Depuis plus d’un siècle, la Bohème, cet opéra de Puccini qui a pour décor le Paris du Montparnasse de 1830, suscite une émotion sans cesse renouvelée avec une Mimi superbe de beauté qui meurt à la fin du quatrième tableau, victime de la tuberculose. Les années ont passé, la médecine progresse et heureusement, depuis les années 50, les spectateurs peuvent rentrer chez eux sans s’inquiéter de contracter eux-mêmes une maladie qui ne constitue plus une menace réelle à Paris, Milan, Vienne ou New York.
Pourtant, aujourd’hui, la tragédie du dernier acte de la Bohème est une réalité quotidienne dans de trop nombreux pays comme l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Indonésie, la Russie, la Chine, ou encore le Brésil. En fait, presque partout dans le monde. Près de 9 millions de personnes souffraient de la tuberculose en 2011, environ 3 millions de malades porteurs de la bactérie n’étaient pas diagnostiqués et donc pas soignés. En moyenne, chacun de ces malades peut en infecter 15 autres en une seule année. La maladie a tué 1,4 million de personnes en 2011. Pire encore, nous assistons depuis quelque temps à l’apparition de nouvelles souches qui résistent aux antibiotiques et pour lesquelles les traitements ne sont pas encore au point. La tuberculose «multirésistante» se développe lorsque les patients ne suivent pas le traitement jusqu’au bout, soit pendant un minimum de six mois, et font une rechute peu après l’arrêt des médicaments.
Environ 20 % des patients ayant été traités avant de rechuter sont porteurs de la souche qui résiste à plusieurs médicaments. Or, rien de plus alarmant que de constater que, dans environ 9 % de ces cas, le diagnostic posé est celui d’une souche particulièrement virulente de la maladie – qualifiée d’ultrarésistante – qu’il est pratiquement impossible de soigner. De nombreux pays où l’épidémie progresse ne reconnaissent toujours pas la menace. A peine 6 % des patients peuvent aujourd’hui bénéficier d’un test de diagnostic susceptible d’indiquer une éventuelle pharmacorésistance, et seuls 20 % des malades atteints de tuberculose multirésistante ont accès à un traitement valable. Cela place les professionnels de la santé dans une situation très difficile. Nous devons investir de façon plus intelligente et mieux détecter les nouveaux cas, tout en ne négligeant pas les cas les plus graves. Nous devons assurer un meilleur suivi des personnes appartenant aux groupes les plus vulnérables, comme les migrants, les mineurs, les prisonniers et les personnes qui consomment des drogues.
Si la prévention et la détection ne sont pas faites et un traitement rapidement mis en place, alors nous courrons le risque d’avoir à traiter des formes résistantes avec des traitements lourds, longs et chers.
A l’heure où la mobilité se veut planétaire, l’infection menace désormais des pays comme le Royaume-Uni, où l’on croyait depuis longtemps qu’elle faisait partie du passé. Son incidence a été aussi élevée cette année dans certains quartiers de Londres que dans bien des pays en développement.
La tuberculose se propage par des gouttelettes en suspension dans l’air et l’infection gagne rapidement du terrain là où la densité de population est élevée. Presque personne n’est à l’abri.
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays industrialisés ont réussi, dans une large mesure, à éliminer la maladie en veillant à ce que les personnes infectées soient détectées rapidement et traitées correctement. Ils ont également profité d’une amélioration des conditions de vie et d’hygiène qui a freiné la transmission. Pourtant, l’effondrement des anciennes républiques soviétiques dans les années 90 s’est accompagné d’une progression spectaculaire des taux d’infection en Russie, en Europe de l’Est et en Asie centrale. Parallèlement, la maladie a noué une alliance mortelle avec le sida en infectant des millions
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