Cette fois, les prudences ne sont plus de mise. Le Japon est bel et
bien confronté au pire accident nucléaire survenu en vingt-cinq
ans, depuis l'explosion d'un réacteur de la centrale de Tchernobyl, en
Ukraine, en 1986. La nuit de lundi à mardi a vu se multiplier les
incidents sur le site de Fukushima Daiichi (ou Fukushima 1), qui compte six réacteurs nucléaires à eau bouillante.Le premier ministre Naoto Kan a annoncé la mise
en place d'un quartier général intégré, sous sa direction, pour gérer la crise
nucléaire. «D'importants rejets radioactifs s'échappent
dans la zone»,
a-t-il déclaré, mardi à 11 heures (heure de Tokyo), dans une allocution
à la nation. Kan a demandé aux personnes qui habitent dans un rayon
compris
entre 20 et 30 kilomètres autour de la centrale de rester à l'intérieur
de leur
maison. L'espace aérien a été fermé sur tout ce périmètre. Auparavant,
la population demeurant dans un rayon de 20 kilomètres avait dû être
évacuée.Sur
le site nucléaire, Tepco, l'exploitant de la
centrale, a fait partir tous les travailleurs dont l'activité n'est pas
directement
liée aux opérations de sauvetage du réacteur (près de 800 personnes).
Il ne resterait sur place, dans des conditions de risque très élevées,
qu'une cinquantaine de salariés qui tentent de maintenir en action les
systèmes de refroidissement des réacteurs.Même assez loin de la centrale,
on a relevé des hausses de radioactivité : un niveau 100 fois supérieur à
la normale a été mesuré dans la préfecture d'Irabaki, au sud de Fukushima. La
radioactivité a aussi augmenté à Kanagawa, au sud-ouest de Tokyo. Dans la
capitale, de petites quantités d'iode et de césium ont été détectées dans
l'atmosphère.L'aggravation de la situation est principalement liée à une
nouvelle explosion provoquée par une fuite d'hydrogène, survenue pendant la nuit
de lundi à mardi (heure de Paris). Elle a affecté le réacteur n°2 de la
centrale. Deux explosions antérieures avaient détruit les
bâtiments des réacteurs n°1 et 3, apparemment sans atteindre les enceintes
contenant le combustible.Cette
fois, selon les informations données par Tepco, l'explosion aurait
endommagé l'enceinte de
confinement du réacteur et provoqué une grave fuite radioactive. Le
niveau de radiations
aux abords du réacteur n°2 a atteint 8.217 microsieverts, soit 80.000
le niveau
de la radioactivité naturelle et plus de 5 fois les maximums
enregistrés dimanche, après l'explosion qui avait frappé le réacteur
n°1. Il aurait aussi atteint la valeur très élevée de 400 millisieverts
(400.000 microsieverts) près du réacteur n°3.Un
feu d'hydrogène s'est aussi déclenché au
niveau du réacteur n°4, mais il a été maîtrisé. Cependant, les flammes
ont contribué à diffuser des matières radioactives à l'extérieur.
Mardi, les vents semblaient éloigner les poussières radioactives vers
l'océan Pacifique et non vers Tokyo (250 kilomètres au sud de la
centrale) ou vers les zones habitées par ailleurs dévastées par le
tremblement de terre et le tsunami (le bilan officiel provisoire est de 2.800 morts mais des estimations font état de
10.000 à 30.000 morts).Les spécialistes estiment que les cœurs des réacteurs n°1, 2
et 3 ont partiellement fondu, ce qui signifie que le combustible radioactif
surchauffé risque de détruire les gaines dans lesquelles il est contenu.Le
combustible d'un réacteur nucléaire est fait de pastilles d'uranium enrichi
empilées dans de longues gaines tubulaires en alliage de zirconium, ou
« crayons ». Comme ces crayons sont serrés les uns contre les autres
et que le c
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