C’est en faisant une recherche d’un extrait vidéo de "La leçon de piano" que s’est faite la découverte de la vidéo ci-jointe. Son réalisateur l’a intitulé "La beauté de la nature", et il lui a adjoint un extrait de la composition musicale de Michael Nyman. C’est en regardant cette Nature "morte" -parce qu’elle ne parle pas, en tout cas, comme nous- vivante et "morte" à la fois, en regardant ce regard typiquement romantique sur "la Nature" que j’ai mieux compris pourquoi "l’écologie" est devenue, ces dernières années, et à l’occasion de cette campagne présidentielle, à la
mode. Car les sentiments esthétiques et éthiques envers "la Nature" dispensent d’en ressentir pour les êtres humains souffrants, et une certaine passion écologique cache en fait une indifférence fondamentale à l’égard de ce que sont les hommes. Pourquoi ce regard ne serait-il pas complété ou même précédé par un jugement esthétique et éthique sur "la Beauté de la Nature des hommes" ? Conjonction tue, secrète entre les "fanatiques" du "monde vivant", qui s’extasient devant une forêt de petits poissons qui voguent à l’unisson, et celles et ceux qui, en toute conscience, affament des millions d’êtres humains, envers lesquels ils n’ont jamais ressenti une fraternité inconditionnelle et ontologique. Or, pour celles et ceux qui ont compris que l’humanité et l’animalité relèvent, ensemble, d’un même monde de la vie, que notre vitalité et notre animalité humaines sont si importantes dans la réalité et la compréhension de notre condition, la "libération" animale (à l’égard des humains, auteurs et responsables d’hécatombes) et la libération humaine sont liées, sont soeurs, et doivent être menées conjointement dans une compréhension renouvelée de notre existence, et les "artistes" qui ont le souci de "la beauté" doivent autant la chercher, la découvrir, la révéler dans la "Nature" que dans la part humaine de la vie.
"La leçon de piano" est une ode à la véritable intelligence humaine, devenue SENSIBILITE, et par là même un véritable entendement, par la capacité à entendre les "autres" – et c’est une femme sourde qui va le dire. Le centre de son monde est ce piano par lequel elle peut "communiquer", mais aussi entendre, car les sons partent du piano et lui reviennent, par écho, sous la forme de vibrations qu’elle ressent dans son corps – car son corps EST un piano, car NOTRE corps est un piano. Et c’est en raison même de ce que nous avons vraiment entendu depuis notre naissance qu’il est si nécessaire de ne pas laisser ni "le" monde, la Terre, ni le monde des hommes, dériver plus encore vers les catastrophes annoncées, rendues probables par les actions même de ceux qui prétendent en avoir conscience et vouloir s’y opposer.