La stratégie de la «plus extrême droite» au centre du débat politique – A propos de François Duprat | Mediapart

Plus de trente ans après son assassinat, l'homme aura rarement été aussi central. «En faisant exploser la droite sur les thèmes de l'extrême droite, Marine Le Pen fait du Duprat», assure l'historien Nicolas Lebourg. Sur les bons conseils de l'ancien journaliste de Minute, du Crapouillot, de Valeurs actuelles, Patrick Buisson, l'Elysée fait du Duprat. Henri Guaino, passeur de la «fracture sociale» en 1995, accapareur d'Hugo, de Blum, de Guy Môquet, rédacteur du discours de Dakar, bien avant tout le monde, faisait du Duprat. C'est devenu d'un commun!

François Duprat, 1940-1978, militant de Jeune Nation, Occident, d'Ordre nouveau, n°2 et martyr du Front national, activiste, théoricien et stratège de «la plus extrême droite», néofasciste, négationniste, indicateur des Renseignements généraux, stipendié par la CIA, admirateur de l'efficacité léniniste, anticommuniste viscéral. L'Homme qui réinventa l'extrême droite, selon le titre de sa biographie qui devait sortir mi-avril chez Denoël, celui qui l'a fait passer de l'antisémitisme à l'antisionisme, qui l'a rapproché du mouvement palestinien, qui admirait, disait-il, «le fascisme du régime syrien». Celui qui amena les droites sur les terres de leurs extrêmes.

Nicolas Lebourg raconte: «Duprat va se battre pour imposer au Front national le slogan “un million de chômeurs, c'est un million d'immigrés en trop”. La tactique qu'il met en place sur ce slogan est relativement simple: en faisant la campagne sur ce slogan, nous allons gagner des voix populaires. Ces voix populaires, dans le contexte du risque que la gauche gagne, la droite les voudra pour elle.

«Elle n'aura donc pas d'autre choix, explique-t-il dans un texte, que de valider nos thèses, que de les reprendre en partie, d'ailleurs, l'immigration est officiellement stoppée depuis 1974. A partir de là, si on entend validée une partie de nos thèses dans l'opinion publique, nous ne serons plus les horribles fascistes, nous ne serons plus les méchants anciens de l'OAS, nous ne serons plus les nazis, les collaborateurs, etc., nous serons une droite, une droite musclée, mais une droite qui aura sa place dans le champ politique et une droite pour laquelle on pourra voter.»

Machiavélique cet obscur professeur d'histoire-géo d'un petit collège normand, mal noté mais aimé de ses élèves, myope, gauche, qui utilisait, dit-on, des couennes de jambon en guise de signet pour ses livres? Des centaines de livres. Un grand lecteur. Une mémoire surtout. Au lycée, ses camarades le moquait comme un animal de foire: «Eh, François, le 8 avril… Qu'est-ce qui s'est passé le 8 avril?» Et Duprat d'égrener la fuite du roi d'Albanie ou la signature de l'entente cordiale, la promulgation du Concordat ou l'élection du pape Clément VII qui conduira au grand schisme d'Occident. 

Une tête, née dans une famille de gauche, et qui vers 14 ans se me

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x