L’Allemagne l’a emporté sur la plupart des gros dossiers européens – Page 1 | Mediapart

Mediapart a passé en revue certaines des décisions prises à Bruxelles, sur le front de la crise économique. Quelle est, pour chacune d'elles, l'influence réelle de Berlin ? Il est parfois difficile de faire la part des choses entre les décisions collectives d'une Union européenne majoritairement à droite (à l'exception de la France et de coalitions droite-gauche en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas ou en Autriche), et les ordres imposés en solo par Berlin. De distinguer entre la capacité d'entraînement naturelle de la première économie de l'UE, et les éventuelles ambitions hégémoniques d'un pays qui voudrait construire l'Europe tout entière à son image. 

Si les « victoires » allemandes sont manifestes, on découvre aussi que Berlin ne gagne pas à tous les coups, comme le montre l'avancée, malgré l'opposition de Berlin, de l'« union bancaire ». Décryptage en cinq points.

  • 1 – « TSCG » : le triomphe d'Angela Merkel à Bruxelles

C'est l'un des moments de gloire de la chancelière : elle impose un mini-traité, rédigé dans l'urgence (en décembre 2011) et baptisé « TSCG »  (pour « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance »). Il est adopté dès le conseil européen de mars 2012, par l'ensemble des États membres (sauf la Grande-Bretagne et la République tchèque). Ce texte part d'un diagnostic partagé par bon nombre d'économistes en Allemagne : c'est l'endettement des États qui est responsable de la crise. À la différence d'experts davantage hétérodoxes, qui insistent plutôt sur les « déséquilibres macroéconomiques » à l'échelle du continent.

À l'époque, Nicolas Sarkozy, président français, fait lui aussi campagne pour ce « pacte budgétaire européen » qui impose, en particulier, la « règle d'or » des comptes publics à chacun de ses signataires. Objectif affiché du TSCG : donner des gages de sérieux budgétaire aux marchés financiers qui menaçaient alors d'emporter l'euro. À Bruxelles, beaucoup estiment que ce mini-traité n'est pas nécessaire, et qu'il ne fait que répéter bon nombre de dispositions déjà prises dans le cadre de textes précédents. Mais les Allemands ne veulent rien entendre. Le TSCG va devenir le symbole de l'austérité imposée aux pays de la zone euro qui réclament une aide de l'UE pour éviter la faillite. À peine élu, François Hollande, qui s'était engagé à le renégocier, a dû prendre acte, faisant accepter seulement un complément cosmétique – un « pacte de croissance » des plus limités – au traité inchangé.

Lire nos articles sur le TSCG ici.

  • 2 – Photovoltaïque chinois : la capacité de blocage de Berlin

Officiellement, la commission européenne et Pékin sont tombés d'accord, le 27 juillet dernier, sur un compromis. Les apparences sont sauves. Bruxelles avait mis en place, quelques semaines plus tôt, une taxe – temporaire – sur les panneaux solaires photovoltaïques fabriqués en Chine, et massivement importés au sein de l'Union à bas prix. Cette taxe, d'abord fixée à 11 %, et qui devait progressivement grimper jusqu'à 40 % du total, avait provoqué l'ire des autorités chinoises. La manœuvre, houleuse, devait prouver que l'Europe a passé l'âge de la « naïveté » en matière de politique industrielle, et protéger les producteurs européens, pour relancer l'emploi sur le continent.

via www.mediapart.fr

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