Lorsque le FN était un parti antirépublicain, qu'il cachait à peine sa filiation avec les groupuscules nationalistes ou monarchistes d'avant-guerre (l'Action française, la Ligue des patriotes…), qu'il était imprégné d'antisémitisme, qu'il rejetait la laïcité et le parlementarisme, les choses étaient simples. Marine Le Pen a changé le disque, et tout se complique.
Désormais, c'est au nom de la laïcité (et non des « racines chrétiennes de la France ») que le Front national fait briller son islamophobie ; l'Etat est réhabilité et on a même entendu la présidente du FN vanter les vertus des « hussards noirs de la République », ce mot en R qu'évitait de prononcer son père.
En mettant le pied dans la porte de la maison républicaine, la nouvelle dirigeante du FN a créé un sacré désordre, comme en témoigne l'affolement de l'UMP ou le
désarroi de la gauche.Dans ce nouveau contexte, Le Nouvel Obs a décidé de relancer une guerre qui oppose depuis des années la gauche pro-européenne (dont l'hebdo est un des porte-drapeau) aux souverainistes. Depuis des années, la première accuse les seconds de porter des valeurs réactionnaires et frileuses ; ceux-ci fustigent en retour la naïveté bien pensante de la première.
Finkielkraut et Zemmour « agents de notabilisation »
Dans son dernier numéro consacré à l'ascension de Marine Le Pen, l'hebdo s'en prend bille en tête à des journalistes et d'intellectuels souverainistes et/ou réacs, les accusant d'avoir fourni au FN le corpus idéologique dans lequel il puise aujourd'hui. Cinq noms sont particulièrement cités :
- Alain Finkielkraut,
- Eric Zemmour (Le Figaro, RTL, France 2, i>Télé),
- Ivan Rioufiol (le Figaro),
- Philippe Cohen (Marianne2.fr),
- Elisabeth Lévy (Causeur).
Un article signé par Arianne Chemin accuse ces « agents de notabilisation » d'avoir « décontaminé la pensée FN » en « brouillant les repères et les pistes » :
« En focalisant le débat sur leurs thèmes fétiches – l'identité française, l'Etat, l'islam – , ils ont irrigué le champ politique qui court de Sarkozy à la candidate d'extrême-droite.
D'un côté, des conseillers qui, le nez sur leurs études qualitatives, poussent le chef de l'Etat à lancer un débat sur la laïcité. De l'autre, une candidate d'extrême-droite qui abandonne son discours libéral. »
« Marine le Pen n'a plus qu'à tendre son brun tablier »
Dans un éditorial, le directeur de l'hebdomadaire, Laurent Joffrin, ajoute un clou dans le cercueil préparé par sa consœur :
« Pendant plus de vingt ans, on a entendu qu'il fallait “briser les tabous”, rejeter le “politiquement correct”, dénoncer la “pensée unique” s'affranchir de la bien pensance » […] C'est ainsi qu'une petite troupe de publicistes et d'intellectuels, sous couverts d'anticonformisme ont réhabilité les réflexes de la droite la plus identitaire.
Chacun dans son style […] [ils] ont choisi le refus du métissage, la foi sécuritaire et la défense de l'identité nationale pour chevaux de bataille, occupant sans relâche studios de télévision et colonnes des journaux pour clamer qu'on les empêche de parler et jeter à tous
via www.rue89.com
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