Faits divers, Bruno Fichet « détourner les gens d’autres questions plus embarrassantes » – Yahoo! France Pour Elles

Fin août 2006 : le monde découvre avec effroi l’histoire de l’autrichienne Natasha Kampusch, dix ans après le choc provoqué par l’affaire Dutroux, et trois ans seulement après les macabres découvertes dans la propriété du tueur en série Michel Fourniret. La jeune femme, kidnappée en 1998 à l’âge de 10 ans, aura vécu en captivité aux côtés de son ravisseur jusqu’à son évasion huit ans plus tard… A la stupéfaction provoquée par cette annonce succède la curiosité : qui est Natasha Kampusch ? Qu’a t-elle réellement vécu pendant tout ce temps ? Toutes les théories font la une de la presse et des médias, et la personnalité énigmatique de l’autrichienne va donner matière aux pires spéculations. Certains iront jusqu’à prétendre qu’elle se serait entichée de Wolfgang Priklopil, son geôlier, et à évoquer le syndrome de Stockholm pour justifier son mutisme. De toute évidence, le drame ne se suffit plus en lui même, une hyper scénarisation de ce dernier semble indispensable : un film en préparation, un livre signé par la victime et publié en 2010 sous le titre « 3096 jours » aux éditions J-C Lattès, et le drame vécu par Natasha Kampusch devient « tolérable » sous l’angle de l’entertainment. Nombreuses sont les histoires qui ont fait la une depuis : « La disparue de Pornic » Laetïtia Perret, « La joggeuse disparue » Patricia Bouchon, ou plus récemment l’histoire d’Anne Caudal, enceinte de quatre mois et dont le corps calciné a été retrouvé en juillet dernier. Photos des lieux (voire pire), rebondissements du dossier, interviews des protagonistes de l’affaire, personne n’échappe aux détails les plus sordides au journal de 20 heures.

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Pour Bruno Fichet, sociologue, la faute est d’abord dans le camp des politiques et des médias : « On est en temps de crise. A l’approche d’une campagne présidentielle. Une population dans la crainte et l’insécurité est une population qu’on peut convaincre. Ces faits divers arrivent tous les jours, depuis la nuit des temps, et on n’en parle pas forcément 365 jours par an. On en fait quelque chose de sensationnel pour occuper les esprits à un moment donné, détourner les gens d’autres questions plus embarrassantes de l’actualité, et puis ensuite on passe à autre chose. C’est triste à dire, mais ces victimes et ces tragédies sont instrumentalisées : on est au courant des détails, mais combien de personnes savent comment se sont réellement terminées ces affaires ? Ils n’ont gardé en mémoire que l’aspect sensationnel… C’est de ça dont les gens ont besoin en ce moment ».

via fr.pourelles.yahoo.com

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