Courriel de Suzanne Citron, abonnée de toujours à Mediapart, historienne iconoclaste née en 1922, la curiosité sans cesse aux aguets : « Je soutiens à fond Régis Debray. Sa proposition a éveillé chez moi un intérêt jusque-là absent des débats sur la panthéonisation. Si François Hollande veut redonner un sens populaire, une signification vraiment vivante et inscrite dans un présent accessible à toutes et à tous les Français, qu'il écoute Régis Debray. »
Dame ! De quoi s’agit-il ? Régis Debray, qui sait comment fonctionne le ramdam (buzz), a proposé, par deux fois, que Joséphine Baker (1906-1975) entrât au Panthéon. Le 10 décembre aux Matins de France Culture, puis six jours après dans une tribune du Monde : « Cette sirène des rues pourrait bien nous aider à dégeler les urnes et les statues, à mettre un peu de turbulence et de soleil dans cette crypte froide et tristement guindée. »
Jadis, des soldats cacochymes rescapés des guerres coloniales faisaient visiter la crypte du Panthéon. L'un d'entre eux utilisait un mini-cassette, tellement sa voix ne portait plus. C'était lugubre à souhait. Ces guides incarnaient alors le sens commun franchouillard. Ils haussaient quasiment les épaules à l’idée qu’il pût y avoir, dans la place, un Noir auquel la patrie s'avérait reconnaissante (Félix Éboué).
Ces curieux cornacs de la crypte excusaient la présence incongrue de la seule femme, Madame Marcellin Berthelot (elle se prénommait Sophie), par le simple fait qu’elle était morte le même jour que son mari – le 18 mars 1907 – et qu’elle avait donc eu le droit de l’accompagner en cette auguste dernière demeure républicaine, « en hommage à sa vertu conjugale »…
Nous revenons de loin. En sommes-nous seulement revenus ? Il y a bien eu l’entrée d’une seconde femme au Panthéon, Marie Curie. Quelques années plus tôt, dans les parages, la rue Pierre Curie avait été rebaptisée rue Pierre et Marie Curie. Les choses avancent lentement.
Or une panthéonisation doit accélérer le mouvement. Plutôt que de confier un p’tit sondage sur qui caser là au président du Centre des monuments nationaux, François Hollande devrait forcer sa nature. Ne plus chercher l’habituel compromis fondé sur le plus habile commun dénominateur : oser un geste fort et surprenant.
Ce fut le cas avec Zola. La droite française s’était étranglée, en particulier Maurice Barrès. Le bec de celui-ci fut cloué, en 1908 à la Chambre, par un Jaurès souverain : « La gloire de Zola, son honneur, c'est de n'avoir pas conçu l'art à la façon de M. Barrès, comme une sorte d'étang mélancolique et trouble, mais comme un grand fleuve qui emporte avec lui tous les mélanges de la vie, toutes les audaces de la réalité. C'est là ce que le peuple, avec son instinct, a reconnu dans l'œuvre de Zola, dans le chercheur de vérité, dans le compagnon de bataille. Et voilà pourquoi nous vous demandons, messieurs, non seulement d'écarter les restr
via www.mediapart.fr