Ken Loach : « il faut faire revivre l’esprit de 1945 » | Rue89 Culture

Ken Loach a réalisé son documentaire « L’esprit de ’45 » -la victoire travailliste britannique après-guerre et la mise en oeuvre d’un programme socialiste- parce qu’il désespère de ne pas le voir aujourd’hui, alors que le libéralisme économique règne en maître.

1945, c’est la victoire éclatante des travaillistes de Clement Atlee sur les conservateurs de Winston Churchill, et surtout la mise en oeuvre d’un programme ambitieux : nationalisation des mines, des transports et de l’énergie, création du National Health Service, le service de santé publique, la construction de millions de logements sociaux…

Bande annonce de « Spirit of ’45 »

Le documentaire de Ken Loach, qui sort mercredi en France, puise abondamment dans des archives étonnantes sur l’état de la pauvreté britannique à l’époque, sur l’enthousiasme qui a accompagné les débuts travaillistes… Il interviewe également des témoins soigneusement choisis, anciens syndicalistes ou économistes de gauche.

Mais il y a une rupture brutale dans le film, avec l’apparition du visage souriant de Margaret Thatcher. Nous sommes passés directement des années 40 à 1979 et le début du libéralisme triomphant. Ken Loach n’explique pas dans son film les raisons de cette défaite de la gauche, nous l’avons interrogé sur ce point.

Le 30 avril, Ken Loach était à Paris pour une avant-première de son film, en partenariat avec Rue89. Plusieurs riverains de Rue89 ont pu assister à la projection et participer au débat qui a suivi. Pour tous, l’essentiel de ce débat.

Ken Loach lors de l’attribution de la Palme d’Or à Cannes, 2012 (Francois Mori/AP/SIPA)

Rue89 : Vous aviez neuf ans en 1945. Quel est votre premier souvenir politique ?

Ken Loach. Mon premier souvenir, ce sont les bombardements. Lorsque notre maison s’est effondrée à cause des bombes.

Je me souviens aussi des célébrations dans la rue après la guerre.

Je me souviens aussi d’être allé chez le médecin et d’avoir dû payer ; puis d’être allé chez le médecin sans avoir eu à payer…

Ma famille n’était pas très politique, et donc mes souvenirs de l’époque ne sont pas très politique. Je me souviens quand même d’avoir entendu [un des leaders travaillistes] Aneurin Bevan parler à un meeting. C’était un grand héros socialiste de l’époque, mais il avait une voix très aigüe. C’était un grand orateur.

Pourquoi avez vous tenu à faire ce film aujourd’hui ? Quel message aviez vous envie de faire passer ?

Mon premier message : il fut un temps où le bien public était bien plus important que la convoitise privée.

On a du mal à s’en souvenir aujourd’hui. Parce qu’on pense désormais que la seule manière de réussir est de faire un gros profit et qu’il faut être un entrepreneur. C’est le seul modèle de société qui nous est proposé, dans lequel tout doit être privatisé et ouvert au privé, la main d’oeuvre doit être peu chère, flexible, sans sécurité.

Bien sûr, ce n’est pas vrai, c’est la propagande à laquelle nous sommes confrontés. Il

via www.rue89.com

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