a en tous cas été un électrochoc. Dans les mois qui ont suivi la reddition de Beate Zschaäpe, la Fondation Friedrich-Ebert, une organisation destinée à promouvoir la démocratie et associée au SPD, a lancé une vaste enquête sur le racisme en Allemagne et dont les résultats sont particulièrement inquiétants. Celle-ci révèle que 7% des Allemands de l’Ouest revendiquent des idées xénophobes, une proportion qui passe à 15,8% dans l’ex-RDA. Et, en 2011, le nombre de militants néonazis était estimé à 23 400, dont 9 800 personnes considérées comme violentes. « Le néonazisme est plus jeune, plus violent et plus militant », s’inquiétaient notamment les auteurs de cette étude.

« La découverte de la NSU a confirmé nos pires craintes quant aux risques de violences », confirme à l’agence Reuters Harald Zeil, membre du réseau antinazi d’Iéna Actionsnetzwerk. « Pour ce qui est des raisons, oui, l’effondrement social était une réalité dans les années 90, mais il y a encore beaucoup d’autres secteurs où l’extrême droite est très forte. Il y a une culture de l’ignorance ici, une habitude de détourner le regard. »

La révélation de l’existence de la NSU a également provoqué une prise de conscience au sein de la classe politique, notamment en raison ses conséquences diplomatiques. L’affaire a en effet suscité un très vif émoi en Turquie au point de devenir une véritable affaire d’Etat. Des députés turcs devaient ainsi faire le déplacement à Munich pour assister aux audiences.

Après avoir parlé de « honte » pour son pays et présenté ses excuses aux familles de victimes, la chancelière allemande Angela Merkel a donné, peu avant l’ouverture du procès, une interview au quotidien turc Hürriyet dans lequel elle « assure que l’Allemagne fera tout (…) pour condamner les criminels à la peine qu’ils méritent ». Et au mois d’avril, Berlin a officiellement présenté ses excuses aux Nations unies pour les ratés de l’enquête en reconnaissant que les crimes du NSU « ont été sans le moindre doute l’une des  plus graves atteintes aux droits de l’homme de ces dernières années en Allemagne ».

via www.mediapart.fr

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