Dans une République aussi hiérarchisée que celle de France (et ce de manière si contraire au principe d'égalité), aussi centralisée, malgré les décentralisations, l'identité même de l'élu "Président de la République" est décisive : est-il bon, la République et les citoyens en profitent, ne l'est-il pas, et l'influence négative peut être profonde. Tout et trop dépend du "Président", et trop en attendent tout. Comme si, dans les faits, il était seul à décider. Un gouvernement existe, en théorie. Il est curieux et inquiétant que, dans une telle situation, ce soit "le Président" qui parle, réponde, et pas le gouvernement. La personnalisation-simplification est une erreur, est trompeuse. Dans les faits, le Président ne fait pas tout, ne sait pas tout. Mais ce soir, il va répondre de tout. Ou presque. Le système médiatique, volontairement spectaculaire, simpliste, entretient le système politique, qui est dans l'erreur depuis les débuts de la 5ème République, cette République monarchiste. Et la nouvelle majorité fait comme la précédente en la matière. Elle ne réforme pas les principes de cette République si peu républicaine. Ce n'est pourtant pas difficile. L'entretien, ce soir, pourrait donc durer le double de temps et se faire avec les principaux Ministres. Quant au monde médiatique, que dire de cette "simplification" qui le réduit à la personne même de David Pujadas ? ! Pour l'instant, rien ne change là, quand beaucoup change autour, que ce soit désiré, voulu, ou pas. Cette "comédie du Président divin" ne sert à rien, si ce n'est aux effets propres de la comédie. Le Président fera semblant de tout comprendre, de pouvoir répondre à tout. M. Pujadas le poussera en ce sens, et le Président sera abusé autant qu'il pourra abuser, dans cette "croyance" irrationnelle : pas de self made men, pas d'homme omniscient. Il faut consulter, interroger, partager, le travail, la réflexion, la connaissance. Que pourrions-nous attendre d'entendre, que nous n'entendrons pas ?
1 – sur l'UE : suivre les conservateurs mènent dans le mur. Quel intérêt, en dehors des taux, qui nous sont imposés par les prêts qui augmentent la dette ? Car, comme l'Espagne le prouve, les gouvernements conservateurs accroissent chômage et dette en même temps, mécaniquement. L'effondrement de l'activité économique fait diminuer les rentrées fiscales et le remboursement de la dette devient plus difficile ou impossible. François Hollande a expliqué pendant la campagne électorale présidentielle que la priorité, était, est, la croissance. Or la logique austéritaire mal calculée a pour l'instant tétanisé la production économique. Ce que F.D. Roosevelt a fait, par nécessité et non par philanthropie socialiste, la "Nouvelle donne", est on ne peut plus nécessaire, en France, et avec les pays européens qui le voudront. Si les pays conservateurs veulent continuer leur politique nationale et nationaliste, ils peuvent le faire – mais sans nous.
2 -dans une économie où la majorité des citoyens sont salariés, avec un salaire médian de 1500 euros mensuel, et ce dans un cadre où il n'y a aucun contrôle des prix (et même un abandon de la volonté concernant les prix de l'essence et du gazole), la croissance est nulle parce que cette majorité n'a pas d'argent à dépenser, étant donné que même dans les entreprises qui ont une très bonne trésorerie, les salaires continuent d'être comprimés, à l'instar des dernières années. Nous nous trouvons au bas d'une pente que nous pouvons certes continuer à descendre (il suffit de voir ce qui se passe en Grèce et en Espagne pour savoir que c'est possible !), qu'il faut au contraire remonter, si et seulement si : si les moyens économiques et juridiques nouveaux requis sont décidés, mis en place, si nous voulons échapper à la Dépression (années 30), si nous voulons échapper à la guerre civile. Si et seulement si : mais que voulons-nous ?
3 – La masse des problèmes est telle que la seule technocratie bureaucratique qui, dans la haute administration, décide de tout, n'est pas capable, techniquement et intellectuellement, de prendre les bonnes décisions pour les comprendre, les traiter, les résoudre. Il faut ouvrir l'espace du dialogue : le brain storming est requis, et de ce point de vue, nous n'avons jamais eu autant de cerveaux, quantitativement et qualitativement. Mais tout cela s'organise, et pour l'organiser, il faut le vouloir. Mais comme à la fin de la question 2, que voulons-nous ?
4 – L'omniresponsabilisation du Président est un mensonge et une erreur. Il appartient aux organisations civiques d'être capables de faire des propositions concernant ces changements de paradigme : DE LES CREER, d'abord, puis de les expliquer, puis de les argumenter, de les faire partager. Un Président qui ne serait pas capable d'impulser les changements nécessaires, de méthode, de principes, doit être aidé par les citoyens du pays, si et seulement si : parce qu'il faut qu'il soit capable d'écouter, de réfléchir, de choisir, d'aller vers une réforme de la République, pour que les "forces vives" soient réellement associées. Or certains Présidents ne savent pas et ne veulent pas écouter, et d'autres le peuvent.