La torture dans la démocratie, à propos de « L’enseignement de la torture » de Catherine Perret – | Mediapart

Durant toute son étude, Catherine Perret s'appuie sur Hans Mayer dit Jean Améry (1912-1978), juif d'Autriche réfugié en Belgique pour échapper à l'hitlérisme avant-guerre, rattrapé par la Gestapo pour fait de résistance durant l'occupation nazie, torturé dans le fort de Breendonk puis déporté à Auschwitz. Cet homme, devenu journaliste pour la presse suisse d'expression allemande, devait rédiger, avant son suicide à Salzbourg, des livres d'une intense réflexion, qui mettront trente ans à être mis à la disposition des lecteurs francophones, grâce aux éditions Actes Sud. Parmi ces ouvrages majeurs : Par-delà le crime et le châtiment. Essai pour surmonter l’insurmontable.

Catherine Perret préfère le titre allemand : Jenseits von Schuld und Sühne. Bewältigungsversuche eines Überwältigten (München, 1966). Le sous-titre originel (“Tentatives de maîtrise d'un homme dont on s'est rendu maître”) rend davantage compte de la démarche de Jean Améry, qui ne croyait pas qu'il fût possible de surmonter l'insurmontable ou de supporter l'insupportable, mais qui interrogeait les rapports de domination, en pensant la relation entre violence et pouvoir. Il allait au cœur de la négation de soi par la négation de l'autre, en se focalisant ainsi sur les bourreaux : « Ils étaient si l'on veut des bureaucrates de la torture. Mais en même temps, ils étaient bien plus que cela, comme je pouvais le lire sur leurs visages sérieux, tendus, non pas gonflés d'un désir sexuel sadique, mais recueillis et concentrés sur une autoréalisation meurtrière. »

via www.mediapart.fr

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