Hugo Chavez, l’Espagne, la colonisation, le Vénézuela et Ingrid Betancourt

Paul Moreira l’explique très bien. Chavez est un dirigeant qui déplaît, gêne, inquiète, mais c’est le seul dirigeant qui se sert d’une manne financière, le pétrole, pour financer des services publics dans un pays, le Venezuela qui, inscrit dans l’aire de colonisation espagnole de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale, n’en a jamais eu la tradition, la connaissance. Dans ce pays, c’est une nouveauté pour celles et ceux qui sont "pauvres", de pouvoir être soignés, d’avoir une école gratuite, de pouvoir se nourrir. Car comme l’atteste Paul Moreira qui connaît bien cette région du monde, la pauvreté n’est pas métaphorique, comme le mépris de "l’élite" pour le "peuple". Mépris des héritiers hispaniques pour les Indiens, les métis, mépris qui dure, physique, politique. Car, alors que les colonisations et décolonisations, françaises, anglaises, sont connues, la colonisation espagnole de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale est méconnue, alors qu’elle fut et qu’elle est sans aucun doute la plus redoutable pour les peuples premiers, parce qu’elle n’a jamais cessé, parce qu’elle n’a jamais été contredite par un mouvement de décolonisation. Méconnue, ce que prouve la situation de l’article "colonisation espagnole des Amériques" qui est extraordinairement vide, alors qu’il y a six siècles d’Histoire, de violences, de dictatures, etc. Dans le cas de Chavez, l’ambiguïté est intéressante, puisqu’il est lui-même un descendant des conquistadors, alors qu’il prétend incarner cette prise de distance à l’égard d’une patrie profiteuse et qui n’a jamais lésiné sur les moyens de s’enrichir, à tout prix, au détriment des peuples. Ce descendant de conquistador fait le choix de ne pas honorer ses aïeuls ni leurs représentants actuels. Lors du dernier sommet ibéro-américain, le roi d’Espagne s’est autorisé à invectiver Chavez en lui intimant de se taire. On comprend pourquoi. Même si le Roi d’Espagne a une part dans la réalisation démocratique, la monarchie espagnole est ce qu’elle est parce que le franquisme lui a voué une dévotion religieuse, et elle représente l’institution qui, il y a plusieurs siècles, a décidé et organisé la colonisation. Jusqu’ici, sa responsabilité n’a pas été l’objet d’un traitement historique et politique sérieux.

Quant à Ingrid Betancourt, l’ajournement régulier d’une preuve de vie par les Farc, comme la dernière décision d’Uribe de mettre fin à la médiation Chavez, conduit à penser qu’elle est décédée, et que les uns et les autres ne se sentent pas capables d’assumer leur part de responsabilité dans sa disparition. Précisons qu’Uribe, comme la majorité de la classe politique colombienne, n’a aucunement l’intention de la voir réapparaître, puisque, de son vivant, Ingrid Betancourt dénonçait la corruption de cette classe dirigeante.

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Boule
Boule
17 années il y a

Chavez : descendant de conquistador ?!!!
D’après moi, 99 Amérindien 0,1% espagnol.

grellety
17 années il y a

Chavez n’est certainement pas un nom amérindien; mais, selon l’ancienneté de la présence de sa famille au Venezuela et plus largement en Amérique latine, il est tout à fait possible qu’il ait du sang mélé. Quoiqu’il en soit, il est certain qu’il est un descendant d’Espagnols remarquable, puisqu’il ne prolonge pas, à travers sa personne, la mentalité et l’économie-politique des descendants espagnols, et c’est là le principal.

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