Patrick Chamoiseau : « Que le petit cercle d’effervescence de l’Imaginaire » se réunisse et travaille à » | Mediapart

L’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau juge un an de présidence Hollande, depuis son approche poétique de la politique, depuis son exigence de radicalité et depuis les Antilles, aussi éloignées de Paris que proches du « Tout-Monde ». Pour lui, « changer radicalement nos systèmes de représentations » constitue une exigence nécessaire mais « qui ne correspond plus aux temps politiques nationaux et aux petites conquêtes cycliques du pouvoir ».

Peu avant le 6 mai 2012, vous aviez expliqué qu’il était « indispensable que, d’une manière ou d’une autre, la gauche arrive au pouvoir. Pour des raisons de salubrité publique ». Comment jugez-vous, un an après, cette arrivée de la gauche aux commandes ?

Patrick Chamoiseau en 2009Patrick Chamoiseau en 2009

Les choses sont infiniment difficiles. Cela confirme ce que nous savions déjà. Nous sommes dans un système d'oppression symbolique, quasi totalitaire, qui couvre l'ensemble de la planète. Le capitalisme mutant, labile comme un virus, a plus de trente ans d'avance en termes d'articulations planétaires, mutations, virtualisations et détricotages de tous nos vieux systèmes de représentations. Ils ont construit un écosystème où ils sont très puissants, très à l'aise, hors d'atteinte des vieux États, gouvernements, parlements, programmes nationaux et autres entités obsolètes.

Changer radicalement nos systèmes de représentations, et donc, notre imaginaire du monde, changer d'échelle, aller à des refondations, sont une exigence qui ne correspond plus aux temps politiques nationaux et aux petites conquêtes cycliques du pouvoir.

Il faut relire ce roman d'Asimov, Fondation, dans lequel pour trouver l'alternative, ou des alternatives, à l'Empire, se crée une petit cercle d'effervescence de l'imaginaire. Ce petit cercle va tout changer. La présence de la gauche en France nous fait sortir de l'indécence d'un gouvernement aux ordres des hystéries de l'Empire, mais elle n'est pas le lieu des solutions…

Où est ce lieu ?

Il est nulle part et partout, il est individuel et collectif, il est territorial et non territorial, il est dans une refondation totale de nos systèmes de représentations, et dans le sens que nous accordons aux choses fondamentales. Cette mutation est déjà en cours un peu partout, mais elle est invisible pour nos vieux systèmes de représentations, nous ne voyons que les ruines et les décombres se préciser autour de nous, mais l'horizon, l'en dehors, l'inconnu, l'inconcevable, nous brûle encore l'esprit.. Le lieu est dans cette brûlure.

Dans la façon d’arrêter de mettre en avant « l’identité nationale » ou de stigmatiser des « civilisations qui ne se valent pas toutes », selon les mots de Claude Guéant, y a-t-il pour vous une rupture concrète avec le quinquennat Sarkozy ?

Bien sûr. Nous avons quitté le monstrueux et le bizarre.

Vous aviez également dit être « très sensible au discours de Mélenchon ». « Il a le discours qui me paraît le plus acceptable, le plus revitalisant, le plus chargé de futur. Il me semble en effet qu’il nous faut de la radicalité », avez-vous dit. Est-ce toujours le cas, au moment où Mélenchon appelle à manifester le 5 ma

via www.mediapart.fr

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